Gédéon de Catalogne

Géomètre, géographe et ingénieur…

Gédéon de Catalogne est né le 11 novembre 1663 à Balunsun et baptisé quelques jours plus tard, le 18 novembre, au temple d’Arthez de Béarn.

L’acte de baptême précise : « Gédéon de Catalongne, fils de Jean de Catalongne et de sa femme Marie de Capdevielle a été baptisé le 18 novembre 1663 naquit le 11 dudit novembre, parrain Gédéon de Etchare de Pardiese (aujourd’hui Pardies, commune voisine), et de sa femme »

La maison de Gédéon de Catalogne au Québec

Quelques années plus tard, on retrouve la famille Catalogne à Arthez au quartier Bourdalat. Le père de Gédéon, Jean de Catalogne se remaria et eut au moins un fils qui se nomme aussi Jean. Ce dernier épousa le 24 octobre 1707, en l’église Saint Martin de Salies de Béarn, Jeanne de Branaa. Ils eurent au moins quatre enfants.

Les années de 1683 à 1729 virent la Nouvelle France aux prises avec les Iroquois. Convaincu que le Canada n’aurait pas de repos tant que les Iroquois ne seraient pas mis à la raison, Louis XIV prit les moyens de les soumettre en envoyant de nombreuses troupes.

Le 29 août 1683, Gédéon de Catalogne s’embarque sur le navire «La Tempête ». Un autre béarnais, le Baron de Lahontan aurait été également du voyage. Lahontan écrira que durant la traversée, 20 soldats moururent du scorbut.

Le navire débarqua le 9 novembre à Québec avec trois compagnies de 52 deux hommes chacune, et commandées par les capitaines d’Hosta, Chevalier et Aubry. Le Chevalier Aubry, garde de la marine en 1679, enseigne le 26 janvier 1680, lieutenant de vaisseau le 30 mai 1690, fut tué à la Hougue dans les chaloupes en 1692.

Document signé par Gédéon deCatalogne

Les compagnies réclamées par le Gouverneur Général de la Barre étaient envoyées par le roi Louis XIV.

Catalogne est arrivé en Nouvelle-France comme cadet. Il servit comme soldat affecté aux travaux d’arpentage comme en témoigne un procès-verbal « fait le 7 novembre 1683 par Gédéon de Catalogne, dit la liberté, (c’est le seul acte où le surnom la « liberté » soit donné à de Catalogne), arpenteur et soldat de M. Lorignier, déposé au greffe de Bourgine ».

Les activités militaires de Gédéon de Catalogne

En 1684 Gédéon prend part à la campagne de Le Fèvre de la Barre contre les Iroquois. Le 21 mars 1684 les iroquois attaquent le fort Saint-Louis. Le 30 juillet, le roi écrit au gouverneur de la Barre qu’il approuve sa résolution d’attaquer les Iroquois. Parti de Montréal avec une petite armée de 700 canadiens, 150 réguliers et 400 sauvages alliés, le gouverneur s’achemine jusqu’au fort Frontenac. Après plusieurs semaines de combats, de la Barre rendra piteusement Montréal avec ses troupes décimées par la maladie.

En 1686, Gédéon participe aux attaques contre les établissements occupés et construits par les anglais. L’expédition a été préparée durant l’hiver 1685-1686 par Pierre de Troyes (appelé aussi chevalier de Troyes). L’assaut prit totalement les britanniques par surprise. Les troupes de Troyes prirent plusieurs forts anglais.

Gédéon se convertit au catholicisme en 1687, ce qui lui permet de recevoir son brevet d’officier.

En 1688, le chevalier d’Aux l’emmène ravitailler les forts Frontenac et Niagara. Puis, l’année suivante, il sert dans la compagnie d’un autre béarnais Auger de Subercase.

En 1690, on l’envoya avec toute la garnison de Villemarie, secourir Québec, assiégée par l’amiral anglais Phips, ce qui lui permet de figurer parmi les héros de ce célèbre fait d’armes en s’emparant et occupant l’île d’Orléans avec Subercase et 200 hommes, et en interdisant l’accès de cette ile à Phips.

En 1691, il va combattre les Onneyous sous les ordres de De Vaudreuil, il est alors nommé « lieutenant réformé ».

Nommé lieutenant en pied le 1er mars 1693, il commande en 1695 le détachement chargé de ravitailler de Louvigny parti en expédition chez les iroquois.

En 1696, il accompagne Frontenac dans une expédition contre les Onnontagnès.

