On ne peut évoquer le Béarn, sans parler des célèbres mousquetaires bien connus dans les romans de Dumas. Le texte est extrait d’un document de nos amis de la « Confrérie des Mousquetaires de Baretous » d’après un texte d’André Lassargue.
Nous commencerons par Henri d’Aramitz, apparenté à Jean Vincent d’Abbadie, baron de Saint Castin.
Il s’appelait Henri d’Aramitz. Mais il fut ni le Chevallier d’Herblay, ni l’évêque de Vannes, ni le duc d’Alaméda, ni le général des jésuites, ni l’étrange mousquetaire, hermaphrodite de soldat et d’ecclésiastique, qu’Alexandre Dumas a un mis en scène.
Henri d’Aramitz, simplement écuyer et quoique peut-être protestant, était pourtant abbé, mais seulement abbé laïque d’Aramits en Barétous. C’est-à-dire qu’il se bornait à recevoir les dîmes, sans rien n’avoir à faire avec le culte.
Carte postale d’Aramits sur laquelle on remarque l’abbaye, détruite aujourd’hui.
A la différence des autres mousquetaires béarnais, il était d’origine militaire noble. Son grand-père le capitaine huguenot Pierre d’Aramitz avait joué un rôle fort actif dans les guerres de religion qui sévirent dans le Béarn et la Soule à l’époque de Jeanne d’Albret. S’étant marié avec Louise de Saugis, fille de noble Louis de Tardets, écuyer et abbé laïque de Saugis en Soule, il eut trois enfants ; Phébus, Charles et Marie, qui devait devenir la mère de Tréville.
Charles, du fait que son aîné mourut en bas âge, devint le chef de famille à la mort de son père. Il entra aux mousquetaires dans la compagnie de son cousin Tréville. Il se maria avec Catherine de Rague, fille du capitaine Jean de Rague, écuyer, abbé laïque de Laruns et seigneur d’Espalungue. De cette union naquirent trois enfants : Henri et deux filles.
Henri d’Aramits, donc l’Aramitz de Courtilz de Sandras et de Dumas, entra à son tour aux mousquetaires en même temps qu’Athos et à l’époque où d’Artagnan arrivait à Paris c’est-à-dire en mai 1640. Avait-il préalablement servit comme cadets aux Gardes ? C’est probable si l’on se réfère à la durée de ses services militaires. A ce moment là, Charles d’Aramitz, le père d’Henri était lui-même maréchal des logis de la compagnie des Mousquetaires. Ainsi, auprès de son cousin Tréville et de son père Charles, Henri d’Aramitz se trouvait vraiment chez lui aux mousquetaires.
Hélas ! de ses campagnes on ne sait rien sauf, « qu’il servit pendant une quinzaine d’années dans les troupes du Roi ». Que devint-t-il après la dissolution de la compagnie des mousquetaires en 1646 ? On l’ignore.
Le 16 février 1650, probablement vers la fin de son service, il se maria avec demoiselle de Béarn Bonasse et dut rentrer en Béarn. D’où, sa relation de cousinage avec Jean-Vincent d’Abbadie, Baron de Saint Castin. De cette union naquirent quatre enfant, deux garçons Armand et Clément, et deux filles.
Le 22 avril 1654, « estant sur le point de faire un voyage à Paris, ne sachant les événements qui peuvent survenir, considérant que la mort certaine et l’heure icelle incertaine » il convoque à la maison d’Aramitz le notaire de Baretous et lui dicte son testament (commençant par la phase précitée) qui avantage sa femme et institut Armand son héritier universel ;
Il dut revenir à Paris car il assista, avec sa femme, à un mariage en février 1659.
Ensuite on perd sa trace et il disparaît des archives connues à ce jour.
Panneau situé sous le porche
Nous évoquerons Athos.
Le comte de La Fère, le père du vicomte de Bragelonne, le mari de Milady, le mousquetaire un peu olympien imaginé par Dumas, n’a été en réalité en la personne de Sillègue d’Athos d’Autebielle, que le mince cadet béarnais d’une famille de Sillègue gravitant autour de Sauveterre-de-Béarn.
Le premier des Sillègue, que l’on connaît est Tamonet, dit dans un acte, « seigneur de la maison de Sillègue » ce qui ne doit pas nous abuser. Il a eu pour fils Peyroton, marchand, qui sera l’arrière grand-père du mousquetaire
Eglise St Pierre à Athos:
Tamonet et Peyroton font des affaires en commun. En 1553, ils achetèrent la terre d’Autebielle, tout près de Sauveterre. En 1555, ils acquièrent les rentes et les revenus de la maison et salle de Cassaber et, en 1557, « leur maison, gentillesse et salle d’Athos, avec actions, fiefs, honneurs, justpatronat du rectorat ».
C’est Peyroton qui semble avoir été le véritable fondateur de la seigneurie de la famille puisque c’est lui en réalité, qui acquiert Athos et Autebielle, aussi sera-t-il qualifier de noble Peyroton de Sillègue, seigneur d’Athos, de la salle de Cassaber et d’Autebielle. Et, en 1797, il se verra même donné du « monseigneur ».
Jusque là, une fois le plus, les écus, non les armes, auront été les agents de cette ascension.
Illustration tirée des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, édition de 1849. De Agostini/Getty Images
Peyroton s’est marié deux fois. De son premier mariage il a eu un fils Bertrand, et du second mariage, trois enfants. Mais ces derniers ne nous intéressent pas ici.
Bertrand de Sillègue, seigneur d’Athos et de Autebielle (grand-père du mousquetaire) marié à noble Catherine de Monein a eu un fils, Adrien.
Cet Adrien de Sillègue seigneur d’Athos et d’Autebielle, épouse N. du Peyrer, marchand à Oloron
(donc de la famille de Tréville). De ce mariage naissent deux fils Jean et Armand.
C’est cet Armand de Sillègue et d’Autebielle qui devait être le mousquetaire universellement connu sous le nom d’Athos. Cadet, que pouvait-il faire, puisque à son ainé reviendraient les seigneuries d’Athos et d’Autebielle, sinon entrer dans l’armée ou dans les ordres ?
Neveu de Tréville à la mode de Bretagne, Bertrand de Sillèguea dû à cette qualité et probablement aussi à ses talents d’escrimeur d’être accepté dans la compagnie des mousquetaires en 1640, après un passage préalable dans les Gardes.
Hélas ! De lui ne devait se subsister que la seule mention suivante figurant au registre des décès de l’église de Saint-Sulpice à la date du 21 décembre 1643 « Convoy, service et enterrement du deffunct Armand Athos dautebielle mousquetaire de le garde du Roi, gentilhomme du Béarn, pris proche de la halle du Pré au Clercs »
Le Pré-aux-Clercs au bord de la Seine sur un plan de 1550.
L’église pouvait-elle dire, en ces temps d’interdiction des duels, qu’Athos avait péri dans un duel au Pré au Clerc, lieu ordinaire de ces rencontres et avait été ramassé sur le terrain ? Non, certes, ce n’est que trop clair. Et l’on imagine derrière le convoi, Tréville et les mousquetaires, peut-être d’Artagnan, sourcils froncés, ne pensant qu’à venger le disparu.
Ainsi, pour nous, tout ce qui est resté du véritable Athos, ce sont ces quelques lignes, c’est-à-dire d’un l’image d’un gisant abandonné sur l’herbe ensanglantée. Ce n’est que dans Dumas que l’épée d’Athos était perpétuellement invincible.
D’après « Sur les traces des Mousquetaires Béarnais ». Document de la Confrérie des Mousquetaires de Baretous.
Dans cette lettre, nous évoquerons Porthos. D’après « Sur les traces des Mousquetaires Béarnais ». Document de la Confrérie des Mousquetaires de Baretous.
En réalité il s’appelait Portau, Isaac de Portau ou Pourtau. Mais Courtilz de Sandras, suivi en cela par Dumas, a jugé que Porthos rimant avec Athos sonnait mieux que Portau, un peu court.
Ces Pourtau, d’après Jaurgain, étaient originaire de Gan près de Pau. Le père d’Isaac était secrétaire du Roi et des états de Navarre et notaire général du Béarn : un personnage important. Il acheta des seigneuries et se fit anoblir.
Il se maria en secondes noces avec Anne d’Arrac de Gan, fille d’un ministre protestant. Anne fut assistée par le lieutenant général du Roi en Béarn, Nompar de Caumont, seigneur de La Force, dont Isaac devait être l’homme de confiance.
Ceci semble indiquer que les Portau, patronnés par la Force, étaient de fervent protestants. De ce mariage naquirent trois enfants Jean, Isaac et Jeanne.
C’est le puiné, Isaac de Portau, né à Pau le 2 février 1617 qui devait être le Porthos légendaire. Cadet, comme Athos, il se dirigea vers l’armée. Comme ce dernier, il commença par entrer, en qualité de cadet-gentilhomme, dans les Gardes Françaises, compagnie des Essarts, le beau-frère de Tréville, ce qui est significatif. Il se trouvait donc dans cette compagnie lorsque d’Artagnan s’y rendra à son tour en 1640 et ils firent ainsi campagne ensemble jusqu’en 1643, date à laquelle Portau passa aux mousquetaires, donc l’année même de la mort d’Athos.
Le château de Porthos à Lanne-en-Barétous
(qui fait actuellement office de gîte)
Combien de temps y resta-t-il ? On ne le sait. Après cette date de 1643 on ignore à peu près tout de la carrière et de la vie d’Isaac de Portau, dont le frère Jean aurait été gouverneur de la place de Navarrenx. Il faut donc s’en remettent à la tradition qui lui attribue une gentilhommière de Lanne-en-Baretous, pour évoquer son souvenir.
Illustration de Porthos par Vivant Beaucé. Edition de 1849 par J.-B. Fellens et L.-P. Dufour. DeAgostini/Getty Images
Il n’y a donc rien ne commun entre le Portau de la réalité, le garde et le mousquetaire qui partagea à un moment donné la vie militaire de d’Artagnan et le Porthos de Dumas, le baron de Bracieux et de Pierrefonds, fort comme un éléphant, mais court d’esprit et naïvement vaniteux qui s’est vu prêter l’histoire du baudrier de Besmaux.
Le château de Fénelon, classé monument historique, est situé dans le département de la Dordogne, au centre d’un triangle formé par les villes de Sarlat, Souillac et Gourdon. Il se dresse sur les hauteurs d’un petit village, Sainte Mondane, d’où il domine les vallées de la Dordogne et de la Bouriane.
Ce château a été la demeure natale de François de Salignac de la Mothe-Fénelon qui devint archevêque de Cambrai, mais est beaucoup plus connu sous le nom d’écrivain Fénelon qui vécut sous le règne des Lumières de Louis XIV.
Fénelon est né au Château de Fénelon, dans une famille noble du Périgord, ancienne et appauvrie. Fils de Pons de Salignac, marquis de la Mothe-Fénelon, et de la seconde épouse de ce dernier, Louise de la Cropte. Plusieurs ancêtres de Fénelon avaient servi comme évêques de Sarlat. Comme il était cadet (son père ayant eu neuf enfants de sa première épouse, Isabeau d’Esparbes de Lussan), et trois de sa seconde, dont Fénelon, il fut destiné de bonne heure à une carrière ecclésiastique.
Jeune, il reçoit l’enseignement d’un tuteur au château
En 1667(16 ans), il est étudiant à l’Université de Cahors (fondée en 1331 et réunie à l’Université de Toulouse en 1751).
L’université de Cahors est une université française située à Cahors. Elle est fondée en 1331 sous la forme d’un Studium generale par une bulle pontificale de Jean XXII et dissoute en 1751 en fusionnant avec l’Université de Toulouse, sur décision du chancelier du roi, La Moignon. Elle comptait alors 1 600 étudiants. (Jacques Duèze, né en 1244 à Cahors, mort en 1334 en Avignon, issu d’une famille de la bourgeoisie aisée de Cahors, est élu pape en 1316, sous le nom de Jean XXII). Elle est composée alors des quatre facultés de théologie, droit, médecine, arts ou belles-lettres.
Après la mort de Clément V, le Sacré Collège s’installe à Carpentras, le 1er Mai 1314, pour élire un nouveau pape. Or, trois partis étaient en compétition : les Gascons au nombre de dix, les Italiens au nombre de sept, adversaires acharnés des Gascons, avec Napoléon Orsini, Nicolas Albertini de Porto, et des cardinaux Français d’origines diverses : trois Languedociens, un Quercinois et deux Normands complétaient le Sacré Collège. Les luttes de tendances entre Italiens, Gascons et Français furent telles que deux longs mois passèrent sans qu’ils parviennent à un accord pour trouver un successeur à Clément V. Il faudra attendre jusqu’au 7 août 1316.
En 1669, il est diplômé.
En 1671 (20 ans), Fénelon devient chanoine de la Cathédrale de Sarlat, nommé par son oncle Salignac, évêque de Sarlat.
En 1677, il est docteur en théologie.
En 1678, l’abbé François de Salignac de La Mothe Fénelon a été nommé supérieur des « Nouvelles Catholiques», institution dont la vocation est de « rééduquer » les jeunes filles protestantes converties au catholicisme. Cette première expérience pédagogique l’a amené à s’intéresser aux questions d’éducation. Il a traduit ses réflexions en 1684 dans un « Traité de l’éducation des filles », rédigé à l’intention du duc Paul de Beauvillier, dont il est le directeur de conscience et qui est père de neuf filles!
Ses relations avec Beauvillier et le duc Charles Honoré de Chevreuse, tous deux gendres du ministre Jean Baptiste Colbert et proches conseillers de Louis XIV, ont permis à Fénelon d’être introduit à la Cour et d’y gagner l’estime et l’amitié de la Marquise de Maintenon, l’épouse du roi et de son entourage du parti dévot. Le 16 août 1689, le duc de Beauvillier est nommé gouverneur du duc Louis de Bourgogne, fils du Grand Dauphin et petit-fils du Roi Soleil, tandis que l’abbé, soutenu par ses puissants protecteurs, devient précepteur du prince.
Le petit duc, alors âgé de sept ans, est un enfant capricieux et violent, qui, sous la houlette de ses nouveaux mentors, va devenir sérieux et religieux. Fénelon va s’occuper de son instructionpendant huit ans et des liens très forts vont se nouer entre eux. Pour son élève, l’abbé compose en 1694 une œuvre importante, « Les Aventures de Télémaque », roman d’inspiration mythologique sur l’éducation d’un jeune prince : « Dans ce roman à la fois pseudo-historique et utopique, il conduit le jeune Télémaque, fils d’Ulysse, flanqué de son précepteur Mentor (manifestement Fénelon) à travers différents États de l’Antiquité, qui la plupart du temps, par la faute des mauvais conseillers qui entourent les dirigeants, connaissent des problèmes semblables à ceux de la France des années 1690, plongée dans des guerres qui l’appauvrissent, problèmes qui cependant peuvent se résoudre (au moins dans le roman) grâce aux conseils de Mentor par le moyen d’une entente pacifique avec les voisins, de réformes économiques qui permettraient la croissance, et surtout de la promotion de l’agriculture et l’arrêt de la production d’objets de luxe »
« Comme le Télémaque est surtout un livre de morale politique, ce que l’auteur peint avec le plus de force, c’est l’ambition, cette maladie des rois qui fait mourir les peuples, l’ambition grande et généreuse dans Sésostris, l’ambition imprudente dans Idoménée, l’ambition tyrannique et misérable dans Pygmalion, l’ambition barbare, hypocrite et impie dans Adraste. »
Lorsqu’il se présenta à l’Académie, il n’avait composé qu’un ouvrage, « De l’Éducation des Filles », il fut élu le 7 mars 1693 en remplacement de Pellisson, et reçu par Bergeret le 31 mars 1693 (discours de réception. Dans « De l’Éducation des Filles », il écrit: « Dès qu’ils sont dans un âge avancé, où leur raison est toute développée, il faut que toutes les paroles qu’on leur dit servent à leur faire aimer la vérité, et à leur inspirer le mépris de toute dissimulation. (…) On leur enseigne la finesse qu’ils n’oublient jamais, il faut les mener par la raison autant qu’on peut»
Le 29 janvier 1635, le cardinal de Richelieu signe les lettres patentes qui fondent l’Académie française. Son nom vient du jardin Akademos, à Athènes, où Platon enseignait la philosophie. L’Académie française est issue d’un petit groupe d’érudits qui se réunissaient chaque semaine chez l’un d’eux, Valentin Conrart, secrétaire du roi Louis XIII. L’habile cardinal de Richelieu a l’idée de s’attacher ces gens de lettres et de les mettre au service de l’État et de la monarchie. Il invite les érudits à se constituer en corps officiel et leur accorde sa protection.
La nouvelle Académie se voue à la langue française. L’article 24 de ses statuts énonce : «La principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et la science…» (Hérodote.net)
Cependant, ses prises de position envers la doctrine mystique de Mme Guyon et la violente contreverse qui s’ensuivit avec Bossuet, dans ce qu’on appellera la « querelle du quiétisme », provoquèrent son exil de Versailles pour Cambrai.
La lettre au Roi Louis XIV (Elle daterait de la fin de 1693) :
« La personne, Sire, qui prend la liberté de vous écrire cette lettre n’a aucun intérêt en ce monde. Elle n’écrit ni par chagrin, ni par ambition, ni par envie de se mêler des grandes affaires. Elle vous aime sans être connue de vous, elle regarde Dieu en votre personne. Avec toute votre puissance vous ne pouvez lui donner aucun bien qu’elle désire, et il n’y a aucun mal qu’elle ne souffrît de bon cœur pour vous faire connaître les vérités nécessaires à votre salut. Si elle vous parle fortement, n’en soyez pas étonné, c’est que la vérité est libre et forte. Vous n’êtes guère accoutumé l’entendre. Les gens accoutumés à être flattés prennent aisément pour chagrin, pour âpreté et pour excès ce qui n’est que la vérité toute pure. C’est la trahir, que de ne vous la montrer pas dans toute son étendue. Dieu est témoin que la personne qui vous parle le fait avec un cœur plein de zèle, de respect, de fidélité, et d’attendrissement sur tout ce qui regarde votre véritable intérêt.
Vous êtes né, Sire, avec un cœur droit et équitable, mais ceux qui vous ont élevé ne vous ont donné pour science de gouverner que la défiance, la jalousie, l’éloignement de la vertu la crainte de tout mérite éclatant, goût des hommes souples et rampants, la hauteur, et l’attention à votre seul intérêt. »
Et cette vérité d’un monarque ayant concentré tous les pouvoirs ne tarde pas à apparaître dans toute sa cruauté : « Depuis environ trente ans, vos principaux ministres ont ébranlé et renversé toutes les anciennes maximes de l’Etat, pour faire monter jusqu’au comble votre autorité qui était devenue la leur parce qu’elle était dans leurs mains. On n’a plus parlé de l’Etat ni des règles ; on n’a parlé que du Roi et de son bon plaisir. On a poussé vos revenus et vos dépenses à l’infini. On vous a élevé jusqu’au ciel, pour avoir effacé, disait-on, la grandeur de tous vos prédécesseurs ensemble, c’est-à-dire pour avoir appauvri la France entière, afin d’introduire à la cour un luxe monstrueux et incurable. »
L’auteur, à plusieurs reprises, s’en prend donc à l’entourage du roi (dont il souligne au passage la « grossièreté d’esprit ») qui, pour lui complaire et en tirer les bénéfices, lui cache la vérité d’un pays exsangue et d’un peuple qui souffre ; il alerte en outre clairement le souverain sur la colère de ses sujets en un temps où les sondages d’opinion n’existaient pas : « Le peuple même (il faut tout dire), qui vous a tant aimé, qui a eu tant de confiance en vous, commence à perdre l’amitié, la confiance, et même le respect. » Le registre lexical se veut dramatique, alarmiste, puisqu’il est question de « sédition », de « désespoir », d’ « insolence des mutins », etc. Mais c’est envers le roi lui-même que les attaques se font les plus vives, y compris dans l’analyse de sa personnalité : «Vous êtes scrupuleux sur des bagatelles, et endurci sur des maux terribles. Vous n’aimez que votre gloire et votre commodité. Vous rapportez tout à vous, comme si vous étiez le Dieu de la terre, et que tout le reste n’eût été créé que pour vous être sacrifié. »
Nous ne sommes plus guère habitués, en ces temps tristement consensuels, au registre pamphlétaire. Cette lettre de Fénelon, ferme et vigoureuse, n’en a donc que davantage de portée. Si l’on en excepte certains aspects qu’elle aborde, tombés aujourd’hui en désuétude, sa valeur universelle, en matière de gouvernance, en fait un texte de référence. Une valeur si universelle que le lecteur ne pourra être accusé de mauvais esprit si, au tournant de plusieurs paragraphes, il y trouve des résonances étonnement contemporaines.
