L’ancêtre fondateur de la lignée des Dorionne en Amérique s’appelait Pierre Dorion. Dans les inventaires généalogiques québécois on nous indique qu’il était originaire du diocèse de Bayonne. Il était effectivement originaire de Salies-de-Béarn, en Pyrénées-Atlantique où il était né le 28 juillet 1658. On ignore la date exacte de son arrivée en Nouvelle-France, mais ce fut avant 1688, année de son mariage avec Jeanne-Andrée Hédouin, native d’Orsainville, près de Charlesbourg.
La référence au diocèse n’a cependant pas vraiment sa place dans le propos puisqu’il n’était pas catholique mais huguenot. Fils de Jacob D’orion et de Jeanne de Caupenne, Pierre D’orion avait été baptisé le jour même de sa naissance au temple calviniste, comme le confirme le Registre des naissances protestantes de Salies-de-Béarn. À son arrivée en Nouvelle-France il parlait fort probablement le béarnais, un dialecte de la langue d’oc, qui était la langue parlée et écrite en usage dans le Béarn.
Source: Office de tourisme de Salies-de-Béarn
Le nom de lieu D’orion. Il semble selon les ouvrages consacrés au sujet que chaque nom de famille réfère généralement à un lieu, à un objet, à une profession, à une couleur, etc. et ce, dans toutes les sociétés. Le nom de famille Dorion signifie : originaire d’Orion, qui est une commune des Basses-Pyrénées, dans le canton de Sauveterre, arrondissement d’Orthez. Ce nom est surtout porté dans la Somme et en Vendée. On pense qu’avant de désigner un lieu, il référait au nom d’un cours d’eau, mais on ignore lequel. Comme je l’avais mentionné pour la généalogie des Bédard, plusieurs huguenots étaient des juifs convertis qui avaient préféré devenir protestants plutôt que catholiques. Souvent, les juifs portaient des noms de ville, le nom de la ville ou du hameau où ils avaient été autorisés par les seigneurs du coin à habiter. C’est peut-être le cas avec le patronyme D’Orion. Mes recherches dans les sites généalogiques consacrés aux familles juives n’ont rien révélé à ce chapitre.
Une appartenance huguenote confirmée. L’appartenance huguenote de Pierre Dorionne ou Dorion ne fait aucun doute. Elle est d’ailleurs confirmée dans l’ouvrage québécois publié sous la direction de Marcel Fournier, intitulé Les origines familiales des pionniers du Québec ancien (1621-1865). On indique que 321 huguenots se seraient établis au Canada du début de la colonie jusqu’à 1763, que la plupart ne mentionnèrent pas leur appartenance religieuse et choisirent de se marier ici selon le rite catholique. On cite même le cas de Pierre Dorion comme un cas d’espèce: « Pierre Dorion, baptisé le 28 juillet 1658 au temple de Salies-de-Béarn dans les Pyrénées Atlantiques, n’a pas fait mention de son appartenance religieuse à son mariage en 1688 » , Marcel Fournier, Les origines familiales des pionniers du Québec ancien (1621-1865), Québec, Fédération québécoise des sociétés de généalogie et Paris, Fédération française de généalogie, 2001, 276 pages p.19).
Les persécutions contre les protestants du Béarn. Le Béarn avait été un haut-lieu du protestantisme. L’édit de Nantes, signé en 1598 par Henri IV, avait conféré aux protestants des droits ainsi que la liberté de culte. On estime que dans les années 1617 ils formaient les trois-quarts de la population d’Orthez et de Salies-de-Béarn. Mais progressivement, à partir de 1661, de plus en plus de restrictions allaient leur être imposées. Elles allaient culminer dans les années 1676 avec des persécutions visant à les exclure systématiquement des charges civiles et publiques, à les forcer à se convertir contre leur gré au catholicisme et à les exterminer physiquement si nécessaire. L’édit de Nantes sera finalement révoqué en 1685, confirmant la mise à l’index du protestantisme.
200 000 protestants quitteront la France, à destination de la Hollande, de l’Angleterre et de ses colonies, de la Suisse et des États allemands. Un article fort bien documenté, signé Philippe Chareyre et intitulé « Le Béarn, terre d’expérimentation de la Révocation », permet de prendre la juste mesure de l’ampleur et du caractère systématique de la répression contre les protestants. Le texte est accessible sur le WEB en cliquant ici.
Ce texte publié avec son autorisation, provient de l’excellent site consacré à la famille Dorion d’Edith Bédard, consultable ici.
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