En 1705, il retrouve Auger de Subercase dans une expédition contre les anglais à Saint-Jean de Terre Neuve.

En 1709, sous les ordres de Ramezay, il va combattre les anglais et leurs alliés sauvages, dans la région du lac Champlain.

En 1723, il accède au grade de capitaine d’une compagnie des détachements de la marine.

La maison de Gédéon de Catalogne lorsqu’il habita à Montréal

Gédéon de Catalogne ne fut pas seulement soldat « au pays des iroquois ». C’est durant les mois de relâche entre les missions militaires que Gédéon de Catalogne pouvait se consacrer à des travaux d’arpentage, à l’élaboration des plans de Québec, Montréal ou Chambly, et également à des écrits descriptifs sur le Canada. On le retrouve dans ses diverses fonctions dans les exemples qui suivent.

Plaque de la rue Saint-Vincent à Montréal

A Montréal, dès 1685, la correspondance des officiers de la colonie contient divers appels pour conforter les fortifications. Le 18 novembre, il est écrit : « Ainsy l’on peu dire avec vérité que après Rivière du Loup jusqu’à la pointe de l’isle de Montréal qui sont à plus de cent lieux de long, il n’y a pas un seul endroit à pouvoir mettre quoy que ce soit à couvert d’un ennemy ».

Les fortifications furent dirigées par Monsieur de Villeneuve assisté de Gédéon de Catalogne qui écrit : « On fit en outre 28 forts dans le gouvernement de Montréal, où l’on oblige tous les habitants se s’y retirer et d’y apporter leurs effets y ayant mis garnison dans chacun ».

Dans son mémoire sur les seigneuries et habitations des gouvernements de Québec, Trois-Rivières et Montréal de 1712, Gédéon de Catalogne a composé le premier répertoire de la faune du Canada. Des dizaines d’espèces d’animaux, de poissons et d’oiseaux y sont répertoriés.

Au début de 1704, il faut construire des fortifications à Trois-Rivières. Sur les plans prévisionnels de la ville à cette époque, on constate une clôture avec huit bastions qui entoure la ville.

Mais ces plans n’ont-ils existé que sur le papier ? Car en décembre de cette même année, De Catalogne est parti se battre contre les anglais à Terre Neuve.

En 1704, Gédéon de Catalogne est à Terre-Neuve avec un autre béarnais Daniel d’Auger de Subercase, d’Orthez. Ce dernier écrit au roi le 25 décembre 1704 : « Le sieur de Catalogne, lieutenant réformé et que je vous avais mandé des temps où j’étais en France est au nombre des officiers qui sont venus cette année au canada, et comme je le crois beaucoup plus capable et plus agissant qu’un autre, je vous supplie, Monseigneur, de m’envoyer un ordre pour que je puisse le garder ici. J’espère que son secours et son intrigue nous faciliterons la construction du fort, personne n’entendant mieux que lui les ouvrages de maçonnerie et plus capable de les faire faire… ». Mais dès l’automne suivant, une partie du détachement quitta Terre-Neuve pour retourner à Québec. De Catalogne quitta Plaisance le 20 o ctobre et arriva à Québec le 6 novembre 1705.

Quelques années plus tard, en 1709, à l’automne, il fut décidé de fortifier le fort Chambly. En effet, déjà en 1684, le Baron de Lahontan écrivait que le Fort Chambly n’a que de simples palissades. Monsieur de Ramesay, alors gouverneur de Montréal, laissa De Catalogne avec quelques ouvriers pour remettre le fort en état. Il fit construire un second hangar. Un peu plus tard, il fut décidé de fortifier plus sérieusement le fort. Gédéon de Catalogne en dirige les travaux. Pendant l’hiver on transporta à Chambly sur des traineaux une partie des pierres nécessaires à la construction. Gédéon de Catalogne écrit alors qu’on lui ordonna de se rendre sur le lieu au mois de Janvier 1710 « pour y amener des matériaux et pendant tout l’hiver on tailla les pierres angulaires, portes et fenêtre ». De Catalogne est considéré par certain, comme l’âme dirigeante des travaux. Même si les travaux avaient été dessinés par l’ingénieur de Villeneuve, ce dernier, malgré ses talents incontestables de dessinateur et de théoricien, n’avait pas les qualités requises pour superviser la construction des ouvrages. Il fut alors remplacé par le futur sous-ingénieur du roi, Gédéon de Catalogne.

C’est ainsi que peu à peu, les capacités de Gédéon de Catalogne furent reconnues et on vint régulièrement lui demander de surveiller la construction de palissades, ou de fortifications diverses.