En 1695, il fut nommé archevêque de Cambrai. Le 1er août 1697, Fénelon reçoit l’ordre de se retirer dans son diocèse. La publication en 1699 de son chef-d’œuvre, Les Aventures de Télémaque, qui, sous couvert de roman, n’en dénonçait pas moins, il est vrai, certains travers du royaume dans lesquelles ses contemporains verront une critique de la monarchie absolue, achèvera sa disgrâce.
En 1699,il publie les « Aventures de Télémaque ». Marie-Thérèse Latzarus, première historienne du genre donne en 1924 à Fénelon un rôle de pionnier. « Pour la première fois au cours des âges, un enfant aura dans les mains avec les Fables, les Dialogues des morts et le Télémaque, des œuvres écrites pour lui dans sa langue et des œuvres qui se proposent de l’instruire en l’amusant »
En 1715, il fit un court voyage de visite épiscopale, « il versa dans un endroit dangereux, personne ne fut blessé, mais il vit tout le péril, et eut dans sa faible machine toute la commotion de cet accident. Il arriva incommodé à Cambrai, la fièvre survint, et les accidents tellement coup sur coup qu’il n’y eut plus de remède; mais sa tête fut toujours libre et saine ». Le médecin de Louis XIV (Chirac) constate une pneumonie. Le 7 janvier, il meurt à Cambrai. L’inhumation se fit le 8 janvier de manière très modeste.
La famille Fénelon
Jean de Salignac de la Mothe-Fénelon & Anne de Pellegrue
(1558-1588) (…-1598)
François de Salignac de la Mothe-Fénelon & Marie de Bonneval
Pons de Salignac & Isabeau d’Esparbes
François de Salignac….
(1641-…)
Puis Pons de Salignac & Louise de Cropte Chanterac
François-Arnaud
(6 aout 1651 à Ste Mondane – 7 janvier 1715 à Cambrai)
Le père de Fénelon se nomme de Salignac Pons, seigneur et marquis de la Mothe-Fénelon, vicomte de Saint-Julien de Lampon, baron de Loubert, seigneur de Mareuil, de Montagut, d’Arnac, etc… Il naquit en 1601. Il épousa en premières noces, par contrat passé à Aubeterre, le 20 février 1629, Isabeau d’Esparbès de Lussan, fille de François, vicomte d’Aubeterre, maréchal de France, et d’Hippolyte Bouchard d’Aubeterre. Isabeau décéda en 1645. De leur union naquirent : (d’après (Pierre Boulanger :- Manot en Charente Limousine).
1) François Pons.
2) Henri, né à Aubeterre et baptisé le 22 mars 1631. Il fut page du roi, et décéda jeune vers 1646, à Saint-Julien de Lampon, de noyade.
3) Léon, dit le baron de Manot, né le 20 jin 1632 à Aubeterre. Il fut page de la chambre du roi en 1646, et décéda jeune en 1649, à Saint-Germain en Laye.
4) Henri Joseph, seigneur de Meyrac. Il épousa Diane Machat de Pompadour, dame de Château-Bouchet en Limousin.
5) François, dit l’abbé de Fénelon, (voir pages suivantes) né en 1641 à Aubeterre. Il eut la vocation d’être missionnaire en Nouvelle France, et fut envoyé pour fonder une mission sur la lac Ontario. Il sera ordonné prêtre à la cathédrale de Québec. Il fut alors impliqué dans une histoire où il intercédait pour un homme devant le comte de Frontenac, gouverneur du Québec. A la fête de Pâques suivante, son sermon fut mal interprété, et le gouverneur se sentit visé. Il s’en suivit un procès qui les mena devant Louis XIV à Versailles. Raison d’état oblige, Frontenac ne fut blâmé pour son autoritarisme qu’en privé, mais à François, il fut interdit de revenir au Canada. Il décéda 4 ans plus tard, en 1679, âgé de 38 ans, à l’abbaye des Minimes d’Aubeterre et fut enseveli dans le tombeau de ses ancêtres dans cette commune.
6) Marie, née en 1634. Elle épousa par contrat du 23 février 1653 Henri de Beaumont, seigneur de Gibaut, d’Usseau, de Saint-Germain et de Juillac, en Saintonge, maréchal de camp.
7) N., qui décéda jeune. 8) Paule, religieuse aux bénédictines de Notre-Dame de Saintes.
9) Angèle Hippolyte, qui épousa le 17 février 1665 Jean de Beaulieu, seigneur de la Filolie (Condat sur Vézère), de Gaubert et de Paulin en Périgord. Elle décéda en 1733.
10) Louis, qui décéda jeune.
11) François, alias Jean François, baron de Fénelon. Il fit la guerre en Catalogne et participa à la lutte contre les Turcs. Il décéda à Charleville en 1674.
Pons épousa en secondes noces par contrat du Ier octobre 1647 Louise de La Cropte, fille de François, seigneur de Saint-Abre et de la Meynardie, et d’Antoinette Jousserand, dame de Beauséjour. (D’après le cardinal de Boisset, ce mariage se serait fait sur les Conseils de Saint-Vincent de Paul). De ce second mariage naquirent :
12) François Martial, né en 1648. Il mourut jeune à Paris le 2 novembre 1670 après avoir été séminariste à Saint-Sulpice.
13) François Armand, né ou baptisé le 6 août 1651 à Sainte-Mondane, au château de Fénelon. Il eut pour parrain son oncle François de SALIGNAC, évêque de Sarlat. Il eut comme surnom « Fénelon ». Après un séjour à l’université de Cahors, il se rendit à Paris, à 15 ans, sous la tutelle de son oncle, le marquis de Fénelon. Il entra à Saint-Sulpice, y fit sa théologie, et y reçut les ordres à 24 ans. En 1668, il était à Manot où il assista au mariage de sa nièce Anne Marie Louise avec David François de La Cropte. (Pierre Boulanger – Manot en Charente Limousine). Il fut envoyé en Saintonge et Poitou par Louis XIV, pour essayer d’y convertir les protestants, après la Révocation de l’Edit de Nantes (1685). En 1689, il fut nommé précepteur du duc de Bourgogne, Louis de France (1682-1712), petit-fils de Louis XIV. Il composa pour celui-ci plusieurs livres d’études, d’un caractère purement éducatif, comme par exemple : » Fables », « les dialogues des morts », et les fameuses « Aventures de Télémaque ». Il fut élu membre de l’Académie Française, nommé abbé de Saint-Valéry, puis archevêque de Cambrai le 4 février 1695. Il était aussi appelé « le cygne de Cambrai ». (Les Aventures de Télémaque, parurent en 1699 chez Barbin, sans nom d’auteur, par l’infidélité d’un copiste. Cette publication, survenue peu après la condamnation des « Maximes des Saints », rendit irrévocable l’exil de Fénelon à Cambrai. Bossuet déclara l’ouvrage « peu sérieux et peu digne d’un prêtre ». Le roi crut y voir une satire de son règne et de son gouvernement. Le livre, supprimé en France, parut en Hollande avec un vif succès. En 1717, le marquis de Fénelon, neveu de l’auteur, en donna la première édition française.) Il décéda à Cambrai le 7 janvier 1715.
14) Henri Joseph, (alias Joseph François), seigneur de Saint-Abre et de Beauséjour, dit le comte de Fénelon. Il épousa par contrat du 20 février 1694 Marie-Thérèse-Françoise de SALIGNAC, marquise de Magnac, sa cousine-germaine, veuve de Pierre de Montmorency-Laval, marquis de Laval-Lezay. Elle décéda en 1726. En 1706, il dotait de privilèges l’hôpital de Magnac-Laval. Il mourut à Paris le 2 mars 1735 à l’âge de 73 ans, sans postérité.
15) peut-être Louis, dit encore vivant en 1660. 16) peut-être Louise Pons de SALIGNAC décéda en 1663 et fut inhumé à Sarlat le 13 mars. Sa seconde épouse mourut le 4 juillet 1690. La date exacte de son décès est inconnue. Il eut des gros problèmes d’argent, si bien qu’il dut vendre en 1631, pour 8500 livres, une partie de la terre de Loubert, avec sa justice, à François de Barbarin, seigneur de Chambes.
Après ce rappel concernant François Fénelon, archevêque de Cambrai, il faut évoquer maintenant les personnages de ce que certains ont appelé une tragi-comédie en Nouvelle-France les protagonistes sont François Marie Perrot, gouverneur de Montréal, Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, René-Robert Cavelier de La Salle et l’abbé François de Salignac de la Mothe-Fénelon dont nous venons d’évoquer la famille.
Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau
Ci contre: le château de Palluau-Frontenac à Palluau-sur-Indre
Il fut gouverneur général de la Nouvelle France, une des figures les plus turbulentes et les plus influentes de l’histoire du Canada, surtout connu comme l’architecte de l’expansion française en Amérique du Nord et défenseur de la Nouvelle France contre les attaques de la confédération iroquoise et des colonies anglaises.
Né le 12 mai 1622 à St Germain-en-Laye. Fils d’Henry de Buade, comte de Frontenac et d’Anne Phélypaux de Pontchartrain, fille d’un secrétaire d’état, nièce d’un autre et ayant pour parrain Louis XIII.
Il avait au moins deux sœurs…Il fréquenta certainement le collège Saint Sulpice, un collège des Jésuites à Paris.
Quand il ne se trouvait pas aux armées (où il fut blessé au bras droit…), il demeurait à la cour du roi. Comme d’autres nobles de son rang, il était d’une grande prodigalité, mais aussi criblé de dettes.
En octobre 1648, il épouse Anne de la Grange (en secret!) qui était « dit-on » d’une grande beauté, mais surtout qui devait hériter d’une fortune considérable (~1000 000 $ actuel). La comtesse de Frontenac fut admise dans l’entourage de la Grande Mademoiselle. Mais celle-ci finit par soupçonner que Frontenac et sa femme intriguaient contre elle, et elle les renvoya de sa maison. Madame de Monpensier dit un jour de lui : « Frontenac louait tout ce qui étoit de lui (…), même la viande qu’il mangeoit, selon ses dires, avait un autre goût sur sa table que celle des autres (…) Pour bien faire sa cour auprès de lui, il fallait admirer des chevaux très médiocres qu’il avait. Enfin, il est comme cela sur tout ».
Après un séjour à Venise, durant trois ans, il est congédié….
Enfin, il est nommé au printemps 1672, gouverneur général de la Nouvelle France et le 28 juin 1672, il part de la Rochelle pour Québec.
Frontenac n’a pas voulu se rendre compte que, même si il était gouverneur général de la colonie, son autorité avait des limites bien nettes. Les instructions qu’il avait reçues du ministre lui prescrivaient de ne pas usurper les fonctions de l’intendant, du Conseil Souverain, ni celles des officiers des tribunaux de première instance.
La manière dont-il fit usage de ses pouvoirs ne tarda pas à le mettre en conflit avec le Conseil Souverain, le gouverneur de Montréal et plusieurs familles importantes de la colonie.
Le Conseil souverain de la Nouvelle-France (ou Conseil supérieur de Québec) est une institution établie par Louis XIV en avril 1663. Les trois principaux personnages à siéger au Conseil souverain sont le gouverneur, l’évêque et l’intendant. Ce dernier préside les délibérations. Tous les membres dépendent du Secrétaire d’État à la Marine de la France. Ceux-ci sont choisis parmi la noblesse française. Le Conseil souverain comprenait en plus neuf fonctionnaires, entièrement responsables de tous les sujets législatifs, exécutifs et judiciaires.
René-Robert Cavelier de La Salle
Frontenac était intimement associé à Cavalier de La Salle, à qui il procura toute l’aide possible en vue de la création d’un monopole de la traite dans la vaste région au sud des Grands Lacs. Cavelier de la Salle est né le 21 novembre 1643 à Rouen. Il étudia au collège des jésuites de sa ville, puis il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, où il va passer 9 années. Ensuite, il part à La Flêche, puis, il est professeur à Alençon, puis à Tours, puis à Blois jusqu’en 1666.
En 1666, il se fit relever de ses vœux pour « infirmités morales »
Il dispose de peu de ressources, mais comme il a grandi dans une ville tournée vers le Canada, il arrive dans la Colonie durant l’été 1667. Pendant plusieurs années, La Salle va découvrir la Nouvelle France. Il demeure aussi un personnage mystérieux et controversé. Un héros pour certains, un fou pour d’autres, il n’en reste pas moins qu’il mena une vie fascinante qui se terminera toutefois de façon dramatique.
Enfin, à l’automne 1673, La Salle revient à Montréal.
Il meurt le 19 mars 1687 près de Navasota, au sud-ouest de la colonie française de Louisiane, dans l’actuel État américain du Texas.
François Marie Perrot
Perrot est gouverneur de Montréal de 1669 à 1684 et de l’Acadie de 1684 à 1687. Il part une première fois de La Rochelle, mais son navire fait naufrage le 5 juillet 1669. En mai 1670, il repart, accompagné de Talon. Ses créanciers ne purent saisir ses biens, car il obtint du roi des lettres d’État qui le mettaient à l’abri de la confiscation pendant la durée de son service au Canada. En 1672, il obtient une concession seigneuriale d’une île situe sur le St Laurent. Il y établit un poste de traite et emploie des coureurs des bois pour devancer de la sorte les trafiquants de fourrure de Montréal.
En 1673, Frontenac établit au lac Ontario un poste de traite qui constituait une menace bien plus grave pour les commerçants deMontréal que les activités illégales de Perrot qui suscita un ressentiment bien plus considérable. Perrot et les gens de Montréal protestèrent avec énergie, et pendant quelques temps, ils furent unis dans leur opposition à l’égard de Frontenac.
Il fut nommé plus tard, gouverneur de l’Acadie de 1684 à 1687. En 1690, deux navires de pirates des colonies anglaises pénétraient dans le fleuve St Jean, près de Port Royal s’emparaient des vaisseaux français, en même temps que de Perrot. Persuadés qu’il avait caché de fortes sommes, les pirates le torturèrent pour le forcer à dévoiler sa cachette, sans qu’on sache s’ils y réussirent. Par la suite, un flibustier français le délivra puis le ramena à un port français. Il alla vivre à Paris et chercha sans succès à se faire nommer de nouveau gouverneur de l’Acadie. Il mourut le 20 octobre 1691, probablement des suites des tortures que lui avaient infligées les pirates anglais.
François de Salignac de la Mothe-Fénelon
Il est né à Aubeterre, en 1641, sa mère est Isabeau d’Esparbes de Lusan. En 1617, son grand-père, François d’Esparbes de Lusan et sa femme fondent le couvent des Minimes. (La chapelle des Minimes à Aubeterre ci-dessus). C’est aujourd’hui une maison de retraite (propriété privée) et seule la chapelle se visite. Il est le frère de l’illustre archevêque de Cambrai, qui était de 10 ans plus jeune que lui. A 24 ans, François renonça au monde et au brillant avenir que lui promettait la noblesse de sa naissance, et les alliances nombreuses et puissantes de sa maison. « Nous avons eu dans notre famille plusieurs gouverneurs de province, des chambellans des rois, des alliances avec les premières maisons de nos provinces… »Il entre au séminaire de St Sulpice le 23 octobre 1665. (Photo ci-dessus) Il ne tarde pas à s’enthousiasmer pour les missions au Canada.
« Le roi désirait que le supérieur de St Sulpice envoie à Montréal de nouveaux « ouvriers évangéliques ». Il n’en fallait pas plus à Fénelon, il quitte tout à coup le séminaire en 1667 pour préparer son voyage. Mais son oncle, évêque de Sarlat, se montre mécontent d’une résolution qui contrarie ses projets, et il se plaint au supérieur de St Sulpice. La réponse est « Sa résolution est d’une nature que je ne vois pas ce que je puis faire à présent, après ce que je lui ait dit avant son départ (…) mais son inclination et toujours aussi forte (…) » Quoiqu’il en soit, l’abbé François de Fénelon fut aussi inébranlable auprès de son oncle.
Il débarque le 21 juin 1667 à Québec en compagnie de l’abbé Trouvé.
Depuis quelques années, un certain nombre d’Iroquois (Tsonontouans par exemple) avait formé plusieurs villages, dont le plus connu est Kenté. Les Iroquois de Kenté avaient vu les « robes noires » dans leurs anciens villages, ils voulurent en avoir avec eux. « Ils n’étaient pas très pressés de se faire chrétiens, mais leurs vieillards avaient besoin d’être consolés, sans la robe noire, les enfants mourants ne pouvaient prendre la grande voie des âmes ». Aussi quand au mois de juin 1668, le chef vint à Montréal pour demander des missionnaires, les abbés Fénelon et Trouvé étaient tout prêts à partir, ils reçurent les instructions pour partir… avec toutes les règles de conduite…Munis de leurs instructions, les deux missionnaires s’embarquent le 2 octobre 1668. Le voyage, c’est : « manier l’aviron sur le fleuve, porter les fardeaux pour éviter les rapides, souffrir de la faim, courir le danger d’être massacré…voilà ce que à quoi l’on devait s’attendre en mettant le pied dans un canot d’écorce »
« On ne peut pas être reçu avec plus d’amitié que nous reçurent ces barbares, chacun fit ce qu’il put ».
En 1668, Claude Trouvé et François de Fénelon, prêtres sulpiciens de France, établissent cette mission pour servir les Indiens Iroquois sur la rive nord du lac Ontario.
Kenté, le village de Cayuga qui avait demandé les missionnaires, devint le centre de la mission. Fénelon établit une nouvelle mission à Kenté. « Considérant que cette mission avait été entreprise à la demande des Iroquois, on conclut qu’on avait des marques suffisantes de Dieu (…) On envoya donc à Kenté des travailleurs pour y défricher des terres, d’autres ouvriers pour y bâtir une ferme avec une grande maison, qu’on fournit de tous les instruments d’agriculture (…) On y fit transporter à grands frais des bestiaux pour la culture des terres, de la volaille et d’autres animaux »
Des bâtiments ont été érigés dans ce village, probablement situé dans la région de Consecon, et le bétail a été amené de Ville-Marie (Montréal).
L’année suivante, l’abbé Fénelon fait un voyage en France, mais on en ignore les motifs. Peut-être le décès de son père ? Mais l’évènement fut la rencontre qu’il dut faire avec Frontenac, chez le marquis de Fénelon, son oncle.
On retrouve trace de l’abbé Fénelon, en Nouvelle France, le 7 novembre 1669 lors du mariage du Capitaine Sidrac Dugué, sieur de Boisbriand, capitaine au fort de Senneville avec Marie Moyen. Parmi les invités, se trouvaient Fénelon et Jeanne Mance. (Jeanne Mance, née le 12 novembre 1606 à Langres (Haute-Marne) et morte le 18 juin 1673 à Montréal (Canada), est une pionnière de la Nouvelle-France. Elle est considérée comme cofondatrice de Montréal, où elle a fondé puis dirigé l’Hôtel-Dieu. Elle est reconnue comme Vénérable par l’Église catholique et fêtée le 18 juin.)
