Né en 1505, c’est le trisaïeul de Jean-Vincent d’Abbadie, baron de Saint Castin. Il est Seigneur de la Bastide-Villefranche, de Saint Dos, et de Gerderest.
Le 7 février 1558, il obtient une commission d’Antoine de Bourbon, roi de Navarre.
Le 1er novembre 1562, il est lieutenant (sous Monseigneur de Sipierre, chevalier de l’Ordre) d’une compagnie de 30 lances fournies par les Ordonnances du Roi.
Le 30 aout 1564, il est lieutenant d’une compagnie de 50 lances.
Le 10 septembre 1565, il combat pour la foi catholique après avoir été nommé gentilhomme de la Chambre de Roi de France, Charles IX.
La situation historique :
Cette période est celle de la « conquête du Béarn » par le roi de France. Charles IX n’accepte pas l’obstination de Jeanne d’Albret à proscrire le catholicisme en Béarn. En effet le Roi Charles IX écrit au seigneur de Luxe (au XVIIIe siècle, Luxe dépend du royaume de Navarre, cette commune est alors une souveraineté qui appartient aux Montmorency, Luxe a été uni au village de Sumbarraute le 25 Juin 1842), pour lui « d’entrer en Béarn à main armée ». Quelques années auparavant , fin 1567, Charles de Luxe avait réuni à Saint Palais tous les chefs catholiques basques. Charles IX écrit également au parlement de Toulouse : « Comme la Reine de Navarre, notre tante, et le prince son fils, notre frère, ont joint les rebelles, qu’ils l’ont fait sans doute contre leur gré et par violence, et qu’ils sont pour ainsi captifs au milieu d’eux, nous avons résolu de défendre leurs possessions contre les entreprises d’aucuns pour les conserver à la reine, en conséquence, saisir et emparer, non seulement de ce qu’elle tient en notre édition, mais aussi des autres pays qu’elle tient en souveraineté » Le parlement de Bordeaux reçoit la même mission. Le 4 mars 1569, le Duc d’Anjou nomme Antoine de Lomagne, seigneur de Terride, « lieutenant général, chef et conducteur de l’armée de sa Majesté, pour la protection et la sauvegarde du pais de Béarn »
De son coté, la reine de Navarre nomme le Baron d’Arros lieutenant-général du Béarn et commandant des troupes.
Portrait gravé de Jeanne d’Albret,
reine de Navarre, Château de Pau
Premier épisode: La bataille d’Oloron
La ville d’Oloron ne peut rester neutre alors que le reste du Béarn s’agite. Dès le début des troubles, le seigneur d’Esguarrabaque, Jacques de Sainte Colomme, (on écrit également Esgoarrabaque ) vient prendre possession de la ville.
Navarrenx semblant être la seule place capable de soutenir un siège, le Baron d’Arros, huguenot, s’y réfugie car la guerre s’étend en Béarn. S’étant enfermé dans ce puissant réduit construit par Henry d’Albret, il est rejoint par Antoine de Grammont. Tous deux veulent contrôler la ville d’Oloron dont le gouverneur est le catholique Jacques de Sainte Colomme, seigneur d’Esguarrabaque.
Monsieur de Grammont conseille alors de faire venir Esguarrabaque à Navarrenx, car il pense que le « parentage et ancienne amitié qui estoit entre eux, Esgoarrabaque faisoit tout ce que d’Arros voudroit »Le temps presse, car les Navarrais, conduits par le Capitaine Guilhem et le seigneur d’Armendaritz, entrent en Béarn par Baretous. Ils font étape à Arette, reçus par le capitaine Bonasse, qui leur fait « la meilleur chère » du monde. Ils font aussi une incursion dans la vallée d’Aspe, saccageant au retour comme à l’aller,« beaucoup de maisons de ceux de la religion ».D’Arros envoie Palu, valet de chambre de Jeanne d’Albret pour demander à Esguarrabaque de venir à Navarrenx. Il arrive le 27 mars. Le lieutenant-général d’Arros lui signifie alors « la juste occasion qu’il avait de se deffier de ses enfants, auxquels il se laissait totalement gouverner, et leur avoit permis de faire plusieurs choses qui estoient contraire au service de la reine et au repos du pais… ».
