JEAN BAPTISTE LOYARD
Prêtre, jésuite, missionnaire
Jean-Baptiste Loyard est né à Pau le 18 Octobre 1678. D’après le Père de Rochemonteix, « il entre au noviciat de Bordeaux le 31 août 1693. Après son noviciat, il étudia deux ans la philosophie à Pau (1695-1697). Il va enseigner à la Rochelle, puis après quatre années de théologie à Toulouse (1702-1706) et sa troisième année de probation(1706-1707), il s’embarque pour Québec » et débarque en Nouvelle France. Jean-Baptiste Loyard avait un frère Guillaume, également jésuite, né à Pau le 16 août 1683 et décédé après 1719. Ce dernier sera également missionnaire chez les Malécites.
Le château de Pau, dessin de N.R.K.
Il faut rappeler qu’Henri IV, avait comme François Ier, mais avec moins d’insistance, accordé des privilèges pour les navigateurs voulant s’installer en Nouvelle France, sous conditions de « l’exaltation du nom chrétien », même si Henri IV n’avait pas voulu exclure les protestants.
A cette époque, il y a trois villages Abénaquis en Acadie, Nanrantzoak sur la rivière Canibekki, Panavaniské sur la rivière de Pentagouet et Medoktek, le principal village amérindien sur la rivière Saint Jean. Le Père Loyard arrive comme missionnaire à Medoktek (aujourd’hui Meductic, aujourd’hui dans le Comté de York, du coté droit de la rivière, bordant le Comté de Carleton.). Il succède au Père Aubery. Il sera missionnaire chez les abénaquis comme beaucoup d’autres jésuites : Julian Binnetau, Joseph Aubery, Peter de la Chasse, Stephen Lauverjats ou Seébastian Rasle. L’attachement des Abénaquis à la religion chrétienne remonte au premier voyage que fit le Père Druillettes dans leur pays. Lorsqu’il arrive, l’église n’était qu’une simple cabane d’écorce, comme les tentes des Abénaquis. Les Français aident matériellement les Abénaquis pour les maintenir dans leur sphère d’influence. Ils aident les missionnaires pour la construction de chapelles. En 1717, il commence à construire une église plus importante pour les amérindiens. En 1715, il écrit à l’intendant Bégon, « qu’il y allait du bien même de l’Etat de pourvoir d’une belle église les loyaux sujets de Medoktek ». Ce dernier écrit alors au ministre lettre du 25 septembre 1715) « je croy que si ces sauvages avaient une église bien bastie, ce serait une forte raison pour les attacher au village, où il parait convenable qu’ils restent » C’est aussi un moyen de repousser la création d’établissements anglais sur la rivière Saint Jean. Sa demande fut acceptée. En 1718, Rigaud de Vaudreuil lui permit de concéder des terres à tous les acadiens qui désiraient s’établir sur les bords de la rivière St Jean.
On a retrouvé en juin 1890, sur le site de l’église, une pierre datant de 1717, et découverte en 1890, portant entre autre l’inscription en latin :
Deo
Opt.Max.
In honor.D.JAO.Bb
Hoc Tem. Pos.An : Do.
MDCC XVII
Malecitae
M.pJoA.Loyard sco.Jes
Saerdote
« Pour Dieu, en l’honneur de Saint Jean-Baptiste, les Maliseets ont construit cette église en 1717, avec Jean Loyard, prêtre de la Société de Jésus.. »), attestant que les Abénaquis avaient érigé cette église avec le Père Loyard qui « sçut construire une belle église, l’orner proprement et la fournir abondamment de vases sacrés et de parements assez riches ». Il semble que cette église fut la première construite en pierre au Nouveau-Brunswick. L’église s’appellera Saint Jean-Baptiste, comme lui. Le Roi Louis XV va même offrir une cloche pour cette église.
Plus tard, en 1767, le père Bailly, arrivé sur place écrira, après avoir enterré le dernier amérindien survivant et fermé la chapelle : «Il y a une cloche ici de belle dimension que j’ai envoyé avec le reste du matériel à Ekpahoc » Pendant la révolution américaine, les amérindiens d’Ekpahoc s’enfuirent vers le nord dans le Comté de Restigouche. Ils emportèrent avec eux la cloche de leur chapelle. Cette cloche, sur laquelle se trouve trois fleurs de lys se trouverait à Fredericton.
Au printemps 1696, ces Abénaquis accompagnèrent Pierre Le Moyne d’Iberville et Jean-Vincent d’Abbadie, Baron de Saint Castin, pour prendre le fort Anglais de Pemaquid.
En avril 1715, deux émissaires anglais Buton et Capon se rendent à la mission du Père Loyard pour que les abénaquis prêtent serment de fidélité au roi d’Angleterre Georges Ier. A ces propositions, les abénaquis refusèrent de répondre.
Durant 24 ans, le Père Loyard restera à son poste, sauf en 1722, quand envoyé à la cour en France par le gouverneur de Vaudreuil, il viendra défendre et demander de l’aide pour sa mission. Le Père Loyard est surtout connu pour son mémoire sur les Abénaquis, fidèles alliés des français et dont le Baron de Saint Castin fut un des chefs. Selon le traité d’Utrecht, la France cédait l’Acadie à l’Angleterre. C’était une perte sur le plan stratégique, car l’Acadie représentait une zone de protection entre la Nouvelle France et la Nouvelle Angleterre.
Il écrivit : « De tous les sauvages de la Nouvelle France ceux qui ont rendu et qui sont en état de rendre plus de services c’est les Abénaquis.(…) Cette nation est composée de cinq villages (…) Trois de ces villages ont une route différente pour aller en peu de jours à Québec chacun par sa rivière. C’est ce qui rend leur situation si importante par rapport au Canada dont ils sont les plus fortes barrières. Voilà ce qui doit faire attention à la Cour pour empêcher que les Anglois ne profitent de la guerre qu’ils ont avec les Sauvages et ne détruisent ces villages(…) »
Facsimilé du texte de Jean-Baptiste Loyard
Archives de St-Mary Collège – Montréal
Le mémoire du père Loyard proposait la tactique à suivre par la France pour s’opposer à la perte des territoires en Acadie. Malheureusement, la Cour crut prudent de ne pas prendre de décision.
« Le père Loyard mourut parmi ses indiens à Médoctec dans la nuit du 24 au 25 juin 1731 » écrit Léon Poulot. Il fut le dernier missionnaire jésuite chez la nation abénaquise, nation qui resta toujours fidèle à la France, sans recevoir en retour, la protection promise contre la Nouvelle-Angleterre.
Sources:
Dictionnaire biographique du Canada: The story of the acadians bells
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