En 1670, Fénelon lançait l’idée de creuser un canal entre le Lac St Louis et la rivière Saint Jean.
« Ce passage me paroit assez aysé à racomoder en fesant un canal de cent cinquante pas dans l’endroit mesme où l’on faict le portage, qui est un terrain uni et à ce que je crois fort aysé à remuer. » C’est à l’endroit appelé les « rapides de Lachine », reconnut par Jacques Cartier dès 1535 qui de tout temps ont été un formidable obstacle à la navigation. Il faudra attendre le début du XIXème siècle pour que le rêve se réalise !
Lorsque Frontenac fut nommé gouverneur de la Nouvelle France en avril 1672 et il s’empressa, une fois installé à Québec, de donner à l’abbé Fénelon une marque de l’estime qu’il lui portait, en l’accueillant avec empressement.
A Montréal, on s’inquiétait de l’éducation des enfants indiens. On fit appel à Fénelon qui avait déjà l’expérience de la vie indienne. Il se fit concéder 3 îles sur le lac St Louis. Frontenac écrit à cette occasion : « Le grand zèle que le sieur abbé Fénelon a témoigné pour la propagation du christianisme dans ce pays et l’affection qu’il a fait paraître au service de sa majesté, nous obligent de chercher toutes sortes de moyens de les reconnaître et de le convier à continuer le zèle qu’il a eu jusqu’ici ».
En 1685 une transaction enregistrée devant notaire faisait état d’un échange de propriété entre le Séminaire de St-Sulpice et Agathe de St-Père sur l’Ile Dorval. Cette demoiselle recevait « une grande maison avec deux caves, une grange, deux étables, une cabane, un puits, des jardins, des poulaillers,…le tout enclos de pieux de cèdres… ». Finalement le 29 janvier 1691, Agathe de St-Père, maintenant mariée, vend le domaine de La Présentation à un nommé Jean-Baptiste Bouchard sieur Dorval. C’est ainsi qu’apparaît, pour la première fois dans l’histoire, le nom par la suite associé à la ville de Dorval.
Revenons à Montréal
Ville de confluents, Montréal était une ville de commerce. Sa position lui a valu de devenir peu à peu la capitale économique du Canada. A l’époque de Frontenac, après avoir été une place d’armes de la croisade contre les Iroquois, c’était surtout un poste de traite, c’était le point de contact des Français avec les populations autochtones et le centre des opérations des coureurs des bois. Perrot était ambitieux. En 1671, dans un document daté du 14 mars et enregistré le 17 novembre au greffe de Montréal, il est spécifié que Perrot commandait sous l’autorité du Roi et des seigneurs du lieu, dans toute l’étendue de l’île de Montréal. Il protégeait ouvertement les coureurs des bois et délivrait les «congés de traite »
Il est difficile d’évaluer l’importance de la fourrure dans le développement historique de la Nouvelle-France. En effet, c’est cette ressource qui a incité les Français à établir une présence permanente dans la vallée du Saint-Laurent au début du XVIIe siècle et à poursuivre par la suite leurs activités dans la région des Grands Lacs, les vallées du Mississippi, de l’Ohio et de l’Illinois, et le bassin hydrographique de la baie d’Hudson. Dans ces vastes étendues du continent nord-américain, les Français ont lancé une entreprise commerciale ambitieuse en vue de répondre à la demande européenne de fourrure. Cette entreprise – appelée la «traite des fourrures », terme dont la simplicité n’est qu’apparente – avait des dimensions économiques, sociales et politiques complexes, et a façonné l’expérience coloniale française de diverses manières. Même si sa valeur annuelle était dérisoire par rapport à celle de la pêche à la morue dans l’Atlantique Nord, la traite des fourrures était le moteur économique de la Nouvelle-France : elle finançait des initiatives d’exploration, d’évangélisation et de peuplement tout en assurant un revenu aux habitants et en permettant aux autorités, aux marchands et aux investisseurs de faire fortune. De plus, la traite des fourrures a influé sur la mobilité et le peuplement en Nouvelle-France, car elle exigeait une main-d’œuvre itinérante et des postes de traite intérieurs. Certains de ces postes – Québec, Detroit et Green Bay, entre autres – sont devenus les noyaux d’agglomérations permanentes.
Durant l’hiver 1672-1673, Frontenac n’avait rien su de Montréal, faute de communications. Mais dès le printemps, il avait pu s’assurer que le désordre des coureurs des bois était imputable à Perrot.
Monsieur Perrot trouvait là un moyen d’augmenter sa fortune. Si des habitants protestaient, il les jetait en prison. Vers la fin 1673, le mal commençait à devenir général !
Lorsque Frontenac arrive dans la colonie, après 71 jours de navigation, son navire manque de faire naufrage àl’entrée du fleuve Saint-Laurent et le nouveau gouverneur arrive à Québec le 7 septembre 1672. Son « esprit est infecté de préjugés contre les jésuites, l’évêque, le Séminaire de Québec, contre leurs partisans imaginaires ou véritables ».Il écrit à Colbert le 2 novembre 1672 :« Il n’y a qu’à porter ici une robe noire, pour se croire indépendant et n’être point obligé de reconnaître aucune juridiction séculière ».
Qui ne connaît les tirades de ce Gascon de La Hontan, autre contemporain sinon favori de Frontenac, contre un régime où « les gouvernements Politique, Civil, Ecclésiastique et Militaire, ne sont pour, ainsi dire, qu’une même chose », et où les « Gouverneurs Généraux les plus rusés ont soumis leur autorité à celle des Ecclésiastiques ». Ceux de ces gouverneurs « qui veulent profiter de l’occasion de s’avancer (…)», assure La Hontan, « entendent deux messes par jour et sont obligés de se confesser une fois en vingt-quatre heures ».
Le nouveau gouverneur se permet aussi de retenir le courrier des missionnaires, celui qui vient de France aussi bien que celui qui va du Canada en France.
Malgré tout, le 9 janvier 1673, Fénelon obtient une concession : « Sur ce fief était construite une maison de bois de 53 pieds de long, avec deux caves, l’une en maçonnerie et l’autre en bois, une cheminée aussi en maçonnerie, des cabanes, une grange et deux étables au bout, ensemble de 93 pieds de long, un poulailler, etc….»
Frontenac entreprit de remédier à cette situation concernant les coureurs des bois, mais il apporta à cette réforme, toutes les qualités et aussi tous les défauts de son caractère : il avait de la souplesse et de la soumission dans ses rapports avec la cour, mais pour ses « inférieurs », il leur faisait sentir son autorité et son despotisme.
Il fait bâtir un poste sur le lac Ontario en 1673, baptisé fort Frontenac par son associé René-Robert Cavelier de la Salle.
Il fit envoyer, sur ordre d’un juge, un sergent pour arrêter deux coureurs des bois logés chez un lieutenant de Perrot, Monsieur de Carion. La mission n’était pas facile à remplir. Le malheureux sergent fut insulté, maltraité et parait-il, jeté en prison.
Monsieur de Frontenac, apprenant l’outrage fait à la justice, envoya le lieutenant Bizard, lieutenant de ses gardes, arrêter de Carion. Perrot, en colère, va alors arrêter le lieutenant Bizard ainsi que son logeur, Monsieur Le Ber.
Monsieur de Frontenac comprit alors que pour le moment, la violence était inutile. Comptant sur l’amitié et le dévouement de l’abbé Fénelon, il lui envoie une lettre le priant de voir Perrot et de lui faire comprendre dans quelle position il s’est placé, et que le meilleur moyen de conjurer l’orage est de venir s’expliquer à Québec.
Perrot, cédant aux instances de Fénelon, sur sa qualité de parent avec Mme de Frontenac et de l’intendant Talon, se met en route. Mais, à peine est-il arrivé à Québec, qu’il se voit arrêté, emprisonné au château Saint-Louis.
On crut alors, du moins à Montréal, que Perrot avait été victime d’un guet-apens. Fénelon fut profondément blessé du rôle qu’on lui avait fait jouer dans cette affaire, sa bonne foi avait été surprise. Fénelon ne craignit pas d’agir et de parler ouvertement en faveur de Perrot, comme pour réparer le tort qu’il lui avait involontairement causé.
Ses premières démarches furent auprès du comte, qu’il tâcha de fléchir, mais toutes ses instances furent inutiles.
Fénelon, pour rendre service à Madame Perrot, alla dans la plupart des maisons de l’île de Montréal, pour leur proposer de signer un certificat portant simplement qu’ils n’avaient aucun sujet de plainte contre son mari.
Toutes ces démarches déplurent fortement à Frontenac qui les regardait comme un défi porté à son autorité. Mais arrêtons-nous le jour de Pâques, le 25 mars 1674.
Fénelon monta en chaire.
Il prit pour texte, l’Évangile selon St Jean. Dans son discours, il rappela que « le magistrat (…) avait autant d’exactitude à punir les fautes commises contre le service du Prince, que de facilité à pardonner celles qui attaquaient sa propre personne (…), il n’opprimait pas, sous des prétextes spécieux, les personnes revêtues aussi de l’autorité, et servant le même Prince, s’opposaient à ses entreprises, (…) qu’il faisait servir son pouvoir à maintenir l’autorité du Monarque, et non à son propre avantage (…) ».
Ses remarques parurent des allusions blessantes, et les amis du pouvoir y virent une critique amère du gouverneur et de sa conduite arbitraire
Si n’importe quel autre prêtre avait tenu le même discours, personne n’aurait remarqué ce qu’il a dit, mais on savait que Fénelon avait pris le parti de Perrot. Ses paroles pouvaient donner lieu à des interprétations malveillantes, et il lui fallait de puissants motifs pour venir les jeter au milieu d’une assemblée où régnait déjà l’excitation.
Bien entendu, La Salle, avec la fougue de son caractère qui causa plus tard son malheur, ne manqua pas d’informer Frontenac. Il ne faut pas oublier que La Salle était tout dévoué au comte.
Frontenac demanda le texte du sermon à Fénelon, qui répondit qu’il n’était pas obligé de donner par écrit ce qu’il avait dit en présence de plus de 200 personnes.
Frontenac accusa Fénelon du crime de rébellion et de provocation à la sédition. Mais les lois défendaient aux magistrats et juges laïques de citer devant eux un prêtre en matière criminelle avant que son évêque l’eut jugé coupable. Dans le même temps, il faisait poursuivre avec vigueur les procès de Perrot, de De Carion et des coureurs des bois.
Mais le procès fut commencé et Fénelon fut assigné à comparaître devant le Conseil Supérieur. Deux fois, Fénelon récusa l’autorité du Conseil.
Enfin, Fénelon se décida à paraître devant le Conseil. Mais comme il en récusait la compétence, il ne voulut pas s’y montrer dans la posture d’un coupable, c’est à dire, debout et découvert. En entrant dans la salle, il s’avança vers la table, à l’extrémité de laquelle siégeait le gouverneur…Personne ne s’attendait à cet incident. Frontenac prit aussitôt la parole et lui dit qu’il devait rester debout pour entendre ce que le Conseil avait à lui demander. Fénelon, s’asseyant, lui répondit qu’il ne voulait pas déroger aux privilèges que les Rois donnaient aux Ecclésiastiques de parler assis et couverts. Frontenac lui répliqua que cette remarque ne s’adresse pas aux ecclésiastiques cités pour les crimes dont on les accuse. Fénelon enfonça alors son chapeau sur la tête et se mis à se promener dans la salle. Il considéra que Frontenac l’avait insulté en le qualifiant de criminel et il répliqua que son prétendu crime n’était que dans la tête du Gouverneur. (…)
Cet incident se passa le 21 aout 1674.
Le procès va se prolonger, Fénelon déclarant qu’il ne reconnaissait pas le Conseil pour juge, et que « ce que le Conseil a fait ou pourra faire est nul ».
Les procédures vont se multiplier sans que Frontenac pût en tirer avantage.
Le 23 aout, Fénelon se présenta au Conseil et y présenta cette fois sa protestation par écrit, et il protesta contre l’incompétence des juges.
Il fut interdit à Fénelon de sortir de son lieu de résidence, mais toutes les ordonnances seront signées par le seul Frontenac.
Les Prêtres du Séminaire déclarèrent que sans M. La Salle qui était le moteur de tous ces démêlés, et que sans lui, personne n’aurait fait de remarque sur le serment prêché et qu’il n’y avait rien de blâmable dans ce discours …
M. d’Urfé fut menacé de prison par Frontenac pour lui avoir porté une lettre concernant Fénelon, et fit arrêter les deux personnes qui l’accompagnait….
En septembre, le Conseil comprit enfin qu’en cédant aveuglément à tous les désirs de Frontenac, il s’était laissé engagé dans une procédure irrégulière et chercha le moyen de s’en sortir. Par arrêts du Conseil rendus le 3 et 6 septembre, il est demandé de renvoyer l’affaire au Roi. Frontenac eut le déplaisir de voir les conseillers se refuser à être plus longtemps les instruments de sa vengeance.
Mais en octobre, Perrot demande toujours que son procès soit envoyé à la Cour.
En novembre, Frontenac se vit dans l’obligation de renvoyer en France Perrot et Fénelon, ce qu’il fit à son grand déplaisir. Il écrivit : « Je fais repasser M. Perrot en France, avec M. l’abbé de Fénelon, afin que vous jugiez de leur conduite »
Pour terminer cette histoire, il faut attendre avril 1675 et les réponses du Roi.
Pour Fénelon, il écrit : « J’ai blasmé l’action de l’abbé de Fénelon, et luy ay ordonné de ne plus retourner au Canada. Mais je doibs vous dire qu’il estait difficile d’instruire une procédure criminelle contre luy, n’y d’obliger un prestre du Séminaire de Saint-Sulpice de déposer contre luy. Il fallait le remettre en les mains de son évêque ou du grand vicaire pour le punir par les peines ecclésiastiques, ou l’arrester et le faire repasser ensuite en France par le premier vaisseau »
Quant à Perrot, le Roi écrivit à Frontenac: « Après avoir laissé quelques jours le sieur Perrot à la Bastille, je le renverrai dans son gouvernement, & lui ordonnerai auparavant de vous voir & de vous faire ses excuses de tout ce qui s’eft passé »
Colbert écrira en mai 1675 : « Sa majefté m’ordonne de vous dire que vous avez en cela passé les bornes du pouvoir qu’elle vous a donné … »
Rentré en France, l’abbé de Fénelon paraît s’être renfermé dans une grande solitude. Nous le perdons complètement de vue à partir de ce moment, sans pouvoir dire s’il se retira dans la communauté de St Sulpice ou chez son oncle, l’évêque de Sarlat. Il vécut complètement ignoré. Il disparaît de la scène du monde précisément au moment où son jeune frère commençait à y briller.
Sources :
Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours par François-Xavier Garneau
Cours d’histoire du Canada (tome 2, 1882) par Abbé J-B-A Ferland
Histoire de la Colonie Française en Canada (tome III, 1866) par Faillon
Histoire du Canada par M. de Belmont
Les deux abbés de Fénelon (1898), par l’Abbé H.A. Veneau
Frontenac et l’abbé Fénelon : une tragi-comédie judiciaire, par Lionel Groulx, Revue d’Histoire de l’Amérique Française, volume 12 – n°3 – 1958
Le Comte de Frontenac, (Paris – 1895) par Henri Lorin
Vie de de Fénelon, par le Cardinal de Bausset, 1817
Salignac De La Mothe-Fénelon, François De, Dictionnaire biographique du Canada, Olivier Maurault, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003
Buade, Louis de, comte de Frontenac et de Palluau, Dictionnaire biographique du Canada, par W.J.Eccles,
Cavelier De La Salle, René-Robert, Dictionnaire biographique du Canada, par Céline Dupré
Perrot, François-Marie, Dictionnaire biographique du Canada, par W.J.Eccles
Le séminaire de Québec sous l’épiscopat de Mgr de Laval par Noël Baillargeon, Presse de l’Université de Laval, 1972
Count Frontenac and New France Under Louis XIV par Francis Parkman
Fénelon et son double, Exposition, BNU & Université de Strasbourg, 2015
Château de Fénelon – 24370 Sainte-Mondane
Association » Recherche de Fénelon »
BAnQ Québec, Fonds Conseil Souverain, Jugements et délibérations
Les Jésuites et la Nouvelle France, tomes II&III, 1895,par C. de Rochemonteix
Histoire populaire du Québec: Des origines à 1791, par Jacques Lacoursière
Iroquoisie : 1666-1687 par Léo Paul Desrosiers
La seigneurie de la Compagnie des Indes occidentales, 1663-1674, par Marcel Trudel
Site familial Chanterac.com
Archives de la marine, Paris
Archives du Séminaire de Saint-Sulpice, Paris
Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal, Correspondance générale
Les Prêtres de Saint-Sulpice au Canada: grandes figures de leur histoire, Université de Laval
Les réseaux d’influence à Montréal au XVIIe siècle: structure et exercice du pouvoir en milieu colonial, (Thèse, Université de Montréal, 2008) par Léon Robichaud, Département d’histoire.
Habitants et marchands de Montréal au XVIIe siècle, (Paris, Plon, 1974), par Louise Dechêne.
The Chronicles of Canada : Volume II- The Rise of the New France par George M.Wrong.
Pierre Boulanger – Manot en Charente Limousine
Bulletin d’Histoire Locale et de Marcophilie – Société d’Histoire Postale du Québec (2010)
François de Salignac-Fénelon, sulpicien : Son Mémoire sur le Canada [1670] par Armand Yon D. PH. – Les Cahiers des dix – 1970
Les écrivains célèbres de la France, ou Histoire de la littérature française depuis l’origine de la langue jusqu’au XIXe siècle (7e éd.) par Daniel Bonnefon – 1895, Paris, Librairie Fischbacher.
François de Salignac Fénelon, prêtre – Le Canadien – 1641-1679 par Marcelle Lachance
Une remarque :
Le nom de La Mothe-Fénelon n’est pas inconnu en Béarn. En 1568, une révolte se déclare en Béarn. Le roi Charles IX envoie Bertrand de La Mothe-Fénelon auprès de Jeanne d’Albret. Il écrit : « J’envoie La Mothe vers vous pour vous prier de regarder à remédier avecques la douceur que le mal de croisse et croire en cela mon conseil et le dict la Mothe de ce qu’il vous dira de ma part tout ainsi que vous feriés » (signé votre bon nepveu Charles). A sa demande, la princesse consent à pardonner au peuple, mais pas aux seigneurs qui avaient participé à la révolte.
Quelques mois plus tard, Jeanne, réfugiée à Nérac, fait alliance avec les protestants. La Mothe-Fénelon est envoyé de nouveau auprès d’elle, mais cette fois, sa mission reste sans résultat. Bertrand de la Mothe Fénelon sera par la suite ambassadeur auprès de la reine Elisabeth Ire d’Angleterre de 1568 à 1575.
Sa correspondance concernant son séjour et ses activités en Angleterre sera publiée en 1599.
Permit à la France d’aller fonder la Nouvelle France.
Ce traité de paix négocié dès le début de l’année 1598, puis signé le 2 mai à Vervins, mettait fin à de longues années de conflits avec l’Espagne. Les négociations, présidées par Alexandre de Médicis, légat du pape Clément VIII, furent longues et difficiles. Aussi important qu’il fut pour faire cesser ces guerres entre les deux pays, les descendants de la Nouvelle-France, ne doivent pas occulter son grand intérêt.
Des accords entre Philippe II d’Espagne et Henri IV dénommés « clause secrète », mais appelés aussi « ligne d’amitié » eurent lieu au moment des négociations de ce traité. Elles leur permirent de s’entendre sur une réelle « ligne d’amitié dissipant les voies de faits de la part des Espagnols contre les activités des Français » permettant à la France de pouvoir établir officiellement des colonies en Amérique septentrionale et ainsi de fonder la Nouvelle-France, en commençant par Port Royal, en Acadie.