Fortification de Navarrenx
Faisant appel au loyalisme d’Esguarrabaque et de ses lieutenants et à la confiance que les calvinistes d’Oloron ont mis en leur gouverneur, d’Arros déclare son intention d’envoyer 2 ou 3 compagnies « tant pour garder la ville que pour donner retraite à tant de misérables familles qui s’en alloient exposées à l’insolence, avarice et lubricité de la populasse ». Il offre à Jacques de Sainte Colomme de partager sa charge et les émoluments qui y sont associés, ce qui implique que son interlocuteur vienne demeurer à Navarrenx. Esgoarrabaque refuse tout net et il est mis en état d’arrestation.
Le soir même, d’Arros se présentait devant Oloron, escorté seulement de 50 arquebusiers à cheval. A leur arrivée, la porte de l’enceinte avancée est ouverte par un nommé Courtoysie, ce qui leur permet d’entrer facilement. Mais France ne voit pas le gouverneur et va prévenir ceux du « bourg dessus ». D’Arros est accueilli au pied des murailles du bourg à la fois par les injures de Madame d’Esgoarrabaque et par une grêle de balles. Ceux du faux- bourg du « Marquadet » dressent alors une barricade au bout du pont pour « l’enclore entre la ville haute et eux ». « Le marcardet, en tant que place et faubourg date du XVe siècle, mais son origine peut être supposée du XIIe siècle après la construction d’un pont en aval du gué sur le gave d’Ossau ». C’est sur ce pont que la barricade est dressée. Après avoir perdu 18 des siens, le baron d’Arros est contraint de se replier sur Navarrenx.
A Saint Pé, l’autre faux-bourg d’Oloron, les seigneurs La Motte et Lurbe arrivent au secours d’Arros. C’est trop tard.
Le tocsin résonne la nuit dans les villages alentours. Les gens affluent en armes de Baretous, d’Aspe et de Josbaig pour se joindre à la garnison d’Oloron. A l’aube, le capitaine Bonasse, le sieur de Laas, les fils d’Esgoarrabaque entrent dans Oloron. Bientôt, Charles de Luxe, les capitaines Guilhem et Artieda arrivent à Oloron avec plus de 500 basques.
Esgoarrabaque est alors remis en liberté « sous jurement qu’il donnerait licence de sortir aux ministres et à tous autres de la religion réformée qui estoient à Oloron » Ce qu’il ne fera pas…
Les combats se déplacent ensuite vers Pontacq, Nay…..
Durant, ce qui fut une guerre de religion, en aout 1569, les soldats de Bonasse arrivèrent au château d’Aberes (Asson). La veille, Bernard d’Aberes avait reçu dans son château le capitaine protestant Mongommery. C’était un vieillard de 90 ans, zélé catholique, mais fidèle à la reine Jeanne. Il fut assassiné et sa fille violée et jettée au gave…
Deuxième épisode : Nay
Après Oloron, Bonasse arrive à Nay. C’est la ville de son beau-père, Pedro Sacaze, aragonais de souche aragonaise, il s’est enrichi en faisant le commerce de la laine et du pastel. Il constitua l’une des plus grandes fortunes du Béarn en créant des teintureries qui employaient un grand nombre d’ouvriers. Il devint consul de la ville de Nay et habitait la maison Carrée. Il possédait des biens considérables à Saragosse.