Un autre travail que l’on confia à Gédéon de Catalogne fut le relevé les plans des seigneuries de Québec, Montréal et Trois-Rivières. « Il a été obligé de visiter toutes les cotes du pays et même dans les temps les plus rudes et les plus difficiles ». Fin 1708, les plans de Québec et Trois-Rivières furent envoyés au ministre. En récompense, il acquit le titre de sous-ingénieur, et à compter de 1712, il fut nommé sous-ingénieur du Roi à Montréal.

Gédéon de Catalogne et les Abénaquis

En 1709, Gédéon de Catalogne dessine un plan d’un fort à Odanak. Il y aurait eu dès 1704, un premier fort, mais selon une note du Ministère des affaires Culturelles, le rapport de fouilles n’a pas permis de localiser le premier fort des Abénakis malgré la découverte d’artéfacts et de structures apparentées à une habitation.

Pourtant les Abenakis sont présents dès 1683, en effet un acte daté du 1er juillet 1683 émis par le Conseil Souverain se lit ainsi : « En conséquence des ordres du Roy, nous, sous le bon plaisir de Sa Majesté, avons aux dits pères de la Compagnie de Jésus, concédé et accordé l’espace de deux lieues de terre de front, sur pareille quantité de profondeur le long des deux bords de la dite rivière du Sault de la Chaudière vis-à-vis joignant et au-dessus de l’habitation du dit François Miville, avec les isles et les ilets qui se rencontreront sur la dite rivière ou autres, pour être par les dits pères distribués aux Abenakis qui viendront dans la mission. ».

Nos amis Abenakis d’Odanak croient que ces données scientifiques auront des répercussions positives directes sur la protection, les revendications et l’affirmation de leur territoire, le Ndakinna. (Le Projet Ndakinna est une vaste enquête visant à mieux connaître les activités traditionnelles pratiquées de nos jours par les Abenakis.)

Les descendants de Gédéon de Catalogne

Suivant les sources, Gédéon de Catalogne aurait eu de son mariage avec Marie-Anne Lemire, de dix à quinze enfants. La différence tient peut-être au fait que beaucoup d’enfants sont morts très jeunes et n’ont pas toujours été comptabilisés (?)

Il est intéressant de remarquer dans cette liste les relations qui existent entre les familles « importantes » du Québec ou d’Acadie. On retrouve ces relations dans les mariages, ou dans les choix des parrains ou marraines.

1° Jeanne-Philipe, née le 15 septembre 1691 et mariée en 1728 avec Guillaume de Poitiers. Ils ont une fille Louise-Charlotte-Marie de Poitiers du Buisson et un fils, René-Gédéon de Poitiers du Buisson. Il nait le 6 septembre 1730 à Montréal, (Île de Montréal). Il va se marier d’abord avec Marguerite d’ Ailleboust de Saint-Vilmé le 4 novembre 1757 à Port-Lajoie, sur l’Île Royale en Acadie. Puis il épouse Marie de Grange le 21 août 1766 en France. Enfin il épouse Marie-Jeanne Daccarette toujours en France à Rochefort, où il décède en 1786.

2° et 3° Marie-Anne et Madeleine (jumelles), nées le 12 avril 1693 et qui n’ont pas survécu.

4° Joseph né le 4 mai 1694 à Montréal. Joseph, « enseigne à pied » depuis 1730, parti de l’Île Royale en 1732 à destination du Canada, fit naufrage le 22 août au Port d’Orléans. Il mourut à Louisbourg le 10 octobre 1735, durant la guerre contre les anglais. Il est alors lieutenant de marine. Bien que militaire expérimenté, il se passionna pour la littérature et les sciences. Il fut élu à l’Académie des sciences de Paris. Marié avec Marie-Charlotte Renaut-Du-Buisson, ils ont un fils Louis-Charles.

5° Antoine né le 22 janvier 1696 à Montréal et décédé en 1697 à l’âge de 11 mois. Il a comme marraine Geneviève Margane de Lavalerie.

6° Marie-Louise née le 14 février 1698 et décédée à 25 ans, célibataire, le 5 avril 1723. Elle a comme parrain: Louis de La Chauvignerie et comme marraine: Marie Molin.

7° Jeanne-Elisabeth mariée à Montréal le 27 août 1728 avec Guillaume de Poitiers du Buisson de Pommeroy. Ce dernier fut tué par les indiens au Fort Frontenac en 1736. Ils eurent un fils, René Gédéon.