Les Espagnols renonçaient en faveur des Français à leur monopole accordé par le pape « les particuliers français pourraient désormais agir à leurs risques et périls sans que la paix ne fût troublée entre les deux nations » Cette entente entre les deux couronnes française et espagnole modifia les célèbres arrêts du pape Alexandre VI – Rodrigo Borgia – lors du traité de Tordesillas le 7 juin 1494, signé presque cent ans auparavant, peu après la découverte de Christophe Colomb, contredisant formellement la Bulle papale Inter Caetera qui en 1493 avait précédée Tordesillas.
Tout avait commencé entre Ferdinand d’Aragon, Isabelle de Castille et Jean II du Portugal. Ces deux pays ayant envoyé la majorité des explorateurs au cours du 15ème siècle, ils comptèrent sur le pape, chef de l’Église catholique romaine, pour légitimer leurs revendications à mesure que leurs recherches prenaient de l’expansion. Lorsqu’ils avaient appris qu’il y avait des terres de l’autre côté de l’Atlantique les Européens avaient compris qu’il s’agissait des vastes continents de l’Amérique du Nord et du Sud, des conflits avaient émergé pour savoir qui avait des droits sur ces territoires.
Il y eut alors deux Bulles du Pape, importantes : Aeterni regis en 1481 dont les avancées avaient donné au Portugal tous les territoires d’Afrique à condition de les évangéliser, et les îles Canaries aux Castillais d’Espagne puis, en 1493, peu après les découvertes de Christophe Colomb faites sur des navires espagnols, la Bulle Inter Caetera donnant cette fois des avantages plus conséquents à l’Espagne en déplaçant le méridien précédemment tracé, pour donner à ce pays un contrôle en Asie, tout en permettant aux Portugais de prendre de l’expansion au Brésil.
« Le doigt du Pontife traçait une ligne sur le globe terrestre et les deux nations la prenaient pour une limite sacrée » Ce Pape Alexandre VI avait ainsi partagé le monde en deux, en faveur des Espagnols et des Portugais, à partir d’une ligne joignant les deux pôles, située à cent lieues à l’ouest des Açores. Tout ce qui était à l’Ouest appartiendrait désormais au roi d’Espagne, tout ce qui était à l’Est au souverain du Portugal.
Le Trait de Tordesillas
Il y eut néanmoins de nouvelles discussions. Elles ne cessèrent qu’avec le traité de Tordesillas le 7 juin 1494. Ce traité reprenait la Bulle Inter caetera mais faisait officiellement de l’Atlantique Sud une mer portugaise, assurant à ce pays le contrôle de la route du Cap et la libre navigation vers les terres de l’Ouest, notamment le Brésil puisqu’en 1500 Pedro Alvarez Cabral le découvrira, et il deviendra de facto Portugais.
C’est ainsi que les rois du Portugal et d’Espagne, avec l’aval du pape au Traité de Tordesillas, s’étaient partagés le monde, alors le Roi de France François Ier, aura cette phrase, restée célèbre, adressée à Juan II du Portugal, au moment des rivalités entre les Habsbourg de Madrid : “ Le soleil brille pour moi comme pour tous les autres. Puisque vous et le roi d’Espagne avaient décidé de vous partager le monde, je vous serais très obligé de me communiquer la copie du testament de notre père Adam, qui vous institue seuls légataires universels et m’exclut ainsi de ce partage ! ” Mais à cette époque où il n’était pas de mise de se faire excommunier par le Pape, François Ier dut agir avec diplomatie avec ce dernier.
L’entente de Vervins entre l’Espagne et la France changea bien des choses.
Les Français pourront dès lors traverser officiellement l’Atlantique « sans molestation » ils auront désormais la possibilité de s’installer en vertu de cette « ligne d’amitié » tracée du Nord du Tropique du Cancer, et à l’Est du méridien de l’île de Fer (Hierro) la plus méridionale et occidentale des îles Canaries et jusqu’en Amérique.
Henri IV
Henri IV put donner à partir de là une véritable impulsion aux expéditions de l’autre côté des mers, contrairement à François Ier qui n’avait pu agir librement, étant obligé de montrer une grande réserve, et de tenir compte de la décision du Pape, tandis que l’Espagne et le Portugal grâce à l’appui de ce dernier avaient depuis longtemps fait de grandes avancées maritimes, ayant même déjà édifié leur empire. La France ne pourra donc se lancer que fort tard, à cause de ces décisions papales arbitraires, elle arrivera de ce fait en dernier dans les parages, n’ayant pas pu avoir jusque-là de véritable politique maritime. Seuls des particuliers français avaient pu parcourir les mers, il y avait bien eu en 1504 un capitaine de Honfleur qui était parti pour les Indes (les vraies !) par le cap de Bonne Espérance. Cependant surpris par une terrible et importante tempête, au sud de l’Afrique, il fut obligé d’y rester quelques mois, et en définitive, son expédition tombera à l’eau, si l’on peut dire ! On avait bien assisté à d’autres tentatives, ainsi l’amiral de Coligny avait formé son grand projet d’installer des Huguenots en Floride et au Brésil mais ces expéditions avaient mécontenté successivement les Portugais au Brésil et les Espagnols en Floride, des affrontements avaient eu lieu, cela en était resté là !
François Ier après avoir exprimé son mécontentement de la décision papale avait malgré tout envoyé Jean de Verrazano remonter les côtes Est de l’Amérique, de même il y avait eu les explorations suivies de tentatives d’implantation de Jacques Cartier, elles se sont terminées avec celle de Roberval qui lui n’avait fait que passer !
Henri IV avait compris que les expéditions isolées des navigateurs ne pourraient jamais rien donner, à part quelques avantages à ceux qui les entreprendraient, il fallait que la Couronne française dirige le mouvement, coordonne les efforts, apporte son appui aux commerçants en facilitant l’émigration et colonise elle-même. C’est pourquoi à partir de Vervins qui lui donnait enfin la liberté officielle de le faire, Henri IV engagea la France dans une véritable politique d’expansion, s’employant dès lors, tout comme la Hollande ou l’Angleterre à s’appuyer pour cela sur des compagnies de commerce.
Mais que s’était-il passé pour que le roi d’Espagne Philippe II accepte si facilement la demande d’Henri IV, pendant les négociations du traité de paix de Vervins?
Durant les guerres de religion la Ligue catholique défendait la religion, rejetant l’attribution de places de sûreté aux protestants ce qui avait entraîné la révolte de certains catholiques comme jacques d’Humières gouverneur de Peronne. Ayant refusé de remettre les clefs de la ville aux protestants toute la Picardie s’était aussitôt ralliée, suivie par d’autres régions. Les succès de la Ligue devenaient un réel danger pour la monarchie.
Depuis 1582 le roi d’Espagne Philippe II apportait son soutien financier à cette Ligue, dans le but d’affaiblir le roi de France Henri III, son rival sur le plan européen. Ces guerres de religion françaises arrangeaient particulièrement les Espagnols qui en avaient profité les années précédentes pour agir au Nord des Pyrénées.
En 1584 au décès de son frère, François, duc d’Anjou, Henri III n’ayant plus d’héritier, reconnaît son cousin et beau-frère Henri de Navarre comme son successeur sur le trône de France. Ce dernier fils d’Antoine de Bourbon, chef de la maison des Bourbons, est un descendant de Louis IX, mais la protestation des catholiques est d’autant plus virulente qu’il est protestant. La huitième guerre de religion en 1585 trouble à nouveau le pays. La bataille de Coutras en octobre 1587 se termine par une grande défaite de la ligue devant Henri de Navarre et les protestants, plus de deux mille catholiques périrent ainsi que le duc de Joyeuse. Rien ne s’arrange, bien au contraire, les membres les plus extrêmes font régner la terreur sur Paris, c’est pourquoi le roi se voit dans l’obligation de faire exécuter le duc Henri de Guise chef de la Ligue, ainsi que d’autres ligueurs comme le prince de Joinville en 1588. Le duc Charles de Mayenne, propre frère d’Henri de Guise, prend la tête de la Ligue, toutes les régions tenues par la ligue se soulèvent contre le roi, et Henri III est finalement assassiné par jacques Clément, membre de cette ligue le 1er août 1589.
Au milieu de ce trouble, Henri IV arrivé sur le trône après l’assassinat de son beau-frère et cousin Henri III essaie de s’imposer. Il doit pour cela s’employer à faire une longue reconquête des catholiques Français qui ne le reconnaissent pas pour roi. Il abjure alors sa foi, en juillet 1593 espérant apaiser les choses, puis après son couronnement à Chartres le 27 février 1594, il entre à Paris. Pourtant de son côté l’Espagne continue à soutenir la ligue catholique en envoyant ses troupes espagnoles, les tercio, des fantassins professionnels très entraînés.
Henri IV excédé déclare la guerre à l’Espagne, le 17 janvier 1595, le royaume est exsangue et épuisé par ces interminables guerres civiles qui durent depuis une génération ! Cela semble donc bien périlleux, mais démontre une extraordinaire habileté politique, en effet en déclarant ainsi la guerre à l’Espagne, Henri IV va réussir à rassembler des Français déchirés contre un ennemi commun, et les ligueurs non ralliés passeront pour des traîtres à leur pays. C’est également d’une grande audace parce qu’il va falloir affronter ces fameuses formations d’infanterie espagnoles, les tercios, elles ont fait preuve, bien des fois, de leur efficacité sur les champs de batailles européens, elles constituent un danger réel pour leurs adversaires. Les premières opérations militaires débutent bien pour les Français, malgré l’infériorité des troupes, Henri IV fait preuve d’une grande témérité en se portant aux avant-postes, pour fondre sur l’avant-garde espagnole, trop bien renforcée par les troupes ligueuses. Après bien des luttes, une victoire française a lieu à Fontaine française, le 5 juin 1595. Cette victoire marque le début de la fin pour cette Ligue, en effet on assiste à la soumission au roi de Charles de Mayenne, ce qui déroute la grande majorité des ligueurs, même si certains parmi les plus fanatiques continueront encore à faire de la résistance, en passant aux Pays Bas Espagnols ! Après Henri de Turenne qui gagne à Ham, puis l’entrée triomphale d’Henri IV à Lyon en septembre 1595, les années 96 voient un sursaut des Espagnols avec la prise de Cambrai, suivie de celle de Calais, mais cela s’aggrave en mars 1597, lorsque les Espagnols déguisés en marchands de noix prennent Amiens, grande cité picarde. Amiens étant la place défensive de Paris, Henri IV part immédiatement avec Maximilien de Béthune, futur duc de Sully, pour reprendre Amiens, les Espagnols surpris de cette arrivée si rapide des troupes françaises s’enferment dans la ville…. le siège durera six mois, mais enfin le gouverneur espagnol capitulera en septembre 1597.
Cette victoire décisive va permettre de contraindre le roi l’Espagne à la paix, d’autant plus que l’Espagne est à bout de souffle, elle subit des difficultés financières, sociales et économiques importantes, et toute sa flotte vient d’être incendiée dans le port même de Cadix, par les Anglais au mois d’avril 1587 !
La Paix de Vervins permet à Henri IV de mettre fin aux guerres civiles qui ruinent le royaume après quarante ans d’affrontements plus ou moins directs avec l’Espagne. Cela fut ressenti comme un véritable soulagement dans tout le royaume ! En position de force, il peut exiger de l’Espagne la restitution de certaines villes du Nord, mais aussi amener Philippe II à cet accord inespéré, celui de partager son monopole octroyé par le Pape, donnant ainsi officiellement le droit à la France de traverser les mers, et d’envoyer des colons sur les «Neuves-Terres». Désireux de poursuivre en Amérique la politique expansionniste de François Ier, Henri IV va être, désormais, à l’abri de toute contestation. Un alinéa discret est ajouté au traité.
La Nouvelle France va bientôt voir le jour …
*Marc Lescarbot originaire de Vervins, où il était né en 1570 avait apporté une modeste contribution en tant qu’avocat aux négociations, en écrivant un discours ainsi qu’un poème. Il suivra plus tard Samuel de Champlain à Port Royal et participera à l’Ordre de Bon Temps pour distraire le petit groupe de Français à Port Royal, au cours de l’hiver 1606-1607, terriblement glacial.
Marie-Hélène Morot-Sir est auteure de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ;Le lys, la rose et la feuille d’érable ;Au coeur de la Nouvelle France – …
Une semaine après que deux filles à Salem aient commencé
à avoir des crises étranges, le massacre de la Chandeleur a effacé le village d’York dans le district de
Maine.
C’était la nuit enneigée du 24 janvier 1692. Le chef Madockawando (le beau-père du Baron de Saint Castin) et le Père Louis-Pierre Thury ont mené environ 150 à 200 abénakis dans la ville de York (Alors dans le district du Maine). Ils ont attendu l’aube. Ils ont tué ou capturé environ 150 personnes et ont brûlé presque toutes leurs maisons.
Ce massacre de la Chandeleur a eu lieu au milieu de la guerre du roi
Guillaume, l’une des guerres française et indienne qui s’est déroulée de façon
intermittente en Amérique du Nord de 1689 à 1763 contre les anglais.
Le massacre aurait eu un impact sur les procès en sorcellerie de Salem et également sur le guerre connue sous le nom de « guerre de père
Rale ».
Le révérend George Burroughs, a décrit le massacre de la chandeleur qui d’après lui annonçait les épreuves de sorcellerie de Salem:
Le gouverneur Edmund Andros en 1686 a ordonné un raid sur la maison du baron Saint-Castin , installé à Pentagouet (aujourd’hui Castine) dans le Maine. Saint-Castin a riposté en détruisant le fort anglais à Pemaquid en 1689.
En 1692, Madocawando, sachem dans la bande de Penobscot de Wabanakis, a mené le massacre de « Candlemas ». Il était connu pour son courage, sa haine contre les Anglais
Le massacre de la Chandeleur n’était pas une surprise complète. Shubael Dummer, fondateur de la première église paroissiale de la congrégation de York, avait été invité à quitter le village en raison des troubles dangereux. Bien qu’incité de façon pressante de quitter sa place, quand les hostilités indiennes s’intensifièrent, il choisit plutôt par affection paternelle de rester parmi ses paroissiens.
Plaque marquant l’endroit où les assaillants ont quitté leurs raquettes
Le 24 janvier 1692, Madocawando et le missionnaire
français Louis Pierre Thury ont mené jusqu’à 300 Français et Abenakis en
raquettes du Canada à York. Avant l’aube, ils ont empilé leurs raquettes de
neige à côté d’une grande roche et se sont glissés dans la ville. (Une plaque
commémore cet évènement) Il faut se rappeler que le missionnaire L.P. Thury vivait
à Pentagouet (Castine, Maine), près de Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin,
où il demeura huit ans. Il acquit une grande influence sur les Abénaquis et
prit part à leurs expéditions. En 1689, il accompagna Saint-Castin dans le raid
qui détruisit Pemaquid, et en a laissé un récit détaillé. Mais revenons à York.
« Les habitants
étaient dans leurs maisons non gardées, ici et là éparpillés, silencieux et
sécurisé ». Prenant les maisons une par une, les guerriers ont tué les
habitants et le bétail, en ont capturé
d’autres et ont brûlé la plupart des bâtiments.
Shubael Dummer a été abattu devant sa propre porte
d’entrée en essayant de s’échapper sur son cheval. Les Indiens l’ont dépouillé
de ses vêtements et mutilé son corps. Sa femme Lydia et leur petit fils étaient
parmi les captifs forcés de marcher dans la neige jusqu’au Québec.
» Un sauvage plein de sang, délibérément, pour
ridiculiser le caractère ministériel de
M. Dummer, a mis ses vêtements, en présence des captifs » selon
l’historien William Williamson .
Quand les Indiens ont envahi la maison des Moulton,
Jeremiah de quatre ans se cachait sous le lit. Au milieu de cris et de rires,
ils ont enfoncé une hache dans la tête de sa mère, puis ont frappé son père.
Jeremiah regarda les Indiens scalper ses parents. Après leur départ, il resta
sous le lit jusqu’à ce que la maison prenne feu. Il a couru de la maison vers
un groupe d’hommes qui se sont révélés être des Indiens, qui l’ont attaché avec
les autres.
Le capitaine John Floyd avec un petit groupe de miliciens
s’est précipité au secours des habitants depuis Portsmouth, au nord-ouest. Ils
ont découvert environ 18 maisons brûlées, la prison et le fort étant restés
debout. Floyd et ses hommes ont enterré 48 personnes dans une fosse commune
avec un nombre non enregistré de petits enfants.
Les captifs ont été emmenés au Canada, où certains ont
été rachetés par le capitaine John Alden Jr., fils de John Alden et Priscilla
Mullins de la colonie de Plymouth . Lydia Dummer a été libérée, mais séparée de
son fils. Elle s’est rendue au Québec à trois reprises pour le retrouver, mais
elle n’a jamais vu ni entendu parler de lui.
Jeremiah Moulton réapparut pendant une autre guerre
française et indienne que l’on l’appelle
aussi la Guerre du père Rale , après que le père Sébastien Rale ait dirigé une
alliance d’Indiens Wabanaki du côté de la Nouvelle-France.
En 1724, Jeremiah Moulton a conduit 200 hommes à la
colonie Wabanaki de Norridgewock pour tuer le père Sebastian Rale et abattre
les Indiens. Les Anglais ont tué Rale et 80 Abenakis, dont deux douzaines de
femmes et d’enfants
Moulton revient à York et devient shérif. En 1719, il
reconstruisit la prison. Aujourd’hui, il reste le dernier bâtiment public connu
de l’ère coloniale.
Plus tard en 1692, John Alden et John Floyd ont été accusés de sorcellerie dans les épreuves de sorcellerie de Salem en raison de leur participation au massacre de la Chandeleur. Alden s’est échappé de la prison à New York. Floyd n’a jamais été exécuté, mais on ne sait pas pourquoi ?
L’année 2017, le 14 juillet va revêtir un aspect particulier, puisque le Président des Etats-Unis sera présent pour fêter les 100 ans de l’entrée en guerre des Etats-Unis durant la première guerre mondiale. Profitons-en pour évoquer «L’esprit de 76», en référence à la mort en 1776 de Nathan Hale.
Les Etats-Unis, qui avaient d’abord résolu de rester neutres, en 1914, sont entrés en guerre, le 6 avril 1917, aux côtés de l’Entente –France, Royaume-Uni, Russie –et de ses alliés –Belgique, Serbie, Japon, puis Italie, Roumanie, Portugal, Grèce et Chine. La « guerre sous-marine à outrance » décidée par les Allemands qui torpillent les navires commerciaux neutres et leurs intrigues au Mexique ont précipité les Américains dans l’autre camp.
Un américain va servir de symbole pour cette guerre. C’est Nathan Hale. Nathan Hale, né le 6 juin 1755 et mort le 22 septembre 1776, était un soldat de l’Armée continentale pendant la guerre d’indépendance des États-Unis.
Aujourd’hui, peu de personnes savent comment les images de Nathan Hale et de la Révolution américaine ont été relancées pendant l’ère de la Première Guerre mondiale.
Un monument en bronze de Nathan Hale se trouve sur le Vieux Campus de l’Université de Yale, à proximité de Connecticut Hall, où Hale a séjourné comme élève.
Les guides touristiques étudiants qui ont permis aux familles qui souhaitent visiter l’école s’arrêtent toujours à Hale. Ils s’arrêtent pour raconter l’histoire du jeune professeur/espion qui a été pendu par les Britanniques en 21776, seulement quelques mois après que Thomas Jefferson ait écrit la Déclaration d’Indépendance.