A Nay, Bonasse promit de rester avec les habitants et de mieux garder la ville que celle d’Orthez. Il fit empoisonner quelques pièces de vin qui «estaient aux faux-bourg avec des crapauds qu’il fit mettre dedans…» Vers 8 h du matin, ayant fait rassembler les habitants sur la place, il leur annonça «que la Reine avait commandé à ceux du secours de couper les mamelles à toutes les femmes de la religion romaine et de massacrer les hommes et de deschirer en pièces les enfants…» Il leur proposa de quitter la ville, mais qu’il les ramènerait et les «remettroit en leur maison» Durant ce temps, Bonasse fit charger dix chars de tous ses pillages. Bonasse parti si vite que «ils deslogèrent en tel effroy que plusieurs» laissèrent «le potage et la viande sur la table»
Quelque temps plus tard, toutes les places furent réduites à l’obéissance de la reine. Estomaquerai s’était enfui en Espagne. Sainte Colomme, Gerderest… furent tués de sang froid à Navarrenx. Bonasse qui s’était réfugié dans le Lavedan, pensa se retirer en Aspe ou en Basse-Navarre. C’est ce qu’il avait déjà fait en se réfugiant dans les montagnes voisines d’Aragon. Il en fut empêché dans la vallée d’Ossau, chassé par les régiments d’Arros jusqu’à Lescun. Les villages de Sarrance, Accous, Osse….furent brûles. Le capitaine Espalungue brûla Urdos. La vierge de Sarrance fut peut-être cachée et mise à l’abri ? Les espagnols prétendirent que «Notre Dame de Sarrance fut portée par les anges dans le quartier des Cinco Villas et que c’est celle que les Aragonais honorent sous le nom de Nuestra Denora de Sancto Abarca à Taoste». (Tauste, dans la province de Zaragoza, la vierge se vénère depuis le 7 avril 1569!)
Durant ce temps, Luxe pensait revenir à Oloron et il écrivit secrètement aux jurats de la vallée de Baretous et à ceux de Sainte Marie. Pour assurer son premier logis, il envoya quelques arquebusiers prendre la tour de Moumour, appartenant à l’évêque d’Oloron. Mais Loubié, gouverneur d’Oloron les renvoya aussi vite qu’ils étaient venus et la tour fut aussitôt reprise.
Troisième épisode : Tarbes
Les huguenots, quoique peu nombreux en Bigorre, y faisaient de grands ravages. Ceux de Béarn venaient piller les vallées voisines.
Au début de l’année 1570, le vicomte de Montamat, que Montgomery avait laissé en Béarn, ayant appris que les catholiques se relevaient en Bigorre, se résolut de les chasser de nouveau de Tarbes. Il se présenta devant Tarbes le 20 janvier 1570 et somma les habitants de se rendre. Le capitaine Forgues (Horgues ?) ayant rempli d’eau les fossés, refusa de parlementer.
Monsieur de Montamat entra dans les bourgs de la Sede et de Carrere-Longue, sans y trouver aucune résistance, et crut passer librement dans le reste de la ville. Arrivé près de Maubourguet, il se vit arrêté par un grand fleuve d’eau qui regorgeait des fossés, et que les portes sont fermées. Il se logea rue Carrère-Longue. Montcorneil et de Basian vont alors reconnaître le bourg-vieux, mais ils sont découverts et salués par des « arquebusades ». A l’intérieur, Imbert et Guonet (serrurier) ne tiraient qu’à coup sur…et tuèrent un grand nombre d’assiégeants. Alors, quelques personnes sont allés vers les sources pour tarir l’eau des fossés et en vinrent à bout avant minuit. Monsieur de Basian fait alors appeler le capitaine Forgues. Il le pria de se rendre. Forgues répliqua qu’il donnerait sa réponse le lendemain. Mais ils n’étaient que 50 hommes pour se défendre et le capitaine conseilla à ses hommes de se sauver durant la nuit. Les ennemis sapèrent la porte près de l’horloge et entrèrent. Ils firent prisonniers le capitaine Forgues et sa femme, Balestrade qui est syndic du pays de Bigorre… qui furent « mis à la rançon »
Quand Monsieur de Montamat eut permis le pillage de la ville à ses gens et qu’ils « eust prins » la rançon des «dits sieurs juge et syndic», et les congédia et renvoya le capitaine Forgues dans sa maison. Il se retira alors de Tarbes avec ses troupes.