8° Marie-Geneviève née le 19 mars 1700 à Montréal et marié avec Louis d’Amours de Louvrières. Elle a comme parrain: Louis Tatouin de Latouche, commissaire ordinaire de la Marine et subdélégué de M. l’Intendant et comme marraine: Geneviève d’Amours. Ils eurent un fils.

9° Daniel-Pascal né le 25 mars 1701 et décédé à l’âge de 6 ans. Il a comme parrain, un béarnais, Daniel de Subercase, originaire d’Orthez, chevalier, capitaine d’un détachement de la marine.

10° Jean-Gédéon, né le 13 septembre 1702 et décédé quelques mois plus tard à Lachine. Il a pour parrain: Jean Lemire, oncle maternel et pour marraine: Anne de Rouvray, épouse de Laurent Renaud marchand.

11° Louis né le 27 juin 1704 à Montréal et décédé à l’âge de trois ans dans la même ville. Il a comme parrain Jacques Testard de Montigny, lieutenant d’un détachement de la marine.

12° Antoine-Gédéon né le 18 septembre 1706 et décédé à l’âge de deux ans. Son parrain est son frère Joseph et sa marraine sa sœur Jeanne.

13° Élisabeth, née le 22 août 1708. Elle a comme parrain : Jacques-Urbain Rocbert de La Morandière et comme marraine: Élisabeth Duverger. épouse d’un garde magasin du roi. Elle se marie le 21 novembre 1730 (?) à Louisbourg avec Michel de Gannes de Falaise. Ils auront une fille Marguerite-Elisabeth. Elle décède le 12 août 1750, toujours à Louisbourg.

14° Charlotte-Julie née le 31 mars 1712 à Montréal et mariée à 17 ans le 28 décembre 1735 avec Michel Gamelin-Gaucher. Elle décède à Lachine en 1791 à l’âge de 78 ans. Son parrain sera Pierre Pépin de Laforce et sa marraine sa sœur Jeanne. Ils ont un fils Michel, né le 5 juillet 1743 et marié avec Marie-Elizabeth Spagniolini.

15° Hortense, mariée avec de Landriève (?)

Parmi les petits enfants de Gédéon de Catalogne, certains se sont distingués dans les Antilles, comme on va le voir plus loin.

Louis-Charles-François de Gédéon de Catalogne est né à Louisbourg le 14 février 1734. Il est cadet à 13 ans, puis « cadet à l’aiguillette » à l’Ile Royale à 15 ans. Après avoir été enseigne, il devient lieutenant dans le régiment de Boishébert pendant la campagne de Louisbourg en 1758-1759. On le retrouve à Port au Prince en 1771 avec le grade de lieutenant, après avoir séjourné en France. En 1772, il est major, puis capitaine en 1775. Il décède le 22 octobre 1781 à Caye-Saint-Louis à Saint Domingue. Son corps repose dans l’église Saint Pierre de Saint Domingue. Il s’était marié le 19 février 1759 à Montréal avec Marie-Louise Guyon dite Després.

Il eut un fils Charles-Gédéon né à Montréal le 11 septembre 1764. Il fit ses études à l’école militaire de Paris. De brillants faits d’armes signalent sa présence à Sainte-Lucie. En 1790, il obtient le grade de capitaine, puis quelques temps après il est décoré de la Croix de Saint Louis. En 1793, il combat à la tête de royalistes les troupes de Rochambeau, lieutenant général des armées de la République et gouverneur de la Martinique. Il est Chevalier de la Légion d’Honneur, chevalier de l’Ordre de Saint- Lazare. Il décède à la Martinique le 9 aout 1854.

Enfin, un des arrières petits-fils de Gédéon de Catalogne né le 8 juillet 1824 exerça la profession de notaire à Saint-Pierre de la Martinique. « Par dépêche ministérielle du 17 mars 1853, la nomination de Gédéon Catalogne comme notaire à Saint-Pierre en remplacement de Jean-Baptiste Cazeneuve est approuvée »

Quelques années plus tard, une Ordonnance du Roi impose que la loi du 15 juillet 1829 soit exécutée dans les Etablissement français d’outre mer, Charles Gédéon de Catalogne est nommé Conseiller territorial.

Sources : Bibliothèque et Archives Nationales du Québec

Relation sur le Canada, 1682-1712

www.erudit.org

Centre d’étude du protestantisme béarnais

Etude d’une famille canadienne par l’Abbé C.Tanguay

Conseil de bande d’Odanak

Ci-dessous, l’acte de baptême de Gédéon de Catalogne

Jean Renault

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