Hale était un puissant symbole d’héroïsme et de sacrifice pendant la Première Guerre mondiale. Il y en avait d’autres, mais pas aussi populaire que «l’Esprit de 76», un pastiche de sentiment codifié dans une peinture de 1876.
L’esprit de 76 par Archibald MacNeal Willard.
Plus significativement, l’Esprit de 76 est apparu dans une peinture à l’Exposition Centennale de Philadelphie en 1876, le centenaire de la fondation du pays. Archibald MacNeal Willard, un vétéran de la guerre civile a peint la toile après avoir vu un défilé patriotique.
L’Esprit de 76 a d’abord pris forme juste après la guerre révolutionnaire, lorsque les arguments sur la structure du nouveau gouvernement ont menacé la stabilité du nouveau pays. En regardant les jours débiles de 1775 et 1776, des patriotes comme Thomas Jefferson ont pris leurs stylos et se sont référés aux idéaux de «la vie, de la liberté et de la poursuite du bonheur».
Au lieu de disparaître avec la première génération de révolutionnaires, l’Esprit de 76 a été relancé encore et encore au cours du siècle suivant et au-delà .
Willard a peint plusieurs versions de l’Esprit de 76 (l’original se trouve dans Abbot Hall à Marblehead, Mass.). Son image du batteur, du flûtiste avec la tête bandée et du vieillard, battant au milieu d’une terrible bataille, a été reproduite d’innombrables façons depuis sa création.
Casque Brodie avec image de Paul Revere
Les Doughboys de la Division Yankee ont peint des insignes de Paul Revere’s Ride (Division Headquarters Troop) et le Bunker Hill Monument sur leurs casques. L’image est devenue un symbole de la division yankee dans son ensemble, car elle a été formée par des unités de la garde nationale de la Nouvelle-Angleterre.
La bataille de Seicheprey a été l’une des premières batailles pour les Américains sur le front de l’ouest, impliquant le 102e régiment (avec des membres principalement du Connecticut, du Vermont et du Massachusetts) de la division Yankee.
Il n’est pas surprenant que le Nathan Hale Monument ait été identifié comme significatif pendant la duréede la Première Guerre mondiale. Hale était jeune et inexpérimentée,comme les premiers «doughboys»sur le front, mais ses mots -« Je regrette seulement que je n’ai qu’une vie à perdre pour mon pays » -étaient l’essence même de l’Esprit de 76.
L’Esprit de76 au défilé en 1817 (ci dessous)
L’Esprit de 76 s’est éteint après la fin de la guerre, pour être relancé à nouveau pendant la Seconde Guerre mondiale et plus tard lors des célébrations du Bicentenaire du pays. Il y a l’histoire et le mythe, le symbolisme et l’esprit enveloppés dans l’Esprit de 76, quelque chose d’un peu plus profond que l’ oncle Sam , peut-être, cette autre image célèbre repris pendant la Première Guerre mondiale.
Ce texte est écrit d’’après un texte de Laura A. Macaluso, publié dans New England Historical Society.
Ce texte a déjà été publié dans la lettre n°90 du 1er juillet 2017
Lorsque
Champlain fonde Québec en Juillet 1608, Henri IV règne sur la France et sur la
Nouvelle France. Les deux hommes se connaissent bien. Après chacun de ses
voyages, l’explorateur rencontre son souverain et s’entretient longuement avec
lui. Plus tard, quand Louis XIII régnera, Champlain se souviendra avec
nostalgie du « Feu Roi Henri le Grand ». Il faut dire que l’intérêt de ce dernier pour l’Amérique
est bien antérieur à sa montée sur le trône en 1589, qu’il a été entretenu par
plusieurs de ses proches serviteurs et qu’il a grandement facilité les
fondations de l’Acadie et de Québec.
Un intérêt pour l’Amérique né de la guerre
de course
Jusqu’en
1589, Henri IV est appelé Henri de Navarre, car il est le fils d’Antoine de
Bourbon, descendant de saint Louis, et de Jeanne d’Albret, reine de Navarre. Sa
naissance et sa foi lui valent d’être à la tête des protestants français
engagés dans une lutte sanglante contre
leurs compatriotes catholiques depuis 1562. Ces guerres de religion, qui se
succèdent avec de courts répits, sont non seulement de terribles guerres
civiles, mais aussi des conflits
internationaux de grande envergure. Henri de Navarre est soutenu par
l’Angleterre anglicane et les États évangéliques d’Allemagne et tous cherchent
à affaiblir l’Espagne qui est à la tête du camp catholique en Europe.
Obligé
de s’intéresser très tôt aux problèmes français et européens, le futur Henri IV
manifeste, dès 1568, de l’intérêt pour les questions maritimes et coloniales.
Le jeune adolescent de quatorze ans se trouve alors dans le grand port
atlantique de La Rochelle en compagnie de sa mère et de l’amiral de France,
Gaspard de Coligny. Ensemble, en
septembre, ils créent « l’Armée de Mer » des huguenots, une flotte
chargée de défendre leur cause et de la financer, en s’emparant de navires
catholiques, quelle que soit la nationalité de ceux-ci, qu’il s’agisse de
galions ibériques chargés de métaux précieux du Nouveau Monde ou d’épices
d’Asie, ou de terre-neuvas basques ou bretons remplis de morues, d’huile de
baleine ou de fourrures.
Henri
de Navarre devient vite le chef incontesté de ces corsaires huguenots puisque
c’est lui qui signe leurs lettres de course en tant qu’amiral de Guyenne –
charge qu’il occupe depuis 1563 et qui place sous sa juridiction tout le
littoral atlantique français – et roi de Navarre, après la mort de Jeanne
d’Albret en 1572. Cela lui vaut
de
recevoir une partie des prises et de pouvoir s’entretenir fréquemment avec les
marins qui combattent en son nom. L’un des plus fameux est le normand Jacques
de Sores. Bien connu pour ces faits d’armes, surtout la prise de la Havane à la
tête de l’escadre huguenote à partir de
1569, en remplacement du sieur de la Tour.
L’ouverture maritime du
futur Henri IV doit aussi beaucoup à son plus proche conseiller à partir de
1576, Philippe Duplessis-Mornay. A l’occasion des ses séjours en Angleterre et
de ses rencontres avec des corsaires d’Elisabeth Ier, dont Francis Drake en
1577, celui-ci a acquis la capacité d’élargir sa réflexion à l’ensemble de la
planète. En témoigne son Discours au roi
Henri III sur les moyens de diminuer l’Espagnol. Il y écrit qu’en attaquant
l’empire colonial du roi d’Espagne Philippe II simultanément dans l’isthme de
Darien, en Méditerranée en s’emparant de
Majorque, et en direction des Indes orientales en rouvrant, grâce à l’alliance
du Turc et de Venise, la route de Suez pour faire affluer au moindre coût les épices d’Insulinde,
on pourrait bloquer les flux croissants d’hommes et de marchandises qui profitent
en toute exclusivité à l’hégémonie espagnole.
Grace à lui, Henri de Navarre comprend que la victoire sur l’Espagne ne
doit pas être obtenue seulement sur le continent européen, mais aussi
outre-mer.
Une fois devenu roi de France, à
partir du 2 août 1589 à la mort de son cousin Henri III, Henri IV manifeste
encore beaucoup d’intérêt pour les questions maritimes et coloniales. Comme ses
prédécesseurs de la dynastie des Valois, il conteste le traité de Tordesillas
de 1494 dans lequel l’Espagne et le Portugal se sont partagé l’Amérique. Aussi,
lors des négociations qui aboutiront à
la paix franco-espagnole de Vervins conclue le 2 mai 1598, réclame-t-il le
droit pour les Français de faire du commerce
dans les colonies ibériques, mais comme il se heurte au refus total de
Philippe II, il encourage en sous-main ses sujets à organiser des expéditions
de piraterie dans la mer des Caraïbes et
au large du Brésil.
Henri IV s’intéresse également à
Terre-Neuve, au golfe du Saint-Laurent et à l’Acadie, dont il connait
l’importance, pour l’économie française des richesses en morues et en
fourrures. Il sait que les corsaires anglais sont de plus en plus présents dans ces eaux en ces années 1590. Les prises
de morutiers français se multiplient et lorsque ceux-ci ne sont pas originaires
d’un port ligueur encore insoumis, leurs propriétaires se plaignent auprès de
son ambassadeur à Londres ou vont à la cour pour lui demander d’intervenir
personnellement. Il n’ignore pas que l’Angleterre
cherche à s’approprier les pêcheries terre-neuviennes. En 1597, une expédition
anglaise dirigée par Charles Leigh est lancée pour créer un établissement
permanent sur les îles de la Madeleine. Ayant quitté Londres le 18 avril,
l’expédition atteint sa destination le
28 juin, mais ses membres ne peuvent pas débarquer à cause de l’opposition des
équipages de deux navires bretons et de deux vaisseaux basques soutenus par
trois cents autochtones micmacs. Ils reviennent en Angleterre le 15 septembre.
Henri IV réagit d’autant plus
fermement qu’il se souvient que Cartier et Roberval ont pris possession du
Canada au nom de François Ier et qu’une loi fondamentale oblige le roi de France à ne pas laisser à son successeur
un territoire diminué, puisqu’il n’est que l’usufruitier et non le propriétaire
de la couronne. Le 12 janvier 1598, il fait de La Roche le successeur de
Roberval en le nommant lieutenant général en Nouvelle France et lui ordonne de
s’y fortifier et de la peupler avec des personnes condamnées à mort, au
bannissement ou aux galères à perpétuité.
Il n’assure pas le financement car les caisses de l’Etat français sont
vident à l’issue des guerres de religion. Son nouveau lieutenant général devra
se contenter d’un monopole du commerce avec les indigènes.
Ile de Sable, Carte de Parcs canada
Au printemps 1598, La Roche
largue une cinquantaine d’hommes sur l’île de Sable, un plateau desséché de
dunes et d’herbes qui est le point culminant, et le seul émergé des bancs de
Terre Neuve. Il a choisi cet endroit à
cause de la présence d’un troupeau de bovins et
de cochons à demi sauvages et de
la richesse en poissons et en animaux marins de ses eaux peu profondes où se
mêlent le courant du Labrador et le Gulf
Stream, mais aussi parce que passent près d’elle la plupart des terre-neuvas. L’île
de Sable a un grand intérêt stratégique pour celui qui veut se livrer à la
course aux dépens des ennemis de son roi ou s’enrichir en vendant des permis
aux pêcheurs venus de France ou d’un Etat ami.
La Roche va maintenir la colonie
par des envois annuels de ravitaillement, sauf en 1602, où une rébellion se
produira. Lorsque son émissaire retournera sur l’île de Sable, au printemps
1603, onze hommes seulement auront survécu, offrant le spectacle d’un total
dénuement. Ils seront rapatriés et, mandés par Henri IV, ils se présenteront
vêtus de peaux de bêtes, ce qui fera sensation.
Le rôle déterminant de
l’entourage immédiat
Entre-temps une cabale a
été montée contre La Roche pour profiter de son peu d’efficacité. Ses
animateurs sont des membres de l’entourage immédiat d’Henri IV. Le plus
important d’entre eux est Pierre
Chauvin, sieur de Tonnetuit, qui est gentilhomme ordinaire de la chambre du
roi. Installé à Honfleur, il investit dans les pêcheries terre-neuviennes
depuis au moins 1596 et rêve de pouvoir s’emparer du monopole commercial de La
Roche. Il peut compter sur l’appui d’un autre gentilhomme ordinaire de la
chambre du roi, Pierre Dugua de Mons, qui est originaire de Royan, ainsi que
sur celui d’un autre proche du roi, son valet de chambre, Pierre de Beringhen
qui, quoique originaire de Prusse occidentale est allié, par son mariage, à une
riche famille de l’île de Ré. Tous ont entendu un associé de Chauvin, le
Malouin François Gravé, parler des riches possibilités de profits offertes par
la traite des fourrures à Tadoussac, au confluent du Saguenay et du Saint
Laurent. Doté par Henri IV d’un monopole commercial ne couvrant que
l’embouchure du Saint-Laurent, Chauvin ne tarde pas à organiser une expédition
au Canada. Il part avec Gravé et Dugua de Mons et, durant l’été 1600, fait
construire une habitation à Tadoussac. Les Montagnais qui vivent là acceptent
facilement cette installation de Français, car ils espèrent d’eux de l’aide
pour lutter contre leurs ennemis, les Iroquois, qui font des raids dans la
vallée du Saint-Laurent. Chauvin laisse seize hommes et regagne la France.
Durant l’hiver 1600-1601, le froid, le manque de vivre et le scorbut tuent la
plupart des Français, et les autres ne doivent leur survie qu’aux autochtones
qui les accueillent et les nourrissent. Ces survivants rentrent en France sur
le navire envoyé par Chauvin en 1601 et l’habitation est abandonnée. Cela déçoit les
Montagnais qui se voient privés de toute possibilité d’assistance militaire des
colons. Gravé, associé à Chauvin, s’en rend compte lors d’un nouveau voyage au
Canada en 1602. Faute de moyens pour entretenir une colonie permanente, il se
résout à demander de l’aide à Henri IV. Pour le convaincre de l’amitié des
autochtones de Tadoussac, il ramène en France deux d’entre eux et les lui
présente. L’entrevue a lieu à la fin de l’année 1602. Le roi assure les deux
Montagnais qu’il leur veut du bien, qu’il désire peupler leur terre et faire la
paix avec les Iroquois ou leur envoyer des forces pour les vaincre. Depuis 1600,
Henri IV a eu l’occasion d’obtenir des renseignements sur les bonnes
dispositions des autochtones de
l’embouchure du Saint Laurent et sur les avantages que les Français peuvent en
tirer.
Il a reçu les visites de
marchands malouins et rouannais opposés au monopole de Chauvin. Tous lui ont
dit combien leur est préjudiciable la perte de la « traite
ordinaire » que depuis longtemps ils ont « vers lesdits pays »
et celle de la « connaissance » qu’ils ont des « peuples, mœurs,
côtes et demeures ».
Immédiatement après l’ambassade
montagnaise Henri IV se résout à favoriser l’installation durable des français
sur les rives du Saint Laurent, mais n’ayant toujours pas d’argent disponible à
avancer il préfère encourager l’association de tous les marchands intéressés à
la traite. Il leur demande de se réunir à Rouen dès la fin du mois de janvier
1603 sous la présidence conjointe de La Cour, premier président au parlement de
Normandie, et de Chaste, vice-amiral de France et gouverneur de Dieppe, mais
les discussions cessent à la mort de Chauvin en février.
Preuve de l’intérêt que porte
Henri IV à l’implantation des Français au Canada il choisit, comme titulaire
d’un monopole du commerce couvrant désormais toute la vallée laurentienne, le
plus prestigieux des deux coprésidents de la réunion de Rouen, Chaste. Celui
–ci parvient à créer une société avec les anciens associés de Chauvin et envoie
outre-Atlantique Gravé, pour remonter le Saint Laurent, trouver un site propice
à l’installation de colons et inventorier les ressources disponibles.
Samuel de Champlain obtient alors
d’Henri VI l’autorisation d’accompagné
François Gravé pour faire au roi un
fidèle compte-rendu de l’expédition. Contrairement à ce qu’a supposé
l’historien américain David Hackett Fischer, il n’est pas un fils illégitime de
d’Henri IV. Né à Brouage, d’un père
probablement issue d’une vieille famille noble d’Anjou, il a été formé au renseignement dans le
service des logis de l’armée royale pendant la guerre menée en Bretagne contre
le duc de Mercœur, de 1592 à 1598. Un séjour dans les Antilles, au Mexique et à
Cuba de 1599 à 1600, et la relation qu’il en a faite, lui
ont valu la confiance d’Henri IV et une pension lui permettant de rejoindre les
géographes dont le roi aimait s’entourer à la cour.
Aux côtés de Champlain et des
deux amérindiens amenés en France l’année précédente, Gravé
entre dans le port de Tadoussac le 26 mai 1603. Les deux ambassadeurs
font le récit de leur réception par Henri IV et de leur séjour en France devant
le chef Anadabijou qui exprime toute sa
satisfaction. L’alliance que l’inaction de Chauvin a mise en péril est restaurée
et Gravé peut même l’élargir aux Algonquins, et aux Etchemins, des alliés des Montagnais présents pour fêter
une victoire commune contre les Iroquois. Ensuite, à l’aide de deux guides autochtones, Gravé et
Champlain remontent le Saint-Laurent jusqu’aux rapides de Lachine, puis rentrent en France en passant par Gaspé, où
ils retrouvent un autre associé de Chaste,
le Malouin Sarcel qui leur raconte être allé en Acadie jusqu’à une
montagne riche en cuivre et avoir appris des indigènes l’existence de
nombreuses autres mines en particulier d’argent.
A
Paris, en octobre 1603, Gravé
présente à Henri IV un jeune
amérindien qui lui a été confié par son père,
le chef Montagnais Bechourat. Le roi traite l’enfant comme le sien et
l’envoie rejoindre sa progéniture au château de Saint-Germain en Laye.
L’existence de « Petit Canada » au contact des princes et princesses sera
malheureusement brève: baptisé le 9 mai 1604, il aura comme parrain et
marraine, deux des enfants d’Henri IV et
de Gabrielle d’Estrées, Alexandre et
Catherine-Henriette, mais il tombera vite malade, et malgré les sollicitudes du futur Louis
XIII qui lui fera partager ses repas il mourra le 18 juin suivant, laissant au
dauphin un vif souvenir.
En permettant à
l’enfant de Bechourat de grandir
aux côtés des siens, Henri IV ne fait que se conformer à la tradition féodale.
Il est bon que le fils d’un vassal soit élevé dans le proche entourage du
suzerain de son père. L’affection ne peut que renforcer la fidélité. Henri
IV tient à établir des relations de
cette nature avec les princes amérindiens. Il le veut autant plus qu’il est
bien décidé à permettre aux Français d’exploiter en paix les riches mines
acadiennes dont Sarcel a révélé
l’existence à Gravé et Champlain.
Les fondations de l’Acadie et de
Québec
Amar de Chaste étant
décédé entre-temps, Henri IV nomme le 8 décembre 1603, un des associés de
celui-ci, Pierre Dugua de Mons,
lieutenant général « aux pays, territoires, côtes et confins de La Cadie
» du 40e au 46e degré de latitude Nord, c’est-à-dire au nord de la Virginie
confié à Raleigh par Elizabeth 1er en 1584, et le charge de « traiter et
contracter […] paix, alliance et confédération, bonne amitié, correspondance et
communication avec lesdits peuples et leurs Princes ». De plus il lui cède pour
dix ans le monopole de la traite des fourrures sur le littoral Atlantique
aux mêmes latitudes dans la Gaspésie, et
sur les deux rives du Saint-Laurent, contre l’obligation de transporter, en
Acadie, dès la première année, soixante personnes.
Dès février 1604, Dugua de Mons
parvient à s’associer à des marchands de Rouen, Saint-Malo, La Rochelle et
Saint-Jean-de-Luz. Partie de Honfleur et du Havre sur deux navires en 1604, son
expédition se retrouve en Acadie le mois suivant. Elle explore les côtes des actuels de Nouvelle-Ecosse et le
Nouveau-Brunswick à la recherche d’un lieu propre à une habitation et choisit
de s’installer sur l’île Sainte-Croix dans l’actuel Etat américains du Maine.
Pendant le premier hiver, le scorbut emporte
35 ou 36 hommes et les survivants préfèrent déménager, dès l’été 1605,
de l’autre côté de la baie de Fundy, dans celle de Port-Royal, l’actuel baie d’Annapolis
Royal, en Nouvelle-Écosse.
Les alliances des
Français avec les Etchemins et les Micmacs sont consolidées et d’autres sont
ébauchées avec les Armouchiquois qui
vivent plus au sud, mais les mines
trouvées se révèlent très décevantes.