Les tarbais restèrent dispersés dans les villes et villages que tenaient encore les catholiques. Mais comme le Duc d’Anjou, frère de Charles IX, avait promis d’envoyer des secours, ils résolurent de revenir dans la ville. François de Bonasse avait 800 hommes sous ses ordres répartis en 7 compagnies dans le château de Lourdes. Cédant aux prières des tarbais, et bien content de qquitter Lourdes, il alla s’établir avec eux dans la ville au mois d’avril et leur promit de mourir avec tous les siens pour leur défense.
Les barons d’Arros et de Montamat marchèrent aussitôt contre eux et assiégèrent de nouveau Tarbes. Il commencèrent le siège en attendant de faire venir quelques pièces de canon de Navarrenx. Bonasse n’avait que 800 hommes et mis le feu au Maubourguet et au bourg Crabé pour empêcher l’avance de ses ennemis et se retrancha dans les bourg vieux et neuf. De Montamat lança ses batteries contre les murailles du bourg vieux. En deux jours, il avait fait une brèche suffisante pour lancer un assaut. Il exhorta ses gens à combattre contre « des proscrits et fuyarts» qui venaient d’être battus au siège de Navarrenx.
Bonasse d’autre part, représentait aux siens qu’il n’avait «d’autre remède que de bien se défendre : qu’il serait plus raisonnable de mourir en soutenant l’assaut, que de tomber vivant à la discrétion de leurs ennemis» Après un premier assaut, les assaillants sont repoussés. Mais Montamat recommence l’attaque, et donne un second assaut le même jour. Les assiégés ont soutenu le choc mais beaucoup de soldats de Bonasse vont être tués. Bonasse juge alors qu’il va être difficile de soutenir d’autres assauts. Il consulte Poudens, Guarrebaque et d’autres capitaines présents. Il fut décidé qu’ils sortiraient la nuit suivante par la porte de Nolibos (au sud, extrémité de la rue de la mairie qui débouche sur celle des Grands Fossés) pour se sauver vers la ville de Lourdes. Pendant ce temps, un lieutenant trahissait Bonasse et négociait avec les protestants qui s’introduisaient par le nord (bourg-neuf). Ce lieutenant alla voir Bonasse lui faisant reproche d’abandonner la ville après avoir bravé l’ennemie. Bonasse, piqué au vif, se laissa persuader. Lors de l’attaque de Montamat, les gens de Bonasse se voient attaqués par derrière, et ils n’eurent aucun moyen de se défendre.
Bonasse mourut en combattant. «Guarrabaque» fut tué d’un coup d’arquebuse. Après ces combats, il ne resta que quelques prisonniers qui furent massacrés de sang-froid. On en trouva plus de 2000. Les femmes et les hommes des villages enterrent les morts dans les fossés et les puits durant 8 jours. Ceci fut fait au environ de Pâques 1570. Pendant trois ans, la ville de Tarbes demeura sans habitant.
Montamat, qui par alliance avait un château dans le comté de foix, transforma ce château en repaire de brigands et déjà, en 1567, répandait la terreur dans tout le Haut Comminges.
La famille:
Le Capitaine Bonasse est marié avec Marie de Sacaze. Son fils Henri de Béarn s’est marié avec Jeanne de Belsunce, et ils eurent de nombreux enfants. L’ainé, Jacques Ier de Béarn-Bonasse se maria avec Magdeleine de Laas. De cette union, naquirent trois enfants. l’ainé, Jacques II de Béarn-Bonasse qui devint Abbé Laïque d’Arette et et la plus jeune, Isabeau de Béarn-Bonasse, la mère de Jean-Vincent d’Abbadie. Le plus jeune fils d’Henri de Béarn, Jean eut une fille qui se maria avec Henri d’Aramits. Donc Jean-Vincent d’Abbadie, baron de Saint-Castin et chef amérindien est donc l’arrière-cousin du mousquetaire Henri d’Aramits, l’un des trois mousquetaires d’Alexandre Dumas !
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