un exemple…Nescambiouit
« Le parcours du chef Abénaquis Nescambiouit personnifie admirablement les hauts et les bas de l’alliance franco-abénaquise ». écrit Sylvie Savoie dans un article consacré à Nescambiouit.
Au milieu du XVIIIème siècle, le territoire des Abénaquis s’étendait dans les limites actuelles des Etats du Maine, du New-Hampshire et du Vermont.
Nescambiouit naît vers 1660, où est maintenant Fryeburg, dans le Maine. Il devient très rapidement un chef important parmi les Pégouakis. « Naskâmbiouit » veut dire » celui qui est si important et si haut placé par son mérite qu’on ne peut atteindre, par la pensée même, à sa grandeur » Il semble destiné à participer aux luttes des Abénaquis pour la conservation de leur terre. Les Abénaquis se tournent vers la colonie française pour trouver des appuis et des armes pour se défendre contre l’accaparement de leurs terres par les colons anglais.
Ces conflits avec les Anglais les obligeront à remonter vers le nord et à se réfugier le long du Saint Laurent, puis plus tard à Odanak et Wolinak.
Entre 1688 et 1710, son rôle de leader parmi les Abénaquis pendant les guerres frontalières contre les Anglais reste indéniable. Chef militaire craint des Anglais, Nescambiouit participe activement à plusieurs attaques depuis le Massachusetts jusqu’à Terre-Neuve où il se joint aux expéditions françaises. En novembre 1696, il rend de précieux services à d’Iberville et à Montigny lors de l’attaque contre le fort de Pémaquid. Ce fort est construit par les Anglais à l’est de la rivière Kennebec en territoire abénaqui. L’attaque conjointe des Abénaquis conduit par Jean Vincent d’Abadie, baron de Saint Castin et des vaisseaux français mène à la capitulation du fort.
Nescambiouit a une grande réputation parmi les Abénaquis. Les Anglais l’ont appelé « le diable sanglant » car « il a pris tout seul plus de 40 cuirs chevelus … parmi les Anglais.» ! On raconte qu’il fit merveille avec le sabre que Louis XIV lui avait remis lors de sa visite à Versaille en compagnie de Montigny.
En 1705, il était encore à terre-Neuve. Le gouverneur de Placentia (Plaisance aujourd’hui) Auger de Subercase s’attendait à être attaqué par les Anglais. Nescambiouit ira le secourir avec Jacques Testard de Montigny. Les Français et les Abénaquis continueront à ravager les postes anglais de Terre-Neuve.
Le même Testard de Montigny, à l’automne 1705, ira présenter au roi Louis XIV et à sa cour le chef abénaqui. Il y restera jusqu’au printemps 1706.
En 1707, les guerriers du Baron de Saint Castin secondent une deuxième fois Auger de Subercase dans la défense de Port Royal. Il semble, d’après un courrier de Monsieur de Vaudreuil au ministre, que Nescambiouit soit allé aussi secourir Subercase à Port Royal.
Après le traité d’Utrecht, les Abénaquis décident d’abandonner leurs hostilités et de négocier avec les Anglais.
La France, en avril 1713, accorde l’Acadie, Terre-Neuve … à l’Angleterre. En réalité, elle cède le territoire de ses alliés abénaquis !
La période comprise entre 1713 et 1744, qualifiée de trêve entre les puissances européennes n’en est pas une pour les Abénaquis. La tension monte et annonce d’autres conflits anglo-abénaquis (1721-1727), qui donneront lieu à une nouvelle période de migration, notamment vers Odanak et Wolinak.
Quelques années plus tard, Nescambiouit, déçu par ses alliés français se rend compte que le seul espoir des Abénaquis réside dans une alliance entre autochtone. Il s’ensuivra toute une période ou Nescambiouit semble rejoindre alliance autochtone visant à arrêter la progression de la colonie européenne. Le gouverneur Vaudreuil l’accueille très froidement lorsqu’il vient en délégation. Mais Montigny rassurera les autorités coloniales de la fidélité du chef abénaquis.
Il s’éteindra en 1727, après une carrière remarquable comme chef militaire, négociateur et porte-parole des Abénaquis.
© Jean Renault Tous droits réservés.
Copyright © 2010 OSSAU-KATAHDIN.