Finalement la colonie se maintient jusqu’en août 1607, date à laquelle les
colons l’abandonnent pour rentrer en France à la demande de Dugua de Mons.
Désireux de contrôler le marché de la fourrure en Europe, des marchands
d’Amsterdam ont tellement mis à mal son monopole que sa compagnie a dû être dissoute durant
l’hiver 1606-1607. Soucieux de plaire à ses alliés hollandais, ainsi qu’à
Sully, que ceux-ci ont su gagner à leur cause, le roi de France a fini par
révoquer le privilège de son lieutenant général le 17 juillet 1607.
Le 7 janvier 1608, Henri IV accepte de surseoir pour un an à la
révocation du monopole de Dugua de Mons. La raison est qu’il a appris la
fondation de la colonie anglaise de Saint-Georges, dans l’actuel Etat américain du Maine, à la fin de l’été 1607.
Les sujets du roi de Grande-Bretagne Jacques Ier empiètent désormais sur le
domaine accordé par Henri IV à Dugua de
Mons en 1603 et le risque est grand de les voir s’approprier toute l’acadie.
Ils pourraient revendiquer légitimement celle-ci, puisqu’il n’y a plus de
français installés là à demeure, la
colonie de Port-Royal ayant été abandonnée.
Dugua de Mons profite du revirement royal pour envoyer un
navire en Acadie, mais en fait partir deux pour Québec, que Champlain fonde en
1608. Il veut rentabiliser au plus vite son entreprise coloniale. Depuis le
voyage qui l’a fait en 1600 à Tadoussac, il sait que les Montagnais et les
algonquins disposent d’un grand nombre de pelleteries venant de la baie d’Hudson et des grands lacs et qu’ils sont prêts à les
échanger contre des marchandises européennes. De plus, Champlain a déjà connu
le site du Québec en 1603 et il lui en a révélé toutes les possibilités: le
Saint-Laurent s’y resserre; on peut y construire un fort destiné à attirer les
Montagnais et les Algonquins pour la traite et s’assurer ainsi le contrôle du
grand fleuve.
Installé sur la « pointe de
Québec » avec ses hommes, Champlain vit difficilement l’hiver 1608- 1609,
puis entreprend l’exploration du pays des Iroquois. Ceux-ci sont les grands
ennemis des Montagnais et des Algonquins. En allant les combattre chez eux,
Champlain compte renforcer les alliances franco-amérindiennes. Il y parvient à
Ticonderoga, le 30 juillet 1609, en remportant une grande victoire sur les
Iroquois avec ses alliés montagnais, algonquins et même hurons. Il s’empresse
de rentrer en France pour en informer Dugua de Mons, mais entre-temps, le 6
octobre 1609, Henri IV a révoqué définitivement le monopole de celui-ci.
Le roi de France ne craint plus
la perte de l’Acadie. En effet, la colonie de Saint-Georges a été abandonnée à
la fin de l’année 1608, à cause de la mort de beaucoup de colons durant l’hiver
1607-1608 et de l’hostilité des autochtones. De plus, Henri IV songe alors à
ouvrir à ses sujets le commerce avec l’Asie et il a besoin du concours des
marchands opposés aux privilèges de Dugua de Mons. En janvier 1609, un projet a
déjà pris forme, celui d’explorer l’Arctique
à la recherche d’un passage dans le nord-est pour aller en Chine. Henri
IV a donné son accord pour la création
d’une compagnie chargée d’occuper le « détroit polaire » sous la direction de
Michel Poncet, sieur de la Pointe. Il a accepté aussi de finances une
expédition du marchand d’Amsterdam Isaac Le Maître devant être menée par le navigateur anglais
Henry Hudson, puis finalement par le capitaine hollandais Melchior Van den
Kerchichove. Un navire commandé par celui-ci
a quitté Amsterdam le 5 mai 1609.
Il avait été convenu qu’en cas de succès le retour se fera en France, mais
l’expédition est un échec et le navire revient à son port d’attache, après avoir rencontré d’immenses icebergs
obstruant le détroit de Kara.
Lorsque le poignard de
Ravaillac met fin au règne d’Henri IV 14
mai 1610, la compagnie franco hollandaise des Indes orientales n’a pas encore
vu le jour et Champlain doit faire face à un afflux de concurrents pour la
traite des fourrures sur les rives du saint Laurent. L’œuvre maritime et
coloniale du roi défunt apparaît fragile. Sa politique a été en fait très
pragmatique : soucieux de faciliter l’accès de ses sujets aux richesses vraies
et supposées de l’Amérique du nord, il a
soutenu les initiatives prises par des Français pour nouer des alliances avec
les autochtones, mais comme s’il s’est agi d’avancer des fonds pour favoriser
la création d’une colonie permanente, il s’est toujours souvenu qu’il devait
avant tout financer la reconstruction de son royaume et la lutte contre
l’Espagne en Europe.
Historien français Eric Thierry a publié chez septentrion une édition des œuvres de Champlain annotée en français moderne il est aussi l’auteur de « la France d’ Henri IV en Amérique du nord » paru chez Honoré champion.
Pons : la tour
Après avoir été gouverneur à Pons
(commune du département de Charente-Maritime) durant plusieurs années de
1610 à 1618, De Mons se retira au
château des Ardennes (propriété privée de nos jours) où il décédera.
Les Indiens Penobscots, peuple
premier du Maine, entretiennent une
relation avec la montagne mystique de Katahdin depuis des temps immémoriaux.
Cette relation est aussi profondément enracinée dans l’existence des Penobscots
que Katahdin est à la terre d’où elle se lève. À travers les légendes,
l’histoire et les récits personnels, l’histoire de cette relation sacrée entre
Penobscots et Katahdin évolue.
Katahdin, ou K’taadn dans la langue de
Penobscot, a maintenu son nom donné par le peuple premier. Bien qu’il y ait plusieurs
variations de traduction, les significations sont similaires. L’auteur
transcendantaliste Henry David Thoreau qui explora abondamment les bois du
Maine avec des Indiens Penobscots comme
guides dans les années 1800 écrivit que K’taadn était «un mot indien»
signifiant la plus haute terre. (1)
Dans le langage
Penobscot, «k’ta» a le sens de «grandeur»(2) et K’taadn a été
traduit littéralement par «grande montagne». Une autre interprétation de
K’taadn n’est pas littérale mais implique une présence ancienne et vénérable,
comme celui d’un homme âgé ou d’un chef de famille(3) K’taadn est
«le haut plateau spirituel des Indiens Penobscots, gardant l’empire du Nord du
Maine» (4) et est situé à la source de leur rivière ancestrale.
La montagne est composée de blocs de granit
rose et gris remontant à environ 400 millions d’années, faisant de K’taadn un
enfant en termes d’années de montagne.(5) Aucun contrefort
environnant ne précède la présence de la montagne. K’taadn s’avance
majestueusement dans la forêt à une altitude de 5267 pieds, ce qui en fait le
point culminant du Maine.(6) C’est le premier endroit où les rayons
lumineux du soleil touchent d’abord l’Amérique du Nord.(7) Cet
honneur de recevoir la première lumière d’un nouveau jour est pourquoi ce
territoire s’appelle Wabanaki. Dans Penobscot « Waban » est la période
de temps juste avant la lumière du jour, et « aki » se réfère à la
terre ou aux gens de cet endroit. Les Penobscots et les autres tribus situées
dans le Maine – les Passamaquoddy, les Micmacs et les Malécites – sont désignés
collectivement sous le nom de Wabanaki, ou People de l’Aube.
À l’instar d’autres tribus amérindiennes,
les Penobscots avaient des croyances qui reconnaissaient la présence de
l’esprit dans tous les objets, qu’il s’agisse de personnes, d’animaux, d’arbres
ou de roches. Cette présence spirituelle a apporté la vie et la valeur
intrinsèque à toute la création. Les légendes amérindiennes sont souvent liées
à des sites spécifiques et à des formations terrestres considérées comme
sacrées(8) et sont pleines de conversations avec des animaux et des
objets inanimés auxquels il est fait référence de manière humaine, souvent de
manière relative(9) C’est dans cette vision du monde que K’taadn est
considéré.
Les Penobscots ont beaucoup de
légendes sur K’taadn, ses origines et les esprits qui y résident. Une telle
légende raconte comment la Grande Montagne a été créée. Gluskape, parfois
appelé «l’homme de rien», est un personnage principal de cette histoire et de
la plupart des histoires de Penobscot.
Une statue de
Gluskabe située dans la ville de
Parrsboro, (Nouvelle Ecosse-Canada)
Gluskape est un héros culturel du Wabanaki et
un grand enseignant qui a donné d’importantes leçons de vie au peuple. On nous
dit que K’taadn était le nom d’un des étudiants de Gluskape et que la femme de
K’taadn s’appelait Zipsis, ce qui signifie «petit oiseau» en Penobscot.
Il y a longtemps, K’taadn a appris qu’un
prénommé Badugeal voulait Zipsis pour lui-même et avait demandé à un mauvais
esprit de l’aider à obtenir Zipsis de K’taadn. En apprenant cela, K’taadn et sa
femme Zipsis s’enfuirent dans les bois épais de Wabanaki. Ils se sont vite
rendu compte que l’esprit du mal les poursuivait et se rapprochait, alors ils
ont fait une énorme bouilloire de cuivre. Les amants s’accroupirent près de la
Terre, renversèrent la bouilloire de cuivre et se cachèrent sous elle. Ils ont
réussi à échapper à l’esprit maléfique, mais sont restés sous la bouilloire
tant et si bien que la terre et les roches ont poussé au-dessus et qu’une
montagne s’est formée. Cette montagne est devenue connue sous le nom de
K’taadn.(10) D’autres sont censés vivre dans la Grande Montagne,
aussi. On pense que les « Petits Peuples » ou Mikamwasis vivent dans
des grottes à l’arrière de la montagne. Les Petits Peuples sont des messagers
elfiques qui aident les communications entre le peuple et Gluskape.
Une légende Penobscot appelée
«Gluskape part et promet de revenir» nous raconte comment Gluskape est devenu
furieux par la trahison des nouveaux venus sur la terre de Wabanaki. Ses
enseignements étaient ignorés et les nouveaux venus ont refusé d’apprendre ses
leçons importantes sur la vie harmonieuse, alors Gluskape est parti déçu. On
croit que Gluskape est allé dans grotte de montagne, où il choisit d’y rester pour
« façonner des pointes de flèches pour la journée en prévision du le futur
où les Indiens auront encore besoin de lui »(11) Il vit avec sa
grand-mère qui prépare et stocke le maïs pour les générations futures. Par leur
présence, la montagne est censée incarner de grands enseignements et est connue
pour servir des doses de sagesse à ceux qui la recherchent.
Bien que K’taadn ait été une partie intégrante
de la vie des Penobscots depuis des temps immémoriaux, aucun Penobscot n’avait
grimpé au sommet de la montagne jusqu’à récemment. Les Penobscots considèrent
la montagne comme «un lieu sacré inaccessible, adapté aux seuls dieux».(12)
Au lieu de cela, ils se sont seulement rendus à K’taadn pour être plus près des
esprits. Une distance respectueuse a été maintenue pour éviter la colère de
l’esprit le plus populaire de K’taadn: Pamola.
On pense que Pamola,
souvent désigné sous le nom d’Oiseau-Tempête, se perche au sommet de K’taadn au
Pic de Pamola. Pamola est décrite comme une grande créature d’oiseau qui n’est
pas toujours accueillante pour ceux qui montent sur la montagne. Le mot
Penobscot Bemole, d’où provient Pamola, est associé à la signification du
tonnerre, au bruit du tonnerre ou à l’esprit du tonnerre. Dans les légendes
indiennes du mont Katahdin, Pamola est décrite comme étant «hideusement
destructrice».(13) Et dans The Maine Woods, Henry David Thoreau
écrit des sommets des montagnes que «… seuls des hommes audacieux et
insolents peuvent s’y rendre. Les races simples, comme les sauvages, ne
gravissent pas les montagnes, leurs sommets sont des pistes sacrées et
mystérieuses jamais visitées par eux … Pamola est toujours en colère contre ceux
qui montent au sommet de Katahdin.(14)
Une histoire de deux filles
Passamaquoddy qui ont eu une rencontre avec Pamola le décrit comme un esprit
d’oiseau qui est venu à eux, « sifflant » dans les airs. Il était
« hideux … Son visage était étroit et son corps très mince – son corps
était seulement sur la portée de deux mains. Ses jambes étaient longues et
grêles et ses bras étaient très longs. Sa bouche ressemblait beaucoup à celle
d’un oiseau, un nez pointu comme un bec … » On disait que Pamola n’était pas
vulnérable au tir d’une flèche, même s’il aurait pu en être atteint.(15)
Les publications récentes avec des récits
de Pamola ont eu tendance à banaliser les croyances de Penobscot sur l’esprit
et à embellir certains traits méchants. Dans « Chimney Pond Tales »
publié en 1991, Leroy Dulley décrit Pamola comme le «Penobscot Dieu du Tonnerre
capricieux et malveillant qui menaçait tous ceux qui s’approchaient en
utilisant l’arsenal de briques de la nature». Cependant, la Penobscot Clara
Neptune, écrit en 1900 que « Pamola de fait pas de mal ». Les gens
Penobscot racontent des histoires d’aide de diverses manières par Pamola. Pour
eux, Pamola est utile mais extrêmement puissant et méritant le plus grand
respect.
Avec autant de légendes et
d’esprits qui entourent une montagne, il n’est pas étonnant que K’taadn ait été
considéré comme un lieu sacré pour les Penobscots. Trois facteurs confirment sa
désignation comme lieu sacré. Le premier est la présence d’esprits. Pour de
nombreuses tribus, un lieu sacré est un «lieu où les esprits, le bien et le
mal, communiquent avec les vivants».(16)
Deuxièmement, le fait que les
ancêtres des Penobscots aient visité
K’taadn depuis des temps immémoriaux et l’ont tenu en haute estime pour le
nommer «la Grande Montagne» contribue à son caractère sacré. Les histoires et
les traditions orales transmises de génération en génération sur les esprits de
K’taadn et les capacités réparatrices de K’taadn permettent aux Penobscots
d’expérimenter le lien avec leurs ancêtres en imaginant combien de personnes
ont offert des prières et des rêves avant la montagne et font partie de cette
tradition. Chaque fois qu’une cérémonie se déroule face à la montagne, le site
est encore sanctifié et l’identité et la continuité culturelles Penobscot sont assurées.
Les gens croient que le site est sacré, et c’est ainsi. « Le sol sacré est
un sol investi de croyance » (17)
Un troisième facteur qui contribue à son
caractère sacré est la formation de terres réelles.(18) Les
montagnes ont toujours été très appréciées dans de nombreuses cultures.
K’taadn, étant le point le plus élevé du pays et le premier point où l’aube
d’un nouveau jour touche d’abord la terre revêt une signification particulière
pour les Penobscots et leur identification comme Wabanaki. Wabanaki a été
traduit par «l’endroit où le Soleil regarde d’abord notre chemin». La formation
terrestre soutient la croyance de la montagne comme une demeure creuse dans
laquelle les esprits résident. La forme de la montagne ressemble à un grand
wigwam et est considérée comme un lieu de repos pour les ancêtres qui ont
passé.
Pendant des siècles, les ancêtres ont fait
des pèlerinages à K’taadn pour chercher des réponses aux problèmes ou pour
s’asseoir dans la prière. Depuis 1984, K’taadn a été la destination mystique
d’un pèlerinage spirituel moderne appelé le Katahdin 100. Partant d’Indian
Island, la ville des Penobscots, le pèlerinage se termine à la base de la
montagne sacrée à Katahdin Stream, 100 miles plus loin, les Penobscots et leurs
amis retrouvent ainsi d’anciennes traces sur ce pèlerinage sacré. Le Katahdin
100 se déroule chaque année et offre à toutes les personnes impliquées la
possibilité de renouveler leur lien spirituel avec la montagne et de réaffirmer
leur unité en tant que peuple autochtone.
Le pèlerinage spirituel à la montagne
fournit une source de guérison et de soins à ceux qui en ont besoin et une
expérience culturelle éducative pour les jeunes. Des enfants dès l’âge de huit
ans ont pris part à la course spirituelle, relayant le style de relais avec
d’autres, expérimentant le soutien collectif et l’unité des autres participants
à travers la campagne, le long de la rivière sacrée, dans l’obscurité de la
nuit et vers leur destination la base de la Grande Montagne.
K’taadn, qui émet l’énergie puissante de
son esprit, continue dans la modernité à être le refuge spirituel des
Penobscots qu’il a été depuis des temps immémoriaux. Les aînés et les jeunes,
les chercheurs de sagesse et les personnes en deuil, se tournent tous vers la
montagne mystique et sacrée pour le confort, les soins et la connexion avec les
ancêtres et la culture. C’est une relation que l’on peut s’attendre à voir
perdurer tant que les histoires et les légendes de cette grande montagne
continueront d’être transmises.
À PROPOS DE
L’AUTEUR: Maria Girouard est membre de la nation indienne Penobscot et
historienne tribale avec une maîtrise en histoire de l’Université du Maine.
Elle a servi la nation indienne Penobscot dans le passé en tant que directrice
de la préservation culturelle et historique et en tant que membre élu du
conseil tribal. Elle est aussi descendante d’ancêtres acadiens français qui
s’établirent à Port-Royal en 1642.
Henry David
Thoreau, K’taahdn, Princeton University Oress, 1872, p.6.
Wilderness
and Spirit : A mountain Called Katahdin, producted, directed and edited by
Huey, 2002
Carol Dana,
Penobscot Tribal Language Master, personnal communication, Februaty 2005
François Carsi
est né probablement à Saint-James, près de Morlaas, en Béarn, vers 1650. Il est
le fils de Jean Carsi et de Marie Beautemps. Comme 1200 soldats du régiment, il
arrive en Nouvelle France, faisant partie de la Compagnie Berthier. Le
capitaine Berthier, Sieur de Bellechasse et de Villemur est un huguenot, né à
Bergerac, dans le Périgord, qui se convertira plus tard au catholicisme le 10
août 1665, comme l’écrira Jean Talon , dans la lettre ci-contre.
La compagnie, partie de La
Rochelle le 26 février 1664 et après
être passée par la Guadeloupe, arrive à Gaspé le 18 juin 1665.
Certains historiens pensent que
la Compagnie Berthier aurait construit le premier fort dans la ville de
l’Assomption, mais cette existence est sujette à caution.
François Carsi va rester en
Nouvelle-France comme 400 soldats du régiment et va se marier le 6 juin 1688
avec Anne Blet. Cette dernière est la
fille de Jean Blet dit Gazaille et de Jeanne Beauveau. Jean Blet est également
un soldat du régiment de Carignan-Salières. Il se marie vers 1672 à Saint-Ours
avec Jeanne Beauveau, Fille du Roy arrivée certainement quelques mois
auparavant. L’acte de mariage sera signé au greffe du notaire Pierre Menard en
1674.
Le mariage de François Carsi va
se dérouler à Saint Ours, seigneurie cédée par le gouverneur Frontenac au
seigneur de Saint-Ours «en considération des bons et loyaux services qu’il a
rendu à sa majesté et de l’affection avec laquelle il se porte pour continuer à
luy en rendre en toute sorte de
rencontre». Il faut se rappeler que le roi a fait aux officiers des
propositions en leur concédant des terres. A ceux qui n’ont pas les moyens
d’ouvrir des seigneuries […], le roi accorde quelques pièces d’or et des
provisions pour plusieurs mois afin de les soutenir durant les commencements»
de leur installation. (Histoire de la Seigneurie de Saint-Ours).
François Carsi a
certainement reçu de Monsieur de Saint-Ours, une concession légale, pour
commencer à défricher, concession que Monsieur de Saint-Ours a accordé à
plusieurs de ses soldats.
En mars 1699, on trouve un «billet
de redevance» dû par Bernard Kadeviel, un autre béarnais, signé par son
épouse, Marie de Vanchy, car Kadeviel a déclaré «ne savoir signer», pour
«une somme de 36 livres 19 sols monnaie du pays pour marchandises que j’ai
reçu du sieur Laviolette dont je promet de payer au mois d’octobre prochain
dont je m’oblige moi et ma femme»
En juillet 1710, on trouve une
ordonnance de l’Intendant Antoine-Denis Raudot concernant «la veuve
Laviolette», ce qui laisse entendre que François Carsi était décédé à cette
époque, sans avoir eu d’enfant.
Le billet du «béarnois» Kadeviel
Anne, son épouse, décédera en
1728 à Contrecoeur (Acte ci-dessous, fourni par G. Menard, descendant de Pierre
Menard, notaire au Québec au 18e siècle). La seigneurie de
Contrecoeur fut fondée en 1667 par le sieur Antoine Pécaudy de Contrecoeur, lui
aussi, du régiment de Carignan-Salières. La ville a aujourd’hui plus de 5000
habitants.
Ci dessous, dessins et plan de
la seigneurie de Saint-Ours, extrait du livre «Histoire de la seigneurie de
Saint-Ours»
Gédéon de Catalogne est né le
11 novembre 1663 à Balunsun et baptisé quelques jours plus tard, le
18 novembre, au temple d’Arthez de Béarn.
L’acte de baptême précise : «
Gédéon de Catalongne, fils de Jean de Catalongne et de sa femme
Marie de Capdevielle a été baptisé le 18 novembre 1663 naquit le
11 dudit novembre, parrain Gédéon de Etchare de Pardiese
(aujourd’hui Pardies, commune voisine), et de sa femme »
Quelques
années plus tard, on retrouve la famille Catalogne à Arthez au
quartier Bourdalat. Le père de Gédéon, Jean de Catalogne se
remaria et eut au moins un fils qui se nomme aussi Jean. Ce dernier
épousa le 24 octobre 1707, en l’église Saint Martin de Salies de
Béarn, Jeanne de Branaa. Ils eurent au moins quatre enfants.
Les années de 1683 à 1729 virent la Nouvelle France aux prises avec les Iroquois. Convaincu que le Canada n’aurait pas de repos tant que les Iroquois ne seraient pas mis à la raison, Louis XIV prit les moyens de les soumettre en envoyant de nombreuses troupes.
Le 29 août 1683, Gédéon de Catalogne s’embarque sur le navire «La Tempête ». Un autre béarnais, le Baron de Lahontan aurait été également du voyage. Lahontan écrira que durant la traversée, 20 soldats moururent du scorbut.
Le navire débarqua le 9 novembre
à Québec avec trois compagnies de 52 deux hommes chacune, et
commandées par les capitaines d’Hosta, Chevalier et Aubry. Le
Chevalier Aubry, garde de la marine en 1679, enseigne le 26 janvier
1680, lieutenant de vaisseau le 30 mai 1690, fut tué à la Hougue
dans les chaloupes en 1692.
Les
compagnies réclamées par le Gouverneur Général de la Barre
étaient envoyées par le roi Louis XIV.
Catalogne est arrivé en
Nouvelle-France comme cadet. Il servit comme soldat affecté aux
travaux d’arpentage comme en témoigne un procès-verbal « fait le
7 novembre 1683 par Gédéon de Catalogne, dit la liberté, (c’est
le seul acte où le surnom la « liberté » soit donné à
de Catalogne), arpenteur et soldat de M. Lorignier, déposé au
greffe de Bourgine ».
Les activités militaires de
Gédéon de Catalogne
En 1684 Gédéon prend part à la
campagne de Le Fèvre de la Barre contre les Iroquois. Le 21 mars
1684 les iroquois attaquent le fort Saint-Louis. Le 30 juillet, le
roi écrit au gouverneur de la Barre qu’il approuve sa résolution
d’attaquer les Iroquois. Parti de Montréal avec une petite armée
de 700 canadiens, 150 réguliers et 400 sauvages alliés, le
gouverneur s’achemine jusqu’au fort Frontenac. Après plusieurs
semaines de combats, de la Barre rendra piteusement Montréal avec
ses troupes décimées par la maladie.
En 1686, Gédéon participe aux
attaques contre les établissements occupés et construits par les
anglais. L’expédition a été préparée durant l’hiver
1685-1686 par Pierre de Troyes (appelé aussi chevalier de Troyes).
L’assaut prit totalement les britanniques par surprise. Les troupes
de Troyes prirent plusieurs forts anglais.
Gédéon se convertit au
catholicisme en 1687, ce qui lui permet de recevoir son brevet
d’officier.
En 1688, le chevalier d’Aux
l’emmène ravitailler les forts Frontenac et Niagara. Puis, l’année
suivante, il sert dans la compagnie d’un autre béarnais Auger de
Subercase.
En 1690, on l’envoya avec toute
la garnison de Villemarie, secourir Québec, assiégée par l’amiral
anglais Phips, ce qui lui permet de figurer parmi les héros de ce
célèbre fait d’armes en s’emparant et occupant l’île d’Orléans
avec Subercase et 200 hommes, et en interdisant l’accès de cette
ile à Phips.
En 1691, il va combattre les
Onneyous sous les ordres de De Vaudreuil, il est alors nommé
« lieutenant réformé ».
Nommé lieutenant en pied le 1er
mars 1693, il commande en 1695 le détachement chargé de ravitailler
de Louvigny parti en expédition chez les iroquois.
En 1696, il accompagne Frontenac
dans une expédition contre les Onnontagnès.
En 1705, il retrouve Auger de Subercase dans une expédition contre les anglais à Saint-Jean de Terre Neuve.
En 1709, sous les ordres de
Ramezay, il va combattre les anglais et leurs alliés sauvages, dans
la région du lac Champlain.
En 1723, il accède au grade de capitaine d’une compagnie des détachements de la marine.
La maison de Gédéon de
Catalogne lorsqu’il habita à Montréal
Gédéon
de Catalogne ne fut pas seulement soldat « au pays des
iroquois ». C’est durant les mois de relâche entre les
missions militaires que Gédéon de Catalogne pouvait se consacrer à
des travaux d’arpentage, à l’élaboration des plans de Québec,
Montréal ou Chambly, et également à des écrits descriptifs sur le
Canada. On le retrouve dans ses diverses fonctions dans les exemples
qui suivent.
A Montréal, dès 1685, la
correspondance des officiers de la colonie contient divers appels
pour conforter les fortifications. Le 18 novembre, il est écrit :
« Ainsy l’on peu dire avec vérité que après Rivière du
Loup jusqu’à la pointe de l’isle de Montréal qui sont à plus
de cent lieux de long, il n’y a pas un seul endroit à pouvoir
mettre quoy que ce soit à couvert d’un ennemy ».
Les fortifications furent dirigées
par Monsieur de Villeneuve assisté de Gédéon de Catalogne qui
écrit : « On fit en outre 28 forts dans le
gouvernement de Montréal, où l’on oblige tous les habitants se
s’y retirer et d’y apporter leurs effets y ayant mis garnison
dans chacun ».
Dans son mémoire sur les
seigneuries et habitations des gouvernements de Québec,
Trois-Rivières et Montréal de 1712, Gédéon de Catalogne a composé
le premier répertoire de la faune du Canada. Des dizaines d’espèces
d’animaux, de poissons et d’oiseaux y sont répertoriés.
Au début de 1704, il faut construire des fortifications à Trois-Rivières. Sur les plans prévisionnels de la ville à cette époque, on constate une clôture avec huit bastions qui entoure la ville.
Mais ces plans n’ont-ils existé que sur le papier ? Car en décembre de cette même année, De Catalogne est parti se battre contre les anglais à Terre Neuve.
En 1704, Gédéon de Catalogne est
à Terre-Neuve avec un autre béarnais Daniel d’Auger de Subercase,
d’Orthez. Ce dernier écrit au roi le 25 décembre 1704 : « Le
sieur de Catalogne, lieutenant réformé et que je vous avais mandé
des temps où j’étais en France est au nombre des officiers qui
sont venus cette année au canada, et comme je le crois beaucoup plus
capable et plus agissant qu’un autre, je vous supplie, Monseigneur,
de m’envoyer un ordre pour que je puisse le garder ici. J’espère
que son secours et son intrigue nous faciliterons la construction du
fort, personne n’entendant mieux que lui les ouvrages de maçonnerie
et plus capable de les faire faire… ». Mais dès
l’automne suivant, une partie du détachement quitta Terre-Neuve
pour retourner à Québec. De Catalogne quitta Plaisance le 20
o
ctobre
et arriva à Québec le 6 novembre 1705.
Quelques années plus tard, en
1709, à l’automne, il fut décidé de fortifier le fort Chambly.
En effet, déjà en 1684, le Baron de Lahontan écrivait que le Fort
Chambly n’a que de simples palissades. Monsieur de Ramesay, alors
gouverneur de Montréal, laissa De Catalogne avec quelques ouvriers
pour remettre le fort en état. Il fit construire un second hangar.
Un peu plus tard, il fut décidé de fortifier plus sérieusement le
fort. Gédéon de Catalogne en dirige les travaux. Pendant l’hiver
on transporta à Chambly sur des traineaux une partie des pierres
nécessaires à la construction. Gédéon de Catalogne écrit alors
qu’on lui ordonna de se rendre sur le lieu au mois de Janvier 1710
« pour y amener des matériaux et pendant tout l’hiver on
tailla les pierres angulaires, portes et fenêtre ». De
Catalogne est considéré par certain, comme l’âme dirigeante des
travaux. Même si les travaux avaient été dessinés par
l’ingénieur de Villeneuve, ce dernier, malgré ses
talents incontestables de dessinateur et de théoricien,
n’avait pas les qualités requises pour superviser la
construction des ouvrages. Il fut alors remplacé par le futur
sous-ingénieur du roi, Gédéon de Catalogne.
C’est ainsi que peu à peu, les
capacités de Gédéon de Catalogne furent reconnues et on vint
régulièrement lui demander de surveiller la construction de
palissades, ou de fortifications diverses.
Un autre travail que l’on confia
à Gédéon de Catalogne fut le relevé les plans des seigneuries de
Québec, Montréal et Trois-Rivières. « Il a été obligé
de visiter toutes les cotes du pays et même dans les temps les plus
rudes et les plus difficiles ». Fin 1708, les plans de
Québec et Trois-Rivières furent envoyés au ministre. En
récompense, il acquit le titre de sous-ingénieur, et à compter de
1712, il fut nommé sous-ingénieur du Roi à Montréal.
Gédéon
de Catalogne et les Abénaquis
En 1709, Gédéon de Catalogne dessine un plan d’un fort à Odanak. Il y aurait eu dès 1704, un premier fort, mais selon une note du Ministère des affaires Culturelles, le rapport de fouilles n’a pas permis de localiser le premier fort des Abénakis malgré la découverte d’artéfacts et de structures apparentées à une habitation.
Pourtant
les Abenakis sont présents dès 1683, en effet un acte daté du 1er
juillet 1683 émis par le Conseil Souverain se lit ainsi : «
En conséquence des ordres du Roy, nous, sous le bon plaisir de Sa
Majesté, avons aux dits pères de la Compagnie de Jésus, concédé
et accordé l’espace de deux lieues de terre de front, sur
pareille quantité de profondeur le long des deux bords de la dite
rivière du Sault de la Chaudière vis-à-vis joignant et au-dessus
de l’habitation du dit François Miville, avec les isles et les
ilets qui se rencontreront sur la dite rivière ou autres, pour
être par les dits pères distribués aux Abenakis qui viendront
dans la mission. ».
Nos amis Abenakis d’Odanak croient que ces données scientifiques auront des répercussions positives directes sur la protection, les revendications et l’affirmation de leur territoire, le Ndakinna. (Le Projet Ndakinna est une vaste enquête visant à mieux connaître les activités traditionnelles pratiquées de nos jours par les Abenakis.)
Les
descendants de Gédéon de Catalogne
Suivant les sources, Gédéon de
Catalogne aurait eu de son mariage avec Marie-Anne Lemire, de dix à
quinze enfants. La différence tient peut-être au fait que beaucoup
d’enfants sont morts très jeunes et n’ont pas toujours été
comptabilisés (?)
Il est intéressant de remarquer
dans cette liste les relations qui existent entre les familles
« importantes » du Québec ou d’Acadie. On retrouve ces
relations dans les mariages, ou dans les choix des parrains ou
marraines.
1° Jeanne-Philipe, née le 15
septembre 1691 et mariée en 1728 avec Guillaume de Poitiers. Ils ont
une fille Louise-Charlotte-Marie de Poitiers du Buisson et un fils,
René-Gédéon de Poitiers du Buisson. Il nait le 6
septembre 1730 à Montréal, (Île de Montréal).
Il va se marier d’abord avec Marguerite
d’ Ailleboust de Saint-Vilmé
le 4 novembre 1757 à Port-Lajoie, sur l’Île Royale en Acadie. Puis
il épouse Marie
de Grange le 21 août
1766 en France. Enfin il épouse Marie-Jeanne
Daccarette toujours en
France à Rochefort, où il décède en 1786.
2° et 3° Marie-Anne et Madeleine
(jumelles), nées le 12 avril 1693 et qui n’ont pas survécu.
4° Joseph né le 4 mai 1694 à
Montréal. Joseph, « enseigne à pied » depuis 1730,
parti de l’Île Royale en 1732 à destination du Canada, fit
naufrage le 22 août au Port d’Orléans. Il mourut à Louisbourg le
10 octobre 1735, durant la guerre contre les anglais. Il est alors
lieutenant de marine. Bien que militaire expérimenté, il se
passionna pour la littérature et les sciences. Il fut élu à
l’Académie des sciences de Paris. Marié avec Marie-Charlotte
Renaut-Du-Buisson, ils ont un fils Louis-Charles.
5° Antoine né le 22 janvier 1696
à Montréal et décédé en 1697 à l’âge de 11 mois. Il a comme
marraine Geneviève Margane de Lavalerie.
6° Marie-Louise née le 14
février 1698 et décédée à 25 ans, célibataire, le 5 avril 1723.
Elle a comme parrain: Louis de La Chauvignerie et comme marraine:
Marie Molin.
7° Jeanne-Elisabeth mariée à
Montréal le 27 août 1728 avec Guillaume de Poitiers du Buisson de
Pommeroy. Ce dernier fut tué par les indiens au Fort Frontenac en
1736. Ils eurent un fils, René Gédéon.
8° Marie-Geneviève née le 19
mars 1700 à Montréal et marié avec Louis d’Amours de Louvrières.
Elle a comme parrain: Louis Tatouin de Latouche, commissaire
ordinaire de la Marine et subdélégué de M. l’Intendant et comme
marraine: Geneviève d’Amours. Ils eurent un fils.
9° Daniel-Pascal né le 25 mars
1701 et décédé à l’âge de 6 ans. Il a comme parrain, un
béarnais, Daniel de Subercase, originaire d’Orthez, chevalier,
capitaine d’un détachement de la marine.
10° Jean-Gédéon, né le 13
septembre 1702 et décédé quelques mois plus tard à Lachine. Il a
pour parrain: Jean Lemire, oncle maternel et pour marraine: Anne de
Rouvray, épouse de Laurent Renaud marchand.
11° Louis né le 27 juin 1704 à
Montréal et décédé à l’âge de trois ans dans la même ville. Il
a comme parrain Jacques Testard de Montigny, lieutenant d’un
détachement de la marine.
12° Antoine-Gédéon né le 18
septembre 1706 et décédé à l’âge de deux ans. Son parrain est
son frère Joseph et sa marraine sa sœur Jeanne.
13° Élisabeth, née le 22 août
1708. Elle a comme parrain : Jacques-Urbain Rocbert de La
Morandière et comme marraine: Élisabeth Duverger. épouse d’un
garde magasin du roi. Elle se marie le 21 novembre 1730 (?) à
Louisbourg avec Michel de Gannes de Falaise. Ils auront une fille
Marguerite-Elisabeth. Elle décède le 12 août 1750, toujours à
Louisbourg.
14° Charlotte-Julie née le 31 mars 1712 à Montréal et mariée à 17 ans le 28 décembre 1735 avec Michel Gamelin-Gaucher. Elle décède à Lachine en 1791 à l’âge de 78 ans. Son parrain sera Pierre Pépin de Laforce et sa marraine sa sœur Jeanne. Ils ont un fils Michel, né le 5 juillet 1743 et marié avec Marie-Elizabeth Spagniolini.
15° Hortense, mariée avec de
Landriève (?)
Parmi les petits enfants de Gédéon
de Catalogne, certains se sont distingués dans les Antilles, comme
on va le voir plus loin.
Louis-Charles-François de Gédéon
de Catalogne est né à Louisbourg le 14 février 1734. Il est cadet
à 13 ans, puis « cadet à l’aiguillette » à l’Ile
Royale à 15 ans. Après avoir été enseigne, il devient lieutenant
dans le régiment de Boishébert pendant la campagne de Louisbourg en
1758-1759. On le retrouve à Port au Prince en 1771 avec le grade de
lieutenant, après avoir séjourné en France. En 1772, il est major,
puis capitaine en 1775. Il décède le 22 octobre 1781 à
Caye-Saint-Louis à Saint Domingue. Son corps repose dans l’église
Saint Pierre de Saint Domingue. Il s’était marié le 19 février
1759 à Montréal avec Marie-Louise Guyon dite Després.
Il eut un fils Charles-Gédéon né
à Montréal le 11 septembre 1764. Il fit ses études à l’école
militaire de Paris. De brillants faits d’armes signalent sa
présence à Sainte-Lucie. En 1790, il obtient le grade de capitaine,
puis quelques temps après il est décoré de la Croix de Saint
Louis. En 1793, il combat à la tête de royalistes les troupes de
Rochambeau, lieutenant général des armées de la République et
gouverneur de la Martinique. Il est Chevalier de la Légion
d’Honneur, chevalier de l’Ordre de Saint- Lazare. Il décède à
la Martinique le 9 aout 1854.
Enfin, un des arrières
petits-fils de Gédéon de Catalogne né le 8 juillet 1824 exerça la
profession de notaire à Saint-Pierre de la Martinique. « Par
dépêche ministérielle du 17 mars 1853, la nomination de Gédéon
Catalogne comme notaire à Saint-Pierre en remplacement de
Jean-Baptiste Cazeneuve est approuvée »
Quelques années plus tard, une
Ordonnance du Roi impose que la loi du 15 juillet 1829 soit exécutée
dans les Etablissement français d’outre mer, Charles Gédéon de
Catalogne est nommé Conseiller territorial.
Sources : Bibliothèque
et Archives Nationales du Québec
Pour ne pas rester toujours en Béarn, nous allons nous promener à Montfort en Chalosse. La commune possède un musée, installé il y a plus de 20 ans sur un domaine aux activités multiples et multiséculaires.
Le Musée de la Chalosse est un véritable conservatoire de l’identité chalossaise.
On trouve déjà un Gariepy Jacob vers 1570 à Montfort-en-Chalosse dans les Landes qui est marié avec Isabelle Greffe. Puis en 1595, Jean Gariepy, leur fils, né le 23 août 1598, toujours à Montfort-en-Chalosse va se marier avec Jeanne Daragon. Ils ont un fils François qui est né vers 1629.
Ce dernier arrive en Nouvelle France 1656. Il est
maitre menuisier.
François se marie le 13 aout 1657 à Quebec avec Marie Oudin, une parisienne de
14 ans. ( née en 1642). Ils ont signé un
contrat de mariage le 15 juillet 1657 par devant Maitre Guillaume Audouart de
Saint-Germain, notaire. Guillaume Audouart de Saint-Germain est d’abord commis
au greffe et tabellionage de 1648 à 1649 à Trois-Rivières, puis après avoir été
secrétaire du conseil de 1649 à 1663 à Québec, il est notaire royal à l’automne
1649 à Québec.
François et Marie vont avoir treize enfants :
Marie-Ursule Gariépy (religieuse de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal).Marguerite Gariépy (religieuse de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal), Charles Gariépy
Il naît le 29 décembre 1661 à Château-Richer et baptisé le même jour. Il
est capitaine de milice. Il se marie à
Marie-Anne Cloutier, puis, en secondes noces à Anne Morel.
Louise Gariepy est née le 11 Mars 1664 toujours à Chateau Richer. Elle décède la même année. François Gariépy né le 11 Mars 1665 va se marier avec Geneviève Godin.
(Ci-contre, Contrat de mariage passé pardevant Daniel Normandin, notaire royal et garde-notes du roi, entre Charles Gariépy, âgé de 30 ans, fils de François Gariépy et de Geneviève Godin, demeurant à Sainte-Anne). Il est officier de milice en 1725 à La Pérade
Jacques Gariépy est né le 26 Mars1667 et se marier avec Madeleine Gareau. Il décède le 12 Juin 1750 à Lachenaie. Geneviève Gariépy née le 9 Juillet 1669, se marie avec Isaac Hervieux, puis, en secondes noces à Thomas Barthélemy. Marie-Madeleine Gariépy, née en 1671, mariée à Antoine Trudel, décède à 24 ans à Ville Marie le 16 Novembre 1695. Louis Gariépy né le19 Nov 1673, à Chateau Richer. Il se marie avec Geneviève Letartre, puis, en secondes noces, avec Catherine Aubert. Catherine Gariépy, née le 9 May 1677, mariée avec
Philippe Trudel. Jean Gariépy, né le 11 Avril
1679, et marié à Marguerite Bonnet. Il
décède le 2 Juillet 1745 à Lachenaie.
Inventaire après décès des biens de feu Marguerite Bonnet, épouse de Jean Gariépy
Alexis Gariépy né le 23 Avril 1681à Chateau Richer, marié à Françoise Raynaud, puis, en secondes noces, à Madeleine Chapleau. Il décède le 6 Janvier 1747.Pierre Gariépy, né le 12 Novembre 1685 à L’Ange Gardien. C’est le seul enfant qui ne va pas naitre à Château Richer. Il est marié à Marie Hubou. Il meurt le 1 Mars 1764 à Lachenaie.
Le 19 mars 1659, Jacques Gourdeau, seigneur de
Beaulieu sur l’île d’Orléans, lui concède une terre (2 arpents de long sur la
largeur de l’île).
En 1661, il abandonne sa
concession pour aller s’établir à Château-Richer sur la moitié sud-ouest d’une
terre (3 arpents de front) concédée par les marguilliers (chargés de
l’administration des biens de la communauté paroissiale ) de la paroisse de la
Visitation-de-Notre-Dame. Dès 1661, la paroisse de La
Visitation-de-Notre-Dame-de-Château-Richer est constituée et le premier curé
résident est nommé
Le 8 juillet 1664, il cède sa
moitié de terre à Mgr de Laval pour 207 livres et, avec l’argent, il paye le
prix d’achat pour la terre 51 et l’habitation qui s’y trouve à Château-Richer
de Claude Petiot de Courbières qui retourne en France.
Le 5 octobre 1682, il s’établit sur la terre 29 (3
arpents et demi de front sur une lieue de profondeur) achetée de Denis Guion à
L’Ange-Gardien (près de Québec) au prix de 2 000 livres.
Procès-verbal de ligne et borne séparant deux terres depuis le fleuve Saint-Laurent jusqu’à une lieue en profondeur, lesquelles terres étant situées à la première concession, sur le fleuve Saint-Laurent, dans la paroisse de L’Ange-Gardien, seigneurie de la Côte-de-Beaupré. La présente pièce concerne directement: Jacques Goulet; Louis Gariépi (Gariépy) (arpenteur Ignace Plamondon père) . – 23 octobre 1780
Le 23 août 1683, il achète pour 530 livres la terre
52 (2 arpents de front sur une lieue et demi de profondeur) voisine de la terre
51 qu’il avait achetée en 1664 à Château-Richer.
Le 6 février 1684, il vend les terres 51 et 52 de
Château-Richer à Charles Gariépy, son fils aîné.
En 1706, François Gariépy décède à Château-Richer.
En 1729, il avait 181 descendants.
On trouve
au cours de l’histoire beaucoup de descendants de François Gariepy. Voici,
ci-dessous une liste non exhaustive de quelques descendants Il est impossible de citer tous les membres connus au
Canada, par contre, le nom de Gariépy n’existe plus dans les Landes.
Edgar
Gariépy
Edgar Gariépy estné et décédé à Montréal (11 octobre 1881 – 21 mai 1956), Il est le
fils de Joseph Gariépy, marchand-épicier originaire de Lachenaie, et de
Marie-Emilina Patenaude, de Rivière-des-Fèves (comté de Châteauguay). Sa
famille habite rue Dorchester et
déménage rue Saint-Denis près du Carré Saint-Louis vers 1906. Il fait ses
études primaires à l’école paroissiale du Sacré-Coeur, dans le quartier
Papineau à Montréal. Il termine un cours scientifique et commercial au
Mont-Saint-Louis. En 1901, il poursuit ses études au Noviciat des Oblats de
Marie-Immaculée à Lachine. Il devient un photographe québécois spécialisé dans
l’architecture, que les historiens de l’art décrivent comme un photographe
documentaliste.
Photographe professionnel à partir de 1920, il
voyage à travers le Québec afin de documenter l’architecture québécoise.
Gariépy se constitue ainsi une importante banque photographique. Ses photos
sont publiées dans « Les monuments commémoratifs de la province
de Québec ». Outre les témoignages de la vie quotidienne de son
époque, qui possèdent une valeur documentaire, il réalise de nombreuses
reproductions d’œuvres d’art. Ci-dessous, un extrait du fond Edgar Gariépy
Léo
Gariépy
Léo est né le 3 octobre 1912 à Saint-François de
Sales au Canada.
Le sergent Léo Gariépy a participé à la libération
de Courseulles-sur-Mer lors du débarquement de Normandie en tant que soldat
canadien.
Le 5 juin 1944 à 21h00, le navire qui embarque Léo Gariépy à destination de Juno Beach largue les amarres. À minuit, les éléments se déchaînent. L’humidité, le froid, la houle et le mal de mer épuisent Léo et les autres soldats.
Le sergent Gariépy dirige son char vers la rive
droite de la rivière Seulles et tire à plusieurs reprises sur son premier
objectif, la Maisonnette, une casemate camouflée cachant un canon de 88 mm2. La
riposte cesse et croyant l’endroit désaffecté et sécuritaire, l’équipe en
profite pour manger et reprendre des forces. Un tir soulevant le char obligea
Léo à reprendre la position de tir. Après quelques tirs, Léo se dirige ensuite
à l’arrière et réussit à faire tomber l’épaisse porte de la casemate.
Le 14 août 1944, il est un des premiers arrivés
dans Falaise, que les derniers détachements allemands essayent encore de
défendre. À ce moment, seule la mitrailleuse de son blindé fonctionne encore.
Des renforts de l’infanterie canadienne
débarquant à Courseulles-sur-Mer.
Léo revient
ensuite en France en mars 1964, puis il déménage à Courseulles-sur-Mer en 1967 et
décède le 12 septembre 1972 (à 59 ans) dans cette commune.
Marie-Chantale
Gariépy,
M.C. Gariépy est née le 1er mars 1975 à Montréal,
est une écrivaine québécoise francophone.
Après
des études en tourisme au collège Lasalle, Marie-Chantale Gariépy se spécialise
en histoire de l’art à l’Université Concordia de Montréal puis en études
littéraires, en lettres et en chant classique à l’UQAM.
En 2016, elle se démarque par l’écriture du
recueil de nouvelles: 25 cents et autres histoires à la pièce, traduit en 2018
en langue serbe, et comme directrice littéraire aux éditions « Tête
première ».
Elle
est membre de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois.
Pierre
Gariépy
« Les
grandes passions qui retournent l’être et font perdre contact avec la réalité
n’ont jamais effarouché Pierre Gariépy. On se souvient de la dérive qui nous
emporte au bout du rêve et de l’amour, de la vie et de la mort, dans Lomer
Odyssée. L’écrivain continue dans cette voie en se tenant à la frontière du
possible et de l’imaginaire dans Tam-Tam, un très court roman, qui nous pousse
dans un univers où l’on se demande à chaque phrase si on est dans le songe ou
la chimère ». ( Littérature du Québec – Chroniques d’Yvon
Paré)
Raymond
Gariépy
Raymond Gariépy est né le 24 janvier 1923 à
L’Ange-Gardien sur la Côte-de-Beaupré dans la province de Québec au Canada. C’est
un historien généalogiste et un homme politique québécois.
Il a été maire de L’Ange-Gardien de 1985 à
1989.
De 1946 à
1975, il fut assistant-auditeur de la province, poste aujourd’hui nommé
sous-ministre adjoint, pour le ministère des Finances du Gouvernement du
Québec. Puis, jusqu’en 1980, il fut aux affaires culturelles pour la même
province.
C’est à sa retraite, en 1980, qu’il se consacre à
sa passion pour l’histoire et la généalogie. Il avait déjà publié de courts
ouvrages, mais l’essentiel de ses contributions fut fait entre 1984 et 2002.
Dans « Les terres de L’Ange-Gardien, Côte-de-Beaupré », il fait non seulement la généalogie de chacune des familles propriétaires jusqu’au début de la colonie au XVIIe siècle, mais encore il retrace les transactions foncières, les activités économiques et certaines anecdotes concernant les lots.
Il est impossible de citer le nom de tous les descendants ou de familles liées à François Gariépy au Canada ou aux Etats-Unis. Ce qui suit n’est qu’une petite partie des noms ayant un lien avec la famille Gariépy : Arcand, Bergeron, Bessette, Bouille, Cloutier, Cote, Cauchon, Delisle, Emond, East, Frenette, Germain, Gautier, Gignac, Goulet, Hebert, Houle, Leblanc, Lalonde, Levasseur, Marchand, Martel, Marcotte, Mondor, Naud, Plourde, Perron, Poulain, Raiche, Rivard, Simard, Toupin, Tourigny, Turner, Vignault………
Voici quelques précisions sur ses descendants (1er
et 2ème générations, source : Claude Dupras), puis quelques
informations sur Montfort en Chalosse.
Génération 1
1. François Gariépy (Jean Gariepy et Jeanne D’Aragon) est né vers 1630 à Montfort-en-Chalosse (Landes) et décédé le 25 avril 1706 à Château-Richer. Il épousa Marie Oudin le 13 août 1657 à Québec, fille d’Antoine Oudin et de Madeleine Delarussière. Elle est née à St-Mery, près de Paris.
Les enfants de François Gariépy et de Marie Oudin sont:
i. Marie Ursule Gariépy née le 8 juillet 1658 à Québec, et décédée le
4 août 1713 à Montréal.
ii. Marguerite Gariépy née le 22 mars 1660 à
Québec, et décédée le 14 février 1723, Montréal.
iii. Charles Gariépy né le 18 décembre 1661 à
Château-Richer, marié avec Marie Anne Cloutier le 7 février 1684, toujours à
Château-Richer.
iv. Louise Gariépy, née le 11 mars 1664, à Château
Richer, et décédée le 2 avril 1664, dans la même commune.
v. François Gariépy né le 1 mars 1665 à
Château-Richer, et marié avec Geneviève Godin
le 17 octobre 1689, à L’Ange Gardien.
vi. Jacques Gariépy, né le 26 mars 1667 à Québec,
et marié avec Marie-Madeleine Gareau St-Onge le 25 novembre 1697, à
Boucherville.
vii. Geneviève Gariépy née le 9 juillet 1669, à
Château-Richer, et mariée avec Isaac Hervieux le 24 novembre 1687, à L’ange-Gardien.
viii. Marie Madeleine Gariépy née vers 1671, au
Québec, et mariée avec Antoine Trudel
le 19 février 1691à L’Ange
Gardien.
ix. Louis Gariépy né le 19 novembre 1673, à
Château-Richer.
x. Catherine Gariépy née le 9 mai 1677, à
Château-Richer et mariée avec Philippe Trudel le 28 janvier 1696, à L’Ange
Gardien.
xi. Jean Gariépy, né le 11 avril 1679, à
Château-Richer, et décédé le 2 juillet 1745, à
Lachenaie.
xii. Alexis Gariépy né le 23 avril 1681, à Château
Richer, marié avec Françoise Raynault Planchard le 16 janvier 1713, à la Pointe-aux-Trembles.
xiii. Pierre Gariépy né le 12 novembre 1685, à L’Ange Gardien, marié avec Marie Huboult
Longchamp Tourville le 11 janvier 1712, à St-François-de-Sales.
A la génération 2, on trouve (quelques noms!):
Les enfants de Louis Gariepy et de Catherine Aubert
sont:
i. Catherine Gariépy née le 3
avril 1703.
ii. Marie Gariépy née le 4 février 1705, à L’Ange
Gardien et mariée avec Pierre Renaud Canard le 21 février 1729, à L’Ange Gardien.
Iii. Catherine Gariépy, née le 3 avril 1706 à
L’Ange Gardien, mariée avec Louis Fafard Lonval le 8 février 1728, à L’Ange Gardien.
iv. Louis Gariépy né le 19 septembre 1708.
v. Charles Gariépy né le 19 septembre 1709.
vi. Thérèse Gariépy née le 19 octobre 1710.
vii. Louis Gariépy né le 12 février 1714, à Château
Richer; et décédé le 4 mai 1785, à
L’Ange Gardien.
viii. Prisque Gariépy née le 12 février 1714.
ix. Marie Barbe Gariépy ne le 16 septembre 1716, à
L’Ange Gardien, et mariée avec René
Mathieu le 25 juin 1736, à L’Ange Gardien.
x. Jean François Gariépy né le 3 décembre 1723.
On trouve également :
Jean Gariépy, né 11 avril 1679 à Château-Richer, et
décédé le 2 juillet 1745 à Lachenaie. Il épouse Marguerite Bonnet le 23
novembre 1705 à St-François-de-Sales, fille de Mélaine Bonnet et de Marie
Buisson. Elle meurt le 10 septembre 1736 à Lachenaie.
Les enfants de Jean Gariépy et de Marguerite Bonnet
sont:
i. Marie-Agnes Gariépy née le 22 décembre 1706, à
St-François-de-Sales, et décédée le 28 août 1746, à Terrebonne. Elle se marie
avec Etienne Trudeau le 27 janvier 1727,
Lachenaie.
ii. Marie-Marguerite Gariépy née le 8 novembre
1708, à St-François-de-sales et décédé le 5 mai 1763, à Terrebonne. Elle s’est
mariée avec Germain Lepage le 9 février 1727 à
Lachenaie.
iii. François Gariépy né le 8 décembre 1710, à
St-François-de-sales et décédé le 17 novembre 1772, à Lachenaie. Il s’est marié
avec Marie-Josephe Picard le 13 octobre 1738, à Lachenaie.
iv. Agathe Gariépy née le 2 novembre 1712, à
St-François-de-sales et décédée le 31 mai 1744, à Lachenaie.
v. Marie-Anne Gariépy née le 9 septembre 1714, à
St-François-de-sales et décédé le 4 avril 1742, à Lachenaie. Elle s’est mariée
avec Jacques Muloin le 7 novembre 1735, à
Lachenaie.
vi. Jean Gariépy né vers 1716, au Québec et décédé
le 28 septembre 1761, à Lachenaie.
vii. Ursule Gariépy née le 16 septembre 1718, à
St-François-de-sales et décédée le 11
janvier 1804, à Mascouche. Elle s’est mariée avec Athanase Duprac (ou Dupras)
le 29 janvier 1741, à Lachenaie.
viii. Marie-Josephe Gariépy, née le 9 septembre 1720,
à St-François-de-sales et décédée le 3 avril 1793, à Ste-Geneviève
(Pierrefonds). Elle s’est mariée avec Louis Charest le 14 avril 1738, à
Lachenaie.
ix. ( Anonyme?) Gariépy né le 24 septembre
1722, à St-François-de-sales et décédé le
24 septembre 1722, à St-François-de-sales.x. Marguerite Gariépy née le
14 mai 1724, à Lachenaie et décédée quelques semaines plus tard le 31 juillet
1724.
Ci-contre : le petit port de Lachenaie, autrefois
xi. Louis Gariépy né le 26 juin 1726, à Terrebonne
et décédé le 2 août 1726.
xii. Bonaventure Gariépy né le 7 octobre 1729, à
Lachenaie et décédé le 26 avril 1782. Il s’est marié avec Marie-Louise-Reine
Lalonde le 22 février 1762, à Lachenaie.
xiii. Marie-Louise Gariépy née le 10 août 1731, à
Lachenaie.
Mais arrêtons-nous un peu sur le village où est né
François Gariépy.
D’abord, le musée : Une maison de maître richement meublée, le jardin et la maison du métayage, le chai et son pressoir étonnant, le conservatoire de vignes, le four à pain en activité, les animaux … Au domaine de Carcher, tout évoque la Chalosse agricole et viticole du 19e siècle. (Ci dessous, l’entrée du musée)
L’église romane de Montfort en Chalosse dédiée à St
Pierre est bâtie sur un petit coteau, hors du village, d’où l’on découvre un
magnifique panorama sur les Pyrénées. Sa fondation remonterait au Xème siècle.
Mais nous sommes dans le sud-ouest, pays du rugby.
On ne peut pas quitter Montfort sans évoquer les frères Boniface. Guy et André Boniface sont nés à Montfort en
Chalosse. Deux frères associés au centre d’une même ligne d’attaque. Deux
frères doués, passionnés de rugby, dissemblables certes mais combien
complémentaires. Un tandem fraternellement réuni pour la gloire du rugby
français dans le quinze tricolore.
Ils ont débuté dans l’équipe minime de l’Ecole
Publique et poursuivi chez les cadets de l’A.S.Montfortoise section rugby.
Après un passage d’André à l’U.S. Dax, Guy rejoint son frère au stade Montois
pour ne plus le quitter et avec lui devenir champions de France.
L’aîné André, grand, athlétique, élégant ; le cadet
Guy, droit et fin comme un pin des Landes, taillé à coup de hache dans une
musculature d’acier, le visage nargueur, le regard de feu. Les deux,
étroitement liés par un amour passionné du rugby et une affection réciproque,
profonde. Le grand, protecteur et maternel, le second, admiratif et fin devant
un frère servant d’exemple.
Guy, tué dans un accident de voiture le 1er janvier
1968. Le stade de Montfort en Chalosse porte le nom de Stade « Guy
Boniface ».
Sources :
Dictionnaire généalogique des familles du Québec
(René Jetté, Presses de l’Université de Montréal, 1983)
Pierre Gariépy – correspondance par courriel
Généalogie du Québec et d’Amérique française
Naissance d’une population – Les Français établis
au Canada au XVIIe siècle (Presse de l’Université de Montréal, 1987)
Tanguay – Vol. 1
Marjolaine
Saint-Pierre, Léo Gariépy, un héros récupéré : célébré en France, ignoré ici :
biographie, Montmagny, Éditions de Varennes, 1993, 145 p. (ISBN 2-9802-4258-6)
Wikipédia
Association
des Boutin d’Amérique
R. H. Roy, Débarquement et offensive des Canadiens
en Normandie, Saint-Laurent, Éditions du Trécarré, 1986
Les terres de l’Ange-Gardien, Côte-de-Beaupré. 2e
édition revue. Québec, Société de Généalogie de Québec, 2004 (1984), 744 p.
Collection « Contributions à la Société de Généalogie de Québec, 